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RÉFLEXION DU JOUR DE L’ACHOURA, ANNEE MUSULMANE 1440 (Amadou Lamine Sall)

Date:

                                                                                   Amadou Lamine Sall

                                                                                                Poète

                                                         Lauréat des Grands Prix de l’académie française

           Je voulais parler à Dieu. J’ai insisté autant que je pouvais. IL a fini par me répondre. IL m’a dit qu’IL était très pris, mais pas loin du Sénégal. Qu’IL avait trop à faire. Qu’IL n’avait pas dormi depuis mille ans. Que les êtres humains depuis qu’IL les a créés, ne lui avaient laissé aucun répit. IL me dit que j’étais parmi les moindres victimes de la vie et qu’il en existait qui avaient la priorité plus que moi. IL me dit que j’avais à mes côtés une personne à qui IL avait confié sur terre une mission que LUI-MÊME remplissait moins qu’elle. Que j’étais déjà un privilégié sans le savoir et de cesser, dès lors, à trop LE solliciter. Qu’il me fallait donner toute priorité à cette personne dont IL me dira le nom. Que celle-ci avait Sa confiance. Que LUI-MÊME aurait rêvé en avoir une comme elle, pour mesurer combien la vie pouvait être belle en la servant. Je lui avouais que j’étais fort pressé de connaître le nom de cette personne dont IL parlait avec tant de considération et d’énigme. Il dit alors: « Allez au pied de votre maman. C’est là que tous les oasis, tous les lacs, tous les océans, tous les soleils, toutes les lunes, tous les déserts, toutes les montagnes, toutes les forêts, toutes les étoiles, toutes les banques ont déposé leurs trésors. Et sur ces trésors, j’ai MOI-MÊME encore étendu des pagnes d’or, de diamants, de rubis et de saphirs. Vous n’avez point besoin de MOI tant que sur ses genoux vous posez votre joue et caressez ses cheveux. Faites la rire le plus souvent et votre vie sera plus joyeuse que le rire d’un enfant, le baiser de votre épouse, plus succulente que la datte à la fin du jeun, plus désaltérante que le zam-zam, plus juteuse que la mangue du matin. Votre Dieu est tout proche. Nous nous reparlerons -je vous le promets- si seulement vous réveillant un jour, vous  ne trouvez plus ses pieds où vous agenouiller, ses genoux où poser votre amour. JE viendrais seulement alors à vous, vous écouter, mais le poids du bonheur ne sera plus le même. Si, en effet, j’ai désiré une maman que je ne pouvais pas avoir comme vous, c’est pour vous dire ce qu’elle représente et ce quelle seule peut donner, au-delà de MOI. Vous ne blasphèmerez point en répétant cela au monde. Mangez, buvez, abusez de son amour! Enivrez-vous d’elle! Elle vaut plus que les sources de lait de mon Paradis. Elle est votre premier paradis et à nul autre pareil. »

            Et Dieu s’en alla. Le silence s’installa longtemps, très longtemps en moi. Pour le rompre, je dois vous dire bonne fête d’Achoura en cette année musulmane 1440  et qu’Allah couve notre pays et garde le monde dans la paix des cœurs et des esprits et la fraternité des peuples et des nations.

                                                                        

                    

                        

1 COMMENTAIRE

  1. En effet, selon la Sunna (Tradition prophétique), le Prophète Muhammad, en 622, va à la rencontre des juifs de Médine le jour du Yom Kippour, fête de l’expiation durant laquelle ils jeûnent.

    Lorsqu’il leur en demande la raison, ces derniers répondent qu’il s’agit de commémorer « le jour où Dieu donna la victoire à Moïse et aux fils d’Israël sur Pharaon et ses hommes ». Se réclamant des anciens prophètes bibliques, Muhammad affirme être « plus en droit » de jeûner ce jour. Dès lors, le Prophète ordonne aux musulmans d’observer le jeûne ce jour-là, lesquels ne saisissent pas immédiatement pourquoi ils doivent perpétuer cette tradition juive. Le Prophète leur répond alors humblement qu’il considère Moïse comme « plus proche » d’eux, intégrant ainsi Achoura dans la sacralité de l’islam.

    Un an plus tard, pour confirmer sa filiation spirituelle à la tradition de Moïse, le Prophète Muhammad recommande aux musulmans de jeûner deux jours, les 9e et 10e jours du mois de Muharram qui marquent Achoura pour éviter que soient confondues les fêtes musulmane et juive.

    Dans son affirmation d’être « plus en droit de jeûner ce jour là que les juifs », Muhammad s’inscrit dans la lignée des anciens prophètes bibliques, démontrant clairement l’importance de la continuation prophétique dans la mission dont il se réclame (2).

    Notons au passage que le jeûne d’Achoura devient surérogatoire avec l’institutionnalisation du jeûne du mois de Ramadhan en l’an 2 de l’Hégire (624). Il est à préciser toutefois que le mois de Muharram est l’un des quatre mois sacrés de l’islam, où les musulmans sont encouragés à observer des jeûnes volontaires (les autres étant : Rajab, Dhul Qa’dah, et Dhul Hijjah).

    L’importance du jeûne d’Achoura, même s’il demeure recommandé est attesté par la Tradition islamique dans un célèbre hadith :
    « Quant au jeûne du jour de ‘Ashura, j’espère qu’Allah l’acceptera en tant qu’expiation pour l’année qui l’a précédé. » (Sahih Muslim)

    La spécificité d’Achoura tient au fait qu’elle a souvent été qualifiée de « journée entre joie et douleur », selon l’approche sunnite ou chiite.

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