Quand Omicron se fait le cheval de bataille des marchés émetteurs de touristes pour assommer le tourisme en Afrique. (Par Elhadji Aziz Gueye)

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 L’année 2021 aura été de celles-là à marquer d’une pierre blanche par l’Organisation Mondiale du Tourisme, OMT.

D’abord parce qu’elle a été une année d’élection du Secrétaire Général, mais aussi parce qu’elle aura mis à nu l’égoïsme inhérent aux échanges globaux, et donc au tourisme international, surtout quand les destinations réceptrices de ce tourisme se trouvent situées sur le Continent africain. 

L’élection (reconduction) du Secrétaire Général de l’Organisation, tous les quatre ans, en soi, est un processus désormais bien établi. 

Par conséquent, c’est exceptionnellement qu’un problème est rencontré dans le déroulement du vote. 

Comme c’est le cas en cette année 2021 ; le Secrétaire Général sortant, dans l’impossibilité de présenter un bilan convaincant, et mal en point dans les sondages quant à la perspective de sa réélection, avait voulu s’allier avec le Covid-19 pour justifier et légitimer les multiples maladresses et entorses à la transparence. Une telle attitude suscita la désapprobation du plus grand nombre, au point d’inspirer une pétition, signée d’une écrasante majorité des membres, parmi lesquels pas moins de deux anciens Secrétaires Généraux de l’OMT, invitant à voter contre lui en décembre.

Dans une chronique Sémaphore antérieure, intitulée justement « À vaincre sans péril on triomphe sans gloire », avaient été passées en revue les dérives du Secrétaire Général sortant, lequel avait fini d’installer un profond malaise dans l’Organisation. 

L’élection est derrière nous désormais et le sortant, quasi miraculeusement, a été quand même reconduit. Reconduction sans gloire pour un mandat sanction de quatre ans, pour lequel le Secrétaire Général se verra dépouillé de l’essentiel de ses attributions, au profit d’une taskforce mise sur pied le jour-même du vote contre sa volonté, dans un combat héroïque d’une majorité des votants, porté par l’Arabie Saoudite et l’Espagne.

La nouvelle structure est chargée de repenser et définir de nouvelles orientations pour le tourisme international lequel, pour faire dans la modestie_ a été durement éprouvé par le Covid-19.

La revanche des nombreux signataires de la pétition mentionnée ci-dessus est passée par-là.

Nous sommes toujours la première semaine de décembre 2021. 

 Sur un tout autre plan, toujours dans le même contexte de pandémie, le mois de novembre a coïncidé avec une timide reprise de l’activité du voyage et de l’hôtellerie, a fait amorcer un sourire d’espoir aux acteurs du tourisme qui scrutaient anxieusement l’horizon assombri par vingt trois mois de Covid-19. 

Et voilà que survint le mois de décembre avec l’apparition du variant Omicron, que la République sud-africaine, grand pays de tourisme, le seul sur le continent à pouvoir prétendre avoir un tourisme intérieur digne de ce nom, se fit un devoir (et aussi un honneur) de signaler à la communauté internationale. Et l’espoir se dissipa.

En période « normale », l’Afrique du Sud devrait obtenir la reconnaissance universelle pour services rendus et assistance à l’humanité.

En lieu et place d’une telle reconnaissance ou d’une distinction aux chercheurs qui ont pu identifier Omicron, voilà que le pays dont le seul tort a été de porter assistance à l’humanité, se voit puni par ses marchés d’Occident émetteurs de tourisme, lesquels, suivant une logique qui défie le bon sens, ont pris la décision fatale de fermeture de leurs frontières avec le géant africain, arrêtant net les flux initialement attendus, achevant du même coup une activité déjà à terre. 

D’autant plus inexplicable qu’à ce jour le Continent africain s’avère moins sévèrement atteint que le reste de planète par le Covid-19.

Et ce coup dur porté au tourisme sud-africain n’est pas spécifique à ce seul secteur ; malgré la mise en œuvre du mécanisme COVAX, l’attitude de l’Occident vis-à-vis de l’Afrique dénote l’absence de solidarité notée dans la distribution du vaccin anti-Covid sur le Continent, dénoncée par tous, l’Organisation Mondiale de la Santé en premier. La même absence de solidarité que le Président sud-africain justement a qualifié d’ « apartheid » vaccinal pour la déplorer.

Il n’est que de rappeler la posture de l’Occident par rapport au climat, révélée à la dernière COP de Glasgow ; la solidarité nécessaire vis-à-vis des pays d’Afrique n’est point avérée sur cette question et la « Mafia du Carbone » montre le peu d’attention dont l’Occident fait montre quand il s’agit des intérêts vitaux de l’Afrique.

De même, le sport n’est pas exempté de l’iniquité dans le traitement des grandes questions liées aux intérêts du continent africain. Si ce n’était la farouche détermination des dirigeants de la Confédération Africaine de Football face aux dirigeants des équipes d’Europe, l’organisation de la 33ieme édition de la Coupe d’Afrique des Nations, CAN, prévue pour démarrer dans quelques petits jours maintenant, serait carrément annulée. 

Le tourisme du continent demeure fortement dépendant des marchés émetteurs du Nord, comme peut l’illustrer l’exemple sud-africain ci-dessus. 

Rien de nouveau, dirions-nous puisque nous avons eu à rappeler l’urgence d’une mise à contribution des instances communautaires africaines pour sérieusement envisager le tourisme régional, s’il le faut, par cercles concentriques à l’échelle du continent.

On parlait de 2020 pour la mise en œuvre de la Zone de Libres Échanges Continentale Africaine, ZLECA.

Espérons que la pandémie est seule responsable du retard pour son démarrage.

Mais l’urgence pour le tourisme africain de pouvoir compter sur le continent d’abord se fait pressante. Demain il sera trop tard.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

C’est dans ce sens que va aller notre Vœu de Nouvel An à la communauté touristique africaine. 

En plus d’un retour rapide à la normale.

Vœu de Bonne Année aussi à deux icones sénégalaises du Tourisme, deux Moustapha de leur prénom, qui tous les deux se sont fait distinguer dès les années 70, période de confirmation de l’option du Sénégal pour le Tourisme international.

Il s’agit de Moustapha Fall, ancien Délégué Général au Tourisme, et du Professeur Moustapha Kassé.

Celui-ci, économiste de son état, a très tôt décortiqué le tourisme international et son impact sur l’économie des pays sous-développés.

Celui-là , en plus de positionner le secteur comme moteur de l’économie, a été co-initiateur de l’expérience novatrice du Tourisme rural intégré qui avant l’heure recouvrait la même réalité qu’aujourd’hui sous le concept de durabilité recouvrent les notions de tourisme communautaire, responsable ou solidaire. 

Elhadji Aziz Gueye

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