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Qui est ce ministre dont l’épouse s’est attribuée une pharmacie avec la complicité de la Direction de la Pharmacie et du Médicament?

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XALIMANEWS- Paraphrasant Shakespeare, qui disait qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, on pourrait dire sans risque de se tromper qu’il y a, de même, quelque chose de terriblement malodorant au Conseil de l’ordre des Pharmaciens du Sénégal ! Dans ce cénacle censé symboliser la sagesse, veiller à l’application des règles — surtout éthiques et déontologiques ! — régissant la noble profession de ces messieurs et dames en blouses blanches chargés de fabriquer et aussi de nous vendre ces précieux médicaments que nous ingurgitons sans retenue, prévalent hélas des pratiques aux antipodes de l’équité. Pour ne pas dire que magouilles et favoritisme y prévalent allègrement. Et que les faibles y sont piétinés sans pitié au profit des puissants, des intouchables, des consoeurs et confrères aux bras longs.

Dans ces mêmes colonnes, il y a quelques semaines, nous racontions comment, avec la complicité très active de la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM), la pharmacienne Aïcha Goudiam Mbodj, épouse du très célèbre psychologue Dr Mamadou Mbodj, s’était vu déposséder de l’emplacement stratégique car très bien placé où elle officie depuis des décennies — sur la Place de l’Indépendance ! —, au profit de sa consoeur épouse de l’homme politique Abdoulaye Baldé, nouvel allié du président de la République, président de commission à l’Assemblée nationale et ancien ministre du président Abdoulaye Wade ! Obligée de déménager pour cause de reconstruction de l’immeuble abritant son officine, la pauvre Mme Mbodj n’a tout simplement jamais pu réintégrer son ancien emplacement, l’Ipres, propriétaire du bâtiment, ayant paraît-il reçu une injonction de la présidence de la République pour refuser de lui renouveler son bail et attribuer le site à Mme Baldé.

Au fait, on se demande d’ailleurs où en est encore ce problème… En tout cas, on n’a pas encore fini d’en parler qu’éclate un autre scandale dans lequel il est encore question de la Direction de la Pharmacie et du Médicament (décidément !) et aussi de l’Ordre national des Pharmaciens. Si, s’agissant de la première affaire, beaucoup s’étaient étonnés du lourd silence dans lequel elle s’était engoncée alors pourtant que d’aucuns pointaient du doigt sa complicité dans l’injustice dont était victime Dr Aïcha Goundiam Mbodj, cette fois-ci l’Ordre des Médecins est pris les mains dans le pot de confiture des magouilles.

En effet, il a subrepticement, en septembre dernier, inscrit au Tableau, par le biais de sa Section B, une dame, présentée comme épouse de l’actuel ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr (re-décidément !), en l’occurrence Dr Ndèye Dome Fall, pour lui permettre d’ouvrir une officine à Keur Gorgui. Plus exactement, il s’agissait de régulariser l’officine que la bonne dame y exploite depuis des mois à l’enseigne de « Pharmacie El Hadj Yaré » mais avec l’objet social « Parapharmacie et parfumerie ». Dans cette pharmacie masquée — mais avec croix lumineuse, couleurs et tout le tintouin d’une vraie — sont vendus tous les médicaments que l’on trouve dans les officines autorisées.

Il fallait régulariser cette situation loufoque et le Conseil de l’Ordre l’a donc fait en intégrant la bonne dame dans sa section B. Soulevant la colère de plusieurs pharmaciens titulaires d’officines réunis dans un « Comité de veille » qui, le 02 octobre, ont adressé une lettre au président du Conseil national de l’Ordre pour lui demander d’annuler purement et simplement « cette décision inqualifiable » c’est-à-dire l’inscription du Dr Ndèye Dome Fall à la section B. Il faut dire que l’établissement sur le site de Keur Gorgui est assurément une obsession pour la brave dame !

En 2016, elle était en service à la Direction de la Pharmacie et du Médicament (encore !) lorsqu’une compétition a été lancée pour l’attribution d’une officine dans ce quartier très résidentiel. Le Dr Colette Guèye, une pharmacienne diplômée, dépose son dossier. Alors pourtant qu’elle est fonctionnaire, chargée de réceptionner les dossiers, de les sélectionner et de les classer, Dr Ndèye Dome Fall trouve le moyen de participer à la compétition ! « Mieux, le nombre de points qu’elle a obtenu lors de la réévaluation tenue le 20 juillet 2018, en présence entre autres de représentants de l’Ordre des Pharmaciens, prouve aisément qu’elle avait usé de faux administratif et intellectuel pour se donner des points indus, elle qui était en poste à la Direction de la Pharmacie et du Médicament et qu’elle se devait même d’être sanctionnée sévèrement par l’Ordre pour ses agissements contraires à l’éthique et à la Morale » comme l’écrivent dans leur lettre adressée au président du Conseil national de l’Ordre les membres du « Comité de veille ». Qu’entre confrères, on sait se montrer galants !

Les zones pauvres au « Badolos » et les beaux quartiers aux épouses de ministres !
Bref, lorsqu’elle dépose son dossier en 2016, Dr Colette Guèye se voit répondre par le tout-puissant Directeur de la Pharmacie et du Médicament qu’elle doit aller entrer en compétition pour le site de « Biscuiterie » au diable Vauvert là-bas à Grand-Dakar et surtout pas chez les nantis de Keur Gorgui ! Le hic c’est que le Dr Guèye n’était pas candidate pour « Biscuiterie » où il n’y avait de toute façon pas de site en compétition cette année-là ! Devant le mur d’arbitraire qui se dressait devant elle, elle saisit donc d’un recours la chambre administrative de la Cour suprême. Qui, sans surprise, dans un arrêt rendu le 28 décembre 2017 « annule la décision n¨00442/MSAS/DPM/DED du 8 février 2017 du Directeur de la Pharmacie et du Médicament portant rejet de la demande d’ouverture de pharmacie à la cité Keur Gorgui à Dakar du Dr Colette Guèye ».

Rebelote, une réévaluation est faite dont Dr Guèye ne s’est toujours pas fait communiquer les résultats ! Deux années plus tard, l’ancienne employée de la DPM, bien qu’ayant obtenu un nombre de points pas très fameux d’après ses confrères, a donc ouvert en loucedé son officine à Keur Gorgui comme il se doit pour une épouse de ministre (Abdoulaye Diouf Sarr ministre de la Santé). Avec la complicité de son ancien employeur, la DPM, et aussi du Conseil de l’Ordre. Un Conseil de l’Ordre (ne faudrait-il pas plutôt parler de Conseil du…Désordre !) qui a aussi fermé les yeux sur le fait que l’officine du Dr Ndèye Dome Fall se trouve à 250 mètres seulement de celle de son confrère Dr Raymond Pierre Diémé, titulaire de la pharmacie « Saint-Pierre » sise en face du collège Sacré-Cœur.

Or, les textes régissant la profession disposent que la distance entre deux pharmacies doit être de 300 mètres au moins ! Mais bon, comme le Conseil de l’ordre des Pharmaciens et la Direction de la Pharmacie et du Médicament ne peuvent rien refuser aux épouses de ministres et aussi qu’ils considèrent que les faibles doivent exercer dans les zones périphériques et laisser les beaux quartiers et autres cités chics aux épouses ou rejetons de leurs excellences les puissants de ce régime…

Le Témoin

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