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Quand l’arbre russe cache la forêt israélienne ! (Par Fadel Dia)

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« Il n’y a pas de Palestinien car il n’y a pas de peuple palestinien ! »

Ces propos incendiaires et volontairement provocateurs ont été prononcés il y a quelques jours par un ministre israélien. Cela se passait à Paris, à quelques pas de l’Elysée, et pour que tout soit clair, leur auteur a tenu à préciser qu’il s’adressait prioritairement aux présidents français et américain. Cet auteur c’est Bezalel Smotrich, un des membres les plus en vue et des plus remuants du gouvernement Netanyahu, le plus réactionnaire qu’ait connu Israël, et il est, outre ministre des finances, chargé de l’administration des colonies de Cisjordanie occupée. Ses propos ne sont pas une bourde provoquée par une saute d’humeur, ils traduisent les convictions d’un homme fondamentalement raciste, d’un arabophobe psychopathique qui avait regretté que les soldats israéliens n’aient pas tiré sur les rotules de Ahed Tamimi, la gamine de 17 ans qui avait giflé un soldat israélien, pour qu’elle soit infirme le reste de sa vie, qui milite pour la ségrégation dans les hôpitaux afin que les parturientes arabes ne soient pas admises dans les mêmes maternités que les parturientes juives.

C’est un suprémaciste juif acharné et un ultracolonialiste qui considère que l’état d’Israël doit absorber non seulement toute la Palestine mais également la Jordanie et une partie de la Syrie. C’est un homme qui s’est déclaré « fasciste homophobe », ce qui en toute logique aurait dû le mettre au ban des sociétés occidentales. Pourtant il a été reçu, quand il n’était encore que député, à l’Assemblée nationale française, alors que pour avoir juste refusé de s’associer à une publicité LGBT, le footballeur sénégalais Gana Guèye avait été sanctionné par son club et voué aux gémonies.

Mais ce deux poids deux mesures ne doit pas nous étonner car, aux yeux des Occidentaux, l’état d’Israël et ses dirigeants peuvent se permettre toutes les outrances et tous les outrages ! Le gouvernement Netanyahou a donc profité du chaos qui règne aux frontières de l’Ukraine et qui concentre toute leur attention pour parachever l’œuvre de destruction du peuple palestinien …

Bien sûr « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine est plus qu’un simple arbre, mais elle, au moins, a un nom. C’est une guerre, une vraie qui oppose deux armées et comme toute guerre elle est bête, elle est cruelle et elle tue. Que ses victimes ne soient pas que des soldats ne doit pas nous étonner puisque ce qu’on pourrait appeler « l’opération militaire spéciale américaine en Irak » avait fait entre 100.000 et un million de morts parmi la population civile, sans qu’aucune enquête internationale n’ait été menée pour savoir si les Etats-Unis avaient commis des crimes de guerre et sans qu’aucun tribunal n’ait mis à l’index celui qui l’avait décidée et conduite, contre la volonté du reste du monde…

Ce qui se passe en Palestine en revanche n’a pas de nom. Ce n’est pas une guerre puisqu’elle n’oppose pas deux forces militaires, c’est au contraire une seule armée, toute puissante et sans état d’âme, qui attaque et massacre des populations civiles, avec souvent le concours de supplétifs civils : les colons israéliens. Depuis un an, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la répression menée par l’armée israélienne dans les territoires occupés est massive, elle vise le moindre hameau et a fait des dizaines de morts dans l’indifférence générale. On pourrait dire, en paraphrasant Jacques Chirac, que la Palestine s’enfonce dans une crise humanitaire tandis que le monde a les yeux braqués sur l’Ukraine !

Bezalel Smotrich aurait été plus près de la vérité s’il avait affirmé « qu’il n’y aura bientôt plus de Palestiniens », puisque ce qu’il propose aux Arabes de Cisjordanie c’est de faire leurs bagages, de quitter la terre de leurs ancêtres, ou de vivre dans un Grand Israël en renonçant à tous leurs droits. Pendant que le président Zelensky occupe les médias, que les pays occidentaux font de la surenchère pour savoir qui lui a apporté le plus de soutien, en argent et en armes, Israël se livre à son jeu favori : semer la terreur physique et psychologique dans les territoires occupés.

Une ville arabe, Huwara, a été littéralement saccagée par des centaines de colons israéliens, qui ont brulé maisons et voitures, avec une telle violence que des organisations de défense des droits de l’homme ont comparé l’opération à un « pogrom ». Loin de condamner les vandales, le ministre chargé des colonies a regretté qu’ils n’aient pas « rasé » la cité !

Un camp de réfugiés, à Jenine, a subi un raid de l’armée israélienne qui a fait quatre morts dont un adolescent. Une mosquée, et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de celle d’Al Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam, a été profanée par des soldats qui ont foulé ses tapis avec leurs bottes, matraqué des fidèles en prière, lancé des bombes, expulsé manu militari des hommes et des femmes et procédé à l’arrestation de plusieurs centaines de personnes. Et encore on n’a que les images diffusées par Israël, qui est probablement le seul pays au monde à pouvoir se permettre de violer aussi brutalement un lieu de prières. Les populations arabes n’en ont pas fini car tous ces actes servent de rampes de lancement à des opérations de plus grande envergure qui visent la bande de Gaza et le sud du Liban…

Bref, le nouveau gouvernement Netanyahou est bien « incompatible avec la poursuite de la normalisation israélo-arabe ». Pourtant, plus que la violence institutionnalisée qu’il a installée en Palestine, c’est d’abord sa tentative de réduire les pouvoirs de la Cour Suprême israélienne, qui n’a jamais brillé dans la défense de la minorité arabe, au risque de provoquer une guerre civile dans son pays, qui exaspère le plus les Occidentaux. Le Département d’Etat américain a rappelé à l’ordre  le gouvernement israélien  lorsqu’il a fait voter ,en pleine nuit et par 35 députés sur 120 élus, un amendement qui lève l’interdiction faite à Israël d’accéder aux zones évacuées de Cisjordanie, ce qui constitue une démarche assez exceptionnelle pour être notée, mais elle est sans commune mesure avec  celles provoquées par l’intervention russe en Ukraine ,et une irruption des troupes de Bachar el Assad dans une cathédrale  d’Alep aurait, pour le moins, provoqué une crise diplomatique ! Le paradoxe c’est que les pays du Sud, les pays arabes en premier mais aussi les pays africains, ont des réactions encore plus timorées. C’est un révélateur de la faiblesse de notre diplomatie :les pays du Nord, leurs gouvernements, leurs parlements et leurs organisations humanitaires, n’hésitent jamais à  nous condamner chaque fois que nous nous écartons des normes qu’ils ont établies en matière de respect des droits, mais l’Union Africaine se garde bien de faire des remontrances quand Donald Trump sépare les enfants des immigrés de leurs parents, quand la Pologne refuse l’entrée de son territoire aux immigrés  africains fuyant l’Ukraine, quand l’Italie ferme ses ports aux naufragés venus d’Afrique, et bien sûr quand Israël transforme la Palestine en enfer !

2 Commentaires

  1. Nous autres africains sommes sensibles aux atrocités subis par autrui et sommes indiffèrent à nos propres mots. Combien de fois des gens ont profané des lieux de cultes africains sous des prétextes plus que criminel.

    Les africains doivent commencer à se poser les bonnes questions. Aussi longtemps que nous vivons dans le reniment de soit nous ne verrons jamais le bout du tunnel.

  2. Belle et pertinente analyse. Il est vrai que depuis quelques années le problème palestinien est relégué au second plan de l’actualité. Félicitations Pr DIA.

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