Il suffit de tenter de définir ou de comprendre les mécanismes du sommeil et du rêve pour se rendre compte de la très grande complexité du phénomène ; en effet, en dépit des avancées considérables enregistrées dans le domaine des neurosciences, avec des techniques d’imagerie médicale de plus en plus sophistiquées, on est toujours dans les ténèbres ; dès lors, il n’est guère superflu de convoquer les Textes Sacrés qui ont ‘’vocation d’expliquer toute chose’’. Et dans cette perspective, qui prend en compte l’homme dans toute sa globalité, le sommeil est considéré comme ‘’l’antichambre de la mort’’ et un reflet de l’activité de notre âme constitue un véritable signe divin – un mystère qui, au même titre que la création de l’homme, des animaux et de l’univers, doit interpeller les savants et les appeler à plus d’humilité et de clairvoyance ; le Coran est là-dessus très explicite :
(20) Parmi ses Signes : Il (Dieu) vous a créés de terre, – puis, vous voilà des hommes qui se dispersent [dans le monde]. (21) Et parmi ses Signes, Il (Dieu) a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et (22) Et parmi ses Signes, la création des cieux et de la terre et la variété de vos idiomes (langues) et de vos couleurs. Il y a en cela des preuves pour les savants. (23) Et parmi ses Signes, votre sommeil la nuit et le jour, et aussi votre quête de sa grâce. Il y’a en cela des preuves pour des gens qui comprennent. (30. Les Romains : 20-24 – Ar-Rûm)
Oui, dans le Coran, Dieu interpelle ‘’ceux qui réfléchissent’’, ‘’ceux qui comprennent’’, ‘’ceux qui raisonnent’’ et donc ‘’ceux qui savent’’. Et ces propos du Prophète (PSL) pour confirmer l’ancrage de l’Islam à la raison : « La religion, c’est la raison ; celui qui n’a pas de raison, n’a pas de religion » ; à l’évidence, Islam et raison son consubstantiels, contrairement à ceux que ses détracteurs insinuent. En vérité, ce sont les Textes Sacrés (Thora, Evangile, Coran) dont la vocation est d’expliquer le monde, qui doivent orienter la recherche scientifique ; ainsi, on ne peut rien appréhender véritablement, et le sommeil en particulier, sans atteindre sa dimension métaphysique ; ce qui pour le Musulman passe inévitablement par le Coran :
(42) Dieu accueille les âmes au moment de leur mort ; Il reçoit aussi celles de ceux qui dorment, sans être mortes [ascension des âmes lors du sommeil] ; Il retient celles des hommes dont Il a décrété la mort et renvoie les autres jusqu’à un terme irrévocablement fixé. – Il y a vraiment là des Signes pour un peuple qui réfléchit. (39. Les Groupes : 42 – Az-Zumar)
L’ascension de l’âme lors du sommeil est une miséricorde pour le croyant et se traduit par la qualité de son sommeil – en dépit de sa brièveté (souvent moins de 5 heures); oui, le sommeil des pieux est miséricorde et guérison – Oui, il n’y a pas meilleur médicament que le sommeil d’un pieux (activation de processus de réparation et de restauration insoupçonnés) ; il participe aussi à la structuration de la pensé, par la guérison de toutes les obsessions (névroses). Par contre, chez l’incrédule, la mauvaise qualité du sommeil et son caractère non réparateur sont la règle, en dépit de sa longueur – sans compter les cauchemars qui sont autant d’avertissements pour appeler à changer de comportement ; oui, le sommeil d’un incrédule n’est qu’avertissement et ‘’châtiment’’, mais malheureusement le message n’est que très rarement perçu. Bref, la qualité du sommeil est fonction essentiellement de la spiritualité et ceci peut être démontré par des études scientifiques orientées dans cette perspective.
Au demeurant, on ne peut pas parler du sommeil sans parler du rêve – un phénomène tout aussi complexe et mystérieux, et qu’on ne peut pas appréhender véritablement en dehors de Dieu. Selon les Textes Sacrés, il s’agit d’un message codé (parabolique) dont l’interprétation a été enseignée par Dieu à certains de ses serviteurs bienfaisants (pieux) ; le récit du Prophète Joseph (Youssoufa) est très explicite (12. Joseph : 4-6 … 36-49 … 101 – Yûsuf). Il s’agit là d’une réalité partagée par toutes les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme et Islam) et qu’on ne peut pas évacuer au nom d’une certaine toute puissance de la science. En vérité, être scientifique, c’est de nos jours, être avant tout rationnel, mais pas exclusivement, car tout savant qui ne se consacre qu’au rationnel et qui élimine l’irrationnel dans son domaine d’investigation finira inexorablement par perdre sa rationalité. Hélas, c’est ce qui est arrivé à la plupart des chercheurs occidentaux, et ils n’en sont même pas conscients. Oui, on ne peut rien savoir véritablement tant qu’on n’a pas atteint la dimension métaphysique dans ses investigations ; cela n’exclut guère de faire toutes les investigations nécessaires, pour confirmer nos convictions religieuses – à savoir, pour nous musulmans, que le Coran est vérité, conformément au défi lancé par Dieu aux savants :
(53) Nous leur montrerons nos Signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur devienne évident que cela (le Coran) est la Vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit témoin de toute chose ? (41. Les Versets détaillés : 53 – Fussilat)
C’est dire, à y regarder de près, que toute chose est un Signe divin et donc un véritable mystère ; ainsi, l’homme ne sait pas grand-chose de lui-même et de son univers ; il en découle que le savant véritable c’est celui qui a une claire conscience qu’il ne maîtrise rien – Une confirmation que les scientifiques n’embrassent, en vérité, qu’une infime partie de la portion la plus infinitésimale de la science de Dieu. Oui ! (255) Allah ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même. Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. … Et de sa science, les hommes n’embrassent que ce qu’Il veut. … Il est le Très Haut, le Très Grand. (2. La Vache : 255 – Al-Baqarah).
Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE
Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
Pédiatre à Thiès
Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès).
