Au cœur des principaux points de divergence politique entre les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat sénégalais et leur opposition, le bulletin unique tarde encore à s’imposer dans le processus électoral national. Pourtant, au niveau sous-régional voire africain, beaucoup de pays ont fini aujourd’hui d’adopter dans leur système électoral ce dispositif d’expression des suffrages aux avantages reconnus.
Très souvent citée comme un modèle en Afrique, la démocratie sénégalaise n’est pas pour autant à l’abri de tout reproche, notamment en ce qui concerne le système électoral. En effet, comparé à celui des aux autres pays de la zone Cedeao, il apparait clairement que la démocratie traine un retard de plusieurs années sur les pays, notamment en ce qui concerne l’application du système de bulletin unique.
C’est ainsi que des quinze Etats qui constituent cet espace politique et économique, le Sénégal fait partie des rares systèmes politiques à bannir encore le bulletin unique de son processus électoral. En Coté d’Ivoire, le bulletin unique est aujourd’hui même utilisé par les partis politiques dans le renouvellement de leurs instances.
C’est le cas de l’ancien parti unique ivoirien, le PDCI, qui a usé lors de son 12e Congrès du 3 octobre 2013, de ce système pour départager les trois candidats en liste pour le poste de président de cette formation politique, à savoir Henri Konan Bédié, Alphonse Djédjé Mady et Bertin Konan Kouadio, dit « KKB. Idem pour le Liberia du président George Weah qui est à sa deuxième élection présidentielle sans contestation majeure.
Tout près du Sénégal, hormis la Gambie qui utilisait jusqu’ici un système unique au monde (Des billes glissées dans des bidons aux couleurs des candidats), tous les pays frontaliers du nôtre ont adopté le bulletin unique. Les deux Guinées (Conakry et Bissau), le Mali, tous ces pays votent depuis un moment avec le bulletin unique présenté comme économique et fiable par bon nombre d’observateurs.
Pendant ce temps, au Sénégal, l’adoption de ce bulletin est bloquée par le manque de réalisme et de postures partisanes des acteurs politiques qui changent de positions par rapport à ce système au gré de leur station.
Inscrite à l’ordre du jour des concertations sur le processus électoral en cours au sein de la Commission cellulaire chargée de conduire les travaux de concertation sur le processus électoral, la question du bulletin unique est bloquée par la majorité au pouvoir. Alors qu’ils étaient, avant leur accession au pouvoir en 2012, les plus fervents partisans du bulletin unique, les tenants actuels du pouvoir sont devenus, aujourd’hui, les plus grands pourfendeurs de ce système.