Réflexion – Journalisme et engagement politique : Deux fonctions incompatibles…

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Sensibiliser le monde des médias sur les bonnes pratiques à adopter à l’avenir : c’est l’un des objectifs pour ce «cas d’école» du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) tenu hier, dont le but est de partir d’exemples concrets où la presse a failli en termes d’éthique et de déontologie. Ce faisant, le thème de ce nouveau rendez-vous d’échanges portait sur : «Journalisme et engagement politique, est-ce possible ?»

Un journaliste est-il capable, en d’autres termes, de faire abstraction de ses préférences partisanes, de sa vision politique, afin de ne pas déroger à son devoir d’impartialité?, de ne pas trahir la confiance qui lui est accordée, en vertu précisément de ce devoir d’impartialité? dont il se réclame ? Le journaliste politique peut-il être impartial ? Peut-on exercer notre métier avec des convictions politiques et être en politique ?
Autant de questions, et en plus de la vague de journalistes qui déferlent sur le champ politique, amènent le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) à réagir. Non pas pour étudier un cas particulier, mais pour poser bien sûr le débat à savoir : «Journalisme et engagement politique, est-ce possible ?» Selon Eugénie Rokhaya Aw, journaliste et ancienne militante de Gauche, c’est possible d’exercer son métier avec des convictions politiques et être en politique. «Après tout, nous sommes des citoyennes et citoyens à part entière.» Mais ce qui n’est pas compatible d’après elle, c’est être partisane ou partisan lorsque le journaliste en question exerce au nom de l’équilibre et du respect du libre arbitre pour le public. Mais dit-elle, puisqu’il s’agit d’un «cas d’école», tout un travail reste à faire, de recherches, d’exploration, et les écoles, les instituts de formation sont interpellés.
Le ministre Abdou Latif Coulibaly, Secrétaire général du gouvernement, quant à lui, admet que l’engagement politique, contrairement à ce que pensent bon nombre de gens, va au-delà même des partis politiques et concerne les syndicats et autres.
Partant de la définition du journaliste et celle du journalisme, le ministre de considérer que le journalisme est un métier à temps plein et que sa définition au Sénégal, dit-il, ne donne pas une idée claire de cette profession. «Ça exige beaucoup de temps et de précaution dans la recherche et ça demande un temps de réflexion», a-t-il expliqué, tout en précisant qu’il n’est pas possible de cumuler, en ce qui le concerne, l’engagement politique et l’exercice du métier de journaliste. «Pour les autres, je ne sais pas», assure-t-il.
Revenant sur le cas de Ameth Aïdara, il rappelle que les journalistes ont la liberté d’exercer leur métier. Mais, cette liberté n’est pas absolue. Elle est encadrée par des lois, règlements, les chartes d’éthique et de déontologie et, enfin, par des règlements généraux du Droit.

Poursuivant, Abdou Latif Coulibaly a ajouté que la revue de presse n’était pas une technique journalistique libre et sans règles. «La revue de presse est une technique journalistique qui obéit à des conditions de fond et de forme. C’est la reprise des articles de la presse écrite à la radio, en se limitant strictement à l’esprit de l’article jamais détaché du fait que vous, journaliste, qui faites la revue de presse, vous n’avez pas le droit de prendre vos opinions personnelles sur le texte que le journaliste a écrit. Les textes qui sont repris de façon indépendante, détachée du texte rédigé», a-t-il soutenu explicitement.
Le journaliste Hamadou Tidiane Sy, directeur de l’Ejicom, pour sa part, va plus loin en distinguant, semble-t-il, la problématique de la crédibilité dans le métier et la liberté du journaliste. «Le journaliste peut faire des efforts pour être honnête. Mais, il y aura toujours ce problème de crédibilité. Dans notre travail, la crédibilité compte avant tout. Et ce qu’on risque de perdre en étant affiché politiquement dans un parti, c’est la crédibilité», a dit M. Sy lors de son intervention.
«Si vous écrivez un article en étant à l’intérieur d’un journal et, connu composant de la politique, les gens vont se dire, tout ce que vous écrivez, y compris ce qui est honnête et vrai, c’est politiquement orienté. Surtout si vous écrivez sur la politique», a ajouté l’ancien journaliste de l’Afp, qui indique que «l’engagement politique est incompatible avec le journalisme». «La question de l’éthique est fondamentale.»

le Quotidien

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