Quartier à la une .Darou Salam 2 Pikine-Est. Insécurité, pauvreté et hantise des inondations

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Des rues larges, mais sales avec des tas d’immondices partout, des maisons en réfection, d’autres abandonnées après les dernières inondations de 2009. Des jeunes oisifs sans travail, des femmes qui s’activent dans les marchés pour aider le mari ou pour subvenir aux besoins des enfants. La pauvreté a élu domicile dans la banlieue.

Il est un des quartiers qui composent la mairie d’arrondissement de Pikine- Est. Il n’est pas aussi grand que les autres. En cette matinée du jeudi 04 mars 2010, rien à l’œil du premier visiteur n’indique qu’il s’agit d’un quartier de la grande banlieue. Il est calme. Les enfants qui font du bruit chaque matin sont tous à l’école. Les quatre établissements du quartier ne sont pas éloignés. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme du quartier. « Sa particularité vient surtout des quatre écoles primaires qu’il abrite » révèle, Mamadou Ndiaye, le chef du quartier. « Même les enfants d’autres quartiers fréquentent ces établissements » ajoute t-il heureux.

A l’origine, le quartier s’appelait Wakhinane (creuser et trouver à boire). Le vieux Aly Ndiaye habite le quartier depuis l’année du festival mondial des arts nègres en 1966. Il explique qu’ « au début, il n’y avait que quelques maisons. Il y avait l’électricité mais, pas d’adduction d’eau. Elle est venue bien après. Quant aux infrastructures, elles existaient déjà. C’est le cas de l’école qui n’était pas encore clôturée et du cinéma ». « Je connais le quartier pour avoir été parmi les premiers habitants. Je suis témoin d’hier et d’aujourd’hui » a t-il poursuivi. Dans ce quartier, on voit très vite la différence entre les zones inondables et celles qui ne reçoivent pas les assauts de l’hivernage. Celles qui sont toujours inondées sont constituées de marécages. « Il n’y avait que des champs sur tout cet espace qui reçoit aujourd’hui les eaux de pluie. Cette inondation peut certes surprendre les jeunes mais, il faut savoir que l’eau ne dévie jamais son chemin » précise le vieux Aly Ndiaye.

Les inondations, un problème

Beaucoup de maisons de cette localité ont reçu, à l’instar des autres les ravages des inondations des dernières années. L’eau est visible partout car elle a laissé des traces sur les murs. Pourtant, pendant l’hivernage, même des mosquées ont été englouties par les eaux. Un notable explique : « nous sommes restés pendant plusieurs mois sans pouvoir prier dans la mosquée d’à côté ». Près de lui, une jeune femme, en train de laver le linge poursuit : « il fallait être là au mois d’aout dernier, la vie dans quartier était infernale. C’était en fait le sauve-qui -peut total ». Dans ce quartier, les gens ont souffert de l’eau dont on dit qu’elle est source de vie. « Ici, elle était source de malheurs » confie une dame vendeuse sur table avec de la marchandise achetée au marché syndicat de Pikine.

Des maisons en construction ? Non elles sont toutes en réfection. « Pourtant, cette image est visible dans presque toute la zone » explique lentement un jeune lycéen. Plus de huit mois après l’hivernage, l’image est encore insoutenable dans le quartier. C’est Pourtant la triste réalité. Des maisons sont abandonnées avec à l’intérieur des ordures ménagères, des tuyaux qui montrent la présence il y a quelque temps de pompes pour l’évacuation des eaux de pluie.

Chez la famille Solly, l’eau y avait dicté sa loi. La maitresse de maison Madame Maguette Faye Solly explique : « l’eau nous a surpris. Notre maison n’a jamais eu d’eau mais cette année nous avons reçu notre ration. Ce n’était pas prévisible. C’est pourquoi nous avons déménagé durant tout le mois de ramadan. C’est bien après que nous sommes revenus. Certes nous avons reconstruit une partie, mais il reste l’autre que nous devons vite refaire avant le prochain hivernage, sinon, nous risquons encore de subir la furie des eaux de pluie ». A côté, des maisons en étage qui ont dû couter une fortune restent inondées. Les propriétaires, pour accéder au rez-de-chaussée sont obligés de remblayer avec du sable. « A force de remblayer c’est tout le rez-de- chaussée qui est perdu » confie jules Mendy menuisier.

En effet, certaines familles étaient obligées de déménager pour revenir réparer ce que l’eau a endommagé. Par contre, d’autres qui ne savaient où aller sont restées dans les eaux. C’est le cas de Maguette Diallo. « J’ai quitté grand -Yoff pour venir m’installer dans la maison de mon père où ne vivait que ma tante. Quand notre maison a été inondée tous les autres sont partis, je ne pouvais pas le faire car je n’ai aucun endroit où aller en plus, ceux qui ont laissé leur maison ont reçu la visite des voleurs qui ont tout emporté » raconte t-il.

