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Quand le racisme est bien sénégalais Par Lamine Niang

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«Pour que le Sénégal ait une première dame 100% sénégalaise en 2012», tel est le message reçu dans mon courriel et m’invitant à rejoindre un nouveau groupe dans le réseau social facebook.  Si ce message anodin et vétilleux à certains égards   peut recueillir l’adhésion de quelques personnes, il en dit long également sur les pulsions irrésistibles de xénophobie et d’ostracisme enfouies dans l’inconscient de beaucoup de Sénégalais. En parcourant les forums de discussions sur la Toile, il n’est pas rare de voir des internautes étaler toute leur haine et leur désinvolture à l’endroit de certaines communautés ethniques ou classes sociales  en s’appuyant principalement sur des stéréotypes et autres préjugés répandus dans la société. Un  tel est «gueweul ou  gneegno», donc ne mérite pas de nous diriger; le comportement versatile de Monsieur x s’explique par son appartenance ethnique, etc.


Ainsi, si la magie de l’internet permet à un grand nombre de personnes d’être en phase avec l’évolution technologique du monde et d’en tirer tous les avantages, pour d’autres le clavier est un exutoire qui donne l’occasion de déverser sur leurs semblables, et dans l’anonymat le plus complet, les frustrations les plus immondes. Une réalité qui contraste toutefois avec les discours flatteurs entendus ça et là et mettant l’accent sur notre ouverture d’esprit et l’hospitalité légendaire des Sénégalais.

Très souvent, lorsque des insultes ethniques ne sont pas débitées pour disqualifier un leader politique, on se met à douter de la citoyenneté sénégalaise du candidat un peu trop ambitieux si la clarté prononcée de la peau nous est inhabituelle.  Karim Wade est l’exemple le plus éloquent de ce deuxième état de fait. Et si une grande partie des idées brandies par ses détracteurs tient la route – refus d’une dévolution monarchique,  concentration excessive de pouvoirs entre ses mains, faveurs substantielles basées uniquement sur son patronyme et non sur ses réelles compétences, utilisation des moyens de l’État à des fins personnelles… – il faut néanmoins avouer que  l’argument sur sa citoyenneté sénégalaise douteuse reste assez boiteuse et heurte même la conscience des milliers de Sénégalais répartis à travers le monde et qui sont géniteurs ou mères d’enfants issus de couples mixtes. Les jeunes métissés qui n’ont pas demandé à venir au monde devraient-ils payer le prix de l’ostracisme et de la non reconnaissance si l’idée leur venait un jour de vouloir rentrer au Sénégal et de briguer le suffrage des Sénégalais? C’est quoi vraiment  être Sénégalais ? Parler une langue locale? Connaitre la culture du pays? Être issu de deux parents sénégalais?…Tenter de répondre à ces questions reviendrait surement à ouvrir la boite de pandores lorsqu’on connait les grands bouleversements occasionnés par l’immigration dans les familles vivant à l’étranger.

Porter le patronyme Diop, Ndiaye, Ndoye, etc.  ne suffit pas comme baromètre pour mesurer la réelle «Sénégalité» de notre enfant qui est né et vit dans un territoire européen ou américain. Même s’il possède une pièce justifiant sa citoyenneté sénégalaise sera-t-il considéré comme un réel membre de la grande famille sénégalaise s’il parle le wolof avec un  brin d’accent français ou anglais, s’il se méprend dans

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