Un tour dans quelques quartiers populeux de Dakar en cette période de jeûne a permis de constater que si certains des jeûneurs passent le plus de temps dans les « grands places » pour jouer à la carte ou au jeu de dames, d’autres par contre préfèrent la lecture du Saint coran.
11h. « Pencum », une place située à côté du marché des Hlm 5, un des quartiers populeux de Dakar. Sur les lieux, le décor renseigne sur l’activité qui y règne. Des bancs, alignés tout au long du parvis de la police des Hlm, sont sous un arbre à palabre. Des retraités, sûrement des habitués des lieux, devisent quand nous nous présentons à eux. Ils sont presque tous vêtus le plus souvent de boubous traditionnels, chapelet à la main chez certains. Interpellé, Mame Ndiaga Seck, laisse entendre : « nous sommes là de 10heures à 13heures. Il y en a d’autres qui reviennent le soir ». Questionné sur la genèse des lieux, il confie : « cette grand place est créée vers les années 74 par un petit groupe de gens qui avaient l’habitude de fréquenter les lieux ».
Mame Ndiaga Seck déclare en outre que les débats tournent le plus souvent autour des sujets d’actualité. « Nous parlons le plus souvent du sport, de la politique, de la religion, etc. Du côté de la politique, le choix est libre », dira-t-il. Toutefois, il déclare ne pas avoir l’habitude de jouer à la carte, ni de s’adonner au jeu de dames. « Notre activité quotidienne, c’est de lire les journaux », précise-t-il.
Changement de décor. Cap maintenant sur Ouagou Niayes, un autre quartier de Dakar. Ici, la réalité est tout autre. En face de l’église Saint Maurice d’Angers, on trouve une autre « grand place » du nom de « Touba Ouagou Niayes ». Assis sous un arbre, sur une natte, des adultes dont la quasi-totalité est composée de chauffeurs de taxis, jouent à la carte. Tandis qu’un autre petit groupe observe. Des personnes sont allongées sur la natte en attendant sûrement leur tour. Madiop Sow, vêtu d’un Bazin bleu, chapelet à la main, joue les spectateurs. Interrogé sur cette activité bannie, selon certains par la religion musulmane, il répond : « je ne peux pas me lancer dans ce débat, car je n’ai pas d’arguments. Ce que je peux dire, c’est que la religion nous interdit de jouer à la carte pour gagner quelques choses ». Gora, un autre chauffeur de taxi présent sur les lieux, renchérit : « je pense que c’est seulement un passe-temps. Je profite moi de cette occasion pour attendre ici ma voiture et aller travailler ». Et de faire remarquer : « Je sais que jouer à la carte est interdit par la religion. Mais comment faire ? ».
A cet instant-là, un autre s’installe pour jouer sa partie. Après une trentaine de minutes de jeu, Cheikh Baye Fall, chapelet autour du cou, ouvre son agenda et demande la cotisation hebdomadaire des chauffeurs. « Chacun de nous donne 100fcfa à titre de cotisation pendant un an et nous donnons la somme totale à notre guide religieux. Les 200 F Cfa, c’est notre fonds de solidarité ».
Cependant, si certains jeûneurs préfèrent jouer au jeu de dames ou à la carte, d’autres par contre optent pour la lecture du Saint coran ainsi que c’est recommandé par la religion musulmane.
sudonline.sn