Maintenant, l’heure est aux travaux de réfection. Certaines maisons ont reçu un coup de truelle et de pinceau par contre, d’autres attendent avec sans grand espoir de trouver cet argent. La priorité de leurs occupants est davantage la marmite que le mur. Ils vivent dans la pauvreté et n’ont aucun espoir de voir leur maison changer de visage. « Beaucoup de pères de familles ont vendu leur maison par manque de moyens. Moi, je ne peux pas à cause de mes enfants qui sont encore très petits Certes, je n’ai pas de moyen, mais ce serait ingrat de ma part »confie ce père de famille la mort dans l’âme. Durant ces moments de détresse, la mairie offrait le seul espoir où les populations pouvaient recevoir des secours. En effet, selon le maire El Hadji Malick Konté, « des actions ont été menées en direction des populations sinistrées avec le concours de l’Usaid, de l’Ambassade de Chine, de Caritas et de la mairie de la ville de Pikine ». Des propos confirmés par le vieux Séty Solly : « la mairie nous a offert de l’eau de javel, du savon et du riz. Elle a également amené des pompes pour l’évacuation des eaux de pluie ». « A quoi va servir toutes ces aides si l’eau va encore revenir cette année » s’interrogent des garçons trouvés dans un coin de la rue en train de discuter. Des tas de sable sont disposés dans toutes les rues pour parer aux inondations futures. Ce qui signifie que les autorités municipales étaient conscientes de la situation. D’ailleurs, une partie de la localité est en train de voir ses rues goudronnées. Reste maintenant à savoir si elles auront des canalisations la seule voie de salut pour les populations. « Il n’y a que les canalisations qui peuvent faire l’affaire » confient en chœur les jeunes. D’ailleurs entre le stade Alassane Djigo et le marché syndicat est construit un grand bassin de rétention.

Des jeunes filles rencontrées dans une autre rue déplorent le manque de sécurité. « L’insécurité et l’insalubrité vont de paire » selon ces dernières. Le chef du quartier de Darou Salam 2 confirme : « j’ai été victime de vol à trois reprises. On remarque qu’à certaines heures indues des garçons rôdent dans le quartier. Si on ne les connait pas, on ne peut rien dire sur eux ou sur leur comportement ». Maguette Diallo est jeune et habite le quartier depuis quatre années, explique : « il y a beaucoup de voleurs dans le quartier. Tout dernièrement, ils ont volé des moutons de notre voisin. Une jeune fille a été mortellement poignardée pour un téléphone portable. Tout ceci pour vous dire combien l’insécurité est grandissante dans le quartier. Mais elle est due aussi aux nombreuses maisons abandonnées à cause des inondations de 2009 »

Des efforts de la mairie à l’endroit des populations

Arrivé à la municipalité aux dernières élections locales de mars 2009, le maire El Hadji Malick Konté membre du bureau politique du Parti socialiste explique que la mairie fait des efforts avec son modique budget pour répondre aux nombreuses sollicitations des populations. « Le budget se chiffrait t à cent vingt deux (122) millions et la nouvelle équipe l’a porté à cent cinquante (150 millions) » indique le maire. La population de la Commune s’élève à cent mille habitants. La municipalité gère huit (08) écoles primaires, un CEM un marché et deux centres de santé.

Les sportifs comme les lutteurs ont reçu des aides de la part de la commune. Lors du dernier combat d’Emeu Sène, la municipalité a confectionné des tee-shirts. Elle veut en faire de même avec le leader de la génération Boul Fallé Mohamed Ndao Tyson pour son combat du 04 avril prochain.

Toutes les écoles de la Communes ont reçu des subventions avec du matériel didactique, de même que les Associations Sportives et Culturelles, les districts de santé, les mosquées. Tout ceci « pour gagner la confiance des populations » explique le maire. El Hadji Malick Konté poursuit pour dire : « depuis que je suis élu, j’ai dit que je ne suis pas le maire de Benno Siggil Sénégal mais, celui de toute la Commune de Pikine Est, sans distinction de partis ».

S’agissant de l’insalubrité, les femmes ne se plaignent pas trop « le camion de ramassage passe tous les jours. Si ce n’est pas le matin, c’est dans l’après midi » racontent certaines. Quant à l’insécurité, elle est due essentiellement au manque d’éclairage public et aux nombreux délestages de la Senelec.

ENCADRE

El Hadji Malick Konté maire de la Commune d’arrondissement de Pikine Est

La commune compte 100 mille âmes composée essentiellement de jeunes dont la majeure partie s’active dans le commerce la couture et la coiffure. Le problème crucial de la commune reste les inondations. A notre arrivée, le budget culminait à cent vingt deux (122) millions, nous l’avons porté à cent cinquante(150) millions. Juste après notre installation nous sommes tombés sur les inondations. La mairie a entrepris des actions pour répondre aux demandes des populations. Les élèves ont reçu des aides de la part de l’institution ainsi que les districts de santé et les associations Sportives et Culturelles. Les lutteurs aussi ne sont pas oubliés. Mohamed Ndao Tyson a grandi dans la Commune. Boubacar Bâ directeur de l’Office pour l’emploi des jeunes de la banlieue est natif de la Commune. Cela veut tout simplement dire que des personnalités du pays ont vu le jour et grandi dans la Commune de Pikine Est.
AFRICANGLOBALNEWS.COM

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