Chaque jour qui passe nous montre que la protection civile dont on a célébré la journée mondiale en grande pompe, il y a à peine deux mois, est un vain mot. Chaque jour, des personnes innocentes meurent dans des accidents ou des catastrophes d’où elles pouvaient sortir indemnes si les préposés à cette tâche s’étaient acquittés convenablement de leurs missions de service public pour lesquelles ils sont payés. L’incendie, d’hier, au Daaka de Madina Gounass aura coûté la vie à trois pèlerins qui étaient venus se rapprocher du Seigneur. Ils sont morts par la négligence coupable d’une chaîne de responsabilités qui va du ministre de l’Intérieur jusqu’au plus petit bidasse. Nul n’est censé ignorer la loi, a-t-on l’habitude de dire. Qui plus est un Etat. Certains observateurs se demandent quand est-ce que l’Etat prendra la pleine mesure de la dimension sous-régionale, voire mondiale du Daaka qui draine des centaines de milliers de pèlerins venus de tous les pays limitrophes et au-delà ?
Le sinistre d’hier est la résultante d’une série de négligences et d’engagements non respectés. L’eau a manqué au Daaka et au village de Madina Gounass quatre jours après l’ouverture de ce grand rassemblement religieux. Ce qui pouvait déclencher une épidémie de choléra terrible. Et, comme toujours, ces messieurs d’en haut viendront faire le médecin après la mort. C’est que, dans notre pays, on a la mémoire courte, car dans la longue liste des catastrophes naturelles qui ont jalonné l’histoire du Sénégal depuis cinquante ans, il y a une tragédie qu’on appelle le naufrage du bateau le Joola ; la plus grande catastrophe maritime au monde. Qu’avons-nous tiré de cela ? Rien.
La légèreté continue à guider le fonctionnement des services les plus vitaux pour la sécurité et le bien-être des Sénégalais. On peut donner comme exemples la santé et la protection civile, dont le groupement des sapeurs pompiers est le bras armé. Ce corps connu pour son assistance constante et dans la rigueur a fait preuve, hier, d’une légèreté coupable. On ne s’explique pas encore comment des agents fonctionnaires payés par le contribuable, envoyés en mission, peuvent-ils se présenter à une manifestation de cette envergure avec un seul camion citerne ; qui de surcroît n’avait pas une seule goutte. Même si le forage manque d’eau, la précaution élémentaire aurait voulu que les sapeurs pompiers aillent remplir leur citerne à la rivière de Gouloumbou située dans la zone.
Le Daaka n’est pas un théâtre pour les politiciens avides de consignes de votes ou pour y venir faire de la figuration. C’est une retraite spirituelle dans le sens sérieux du terme. Les responsabilités doivent être situées.
Sinon, si ces actes continuent, les Sénégalais ont des raisons légitimes de se douter de la capacité de leurs forces de sécurité et de protection civile de prendre la relève des Français dont on annonce le départ. Dans l’incendie d’hier, la circonstance atténuante du manque de moyens n’est guère recevable. Incurie quand tu nous tiens !
M. SARR
walf.sn