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Relaxe Des Sept Personnes Handicapees Pour Mendicite : Les avocats de la défense accablent l’Etat

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RELAXE DES SEPT PERSONNES HANDICAPEES POUR MENDICITE

Les avocats de la défense accablent l’Etat

Les sept personnes handicapées inculpées pour mendicité ont recouvré la liberté, suite à leur face-à-face avec le juge du Tribunal départemental de Dakar. Ce, en dépit de la peine d’avertissement de dix jours ferme requise par le parquet contre cinq des prévenus. Une occasion pour les avocats de la défense de déchirer l’article 245 du Code pénal qui réprime la mendicité. Mais, également de tirer sur l’Etat qui, disent-ils, n’a rien fait pour éviter cette situation.

Après trois jours de détention pour le délit de mendicité, les sept handicapés (six femmes et un homme) ont fait face, hier, au juge du Tribunal départemental de Dakar. Lors de ce procès, la salle 7 a été trop étroite pour contenir tous les handicapés qui ont fait le déplacement dans un élan de sympathie et de solidarité pour soutenir leurs compagnons d’infortune. Nombreux sont ceux qui n’ont pu accéder à la salle d’audience, mais qui sont restés dans le hall du Tribunal, anxieux, dans l’attente du dénouement de l’affaire. Aussi, n’ont-ils pas boudé leur plaisir lorsque le délibéré du juge est tombé, en début d’après-midi.

Tous les mis en cause ont été relaxés au bénéfice du doute par le juge dont deux, en l’occurrence Sokhna Kébé et Mamadou Sy, renvoyés des fins de la poursuite sans peine ni dépens. En faveur de ces deux dernières prévenues, le représentant du parquet avait également requis la relaxe. Tout le contraire des autres mis en cause, contre qui, il avait sollicité une peine d’avertissement de dix jours ferme. Il s’agit entre autres de Ami Kébé, Awa Fall, Ami Gningue et Khoudia Lèye. Ces mises en cause, estime l’avocat de la société, sont sous le coup des dispositions de l’article 245 du code pénal qui répriment la mendicité. En effet, informe-t-il, l’article interdit la mendicité sauf les vendredis. Mieux, le substitut du procureur d’ajouter que seules les mosquées sont les lieux autorisés pour la mendicité. Une disposition ignorée par les prévenus. Seule Sokhna Kébé, interpellée aux alentours de la mosquée de l’avenue Roosevelt, s’est conformée, selon le représentant du parquet, à l’article 245 du Cp. Mamadou Sy, quant à lui, se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. Ce dernier se rendait, dit-il, à l’hôpital Le Dantec, quand il a été arrêté par les limiers à hauteur de l’hôtel des députés. C’est à cet endroit que les autres prévenues ont été interpellées. A la barre, les compagnons de Khoudia Lèye ont révélé qu’elles ont été chassées, dans un premier temps, de l’avenue Roosevelt, au centre ville. C’est ainsi qu’elles se sont dirigées vers l’hôtel des députés pour partager leurs gains. Mais, c’était sans compter avec les limiers décidés à les traquer.

La défense tire sur l’exécutif

A la suite des réquisitions du parquet, les avocats de la défense se sont succédé à la barre pour démonter l’argumentaire du ministère public et s’en prendre à l’Etat. «C’est l’Etat qui est responsable de cette situation», charge d’emblée Me Mbaye Jacques Ndiaye qui révèle que «de Senghor à nos jours, aucun gouvernement ne s’est jamais soucié des handicapés. La carte d’égalité des chances n’est qu’une simple formalité et rien d’autre», ajoute l’avocat qui n’a pas manqué de dénoncer les conditions de détention de ses clients. En effet, aussi bien la prison que le Tribunal de Dakar n’ont d’infrastructures adéquates pour accueillir les personnes vivant avec un handicap. Selon Me Ndiaye, il urge de déchirer l’article de toutes les controverses.«L’article 245 du Code pénal est purement colonial. C’était une manière pour les colons d’imposer leur coutume et cette loi a été purement appliquée à Dakar plateau où vivaient ces derniers», cogne la robe noire, avant que son confrère de la défense, Me Ibrahima Mbengue, n’enfonce le clou. «Si on doit condamner les prévenus, le tribunal devra d’abord condamner toute la population pour recel», plaide-t-il, persuadé que si le phénomène de la mendicité prend de l’ampleur au Sénégal, c’est grâce à la population.

Pour Me Souleymane Ndéné Ndiaye, ces personnes ont bel et bien le droit de mendier parce qu’elles ne peuvent pas travailler. «Elles sont incapables de travailler», martèle l’avocat. Très en verve, le député du peuple, Me El Hadj Diouf est d’avis que l’Etat doit prévoir un budget pour les handicapés comme il l’a prévu pour les ministres et les députés. Une déclaration qui a arraché des applaudissements aux personnes handicapés massées dans la salle d’audience. Le calme revenu, Me Diouf de déplorer le traitement réservé à cette frange vulnérable de la population qui, dit-il, est minimisée dans la société.

Fatima SY (L’AS)

2 Commentaires

  1. Tôt ou tard, il faudra bien que l’Etat s’attaque au problème de ces bandes de jeunes gens, parasites de la société sénégalaises, qui descendent en commandos dans les rues pour intimider les passants afin de remplir leur calebasse. Je veux parler des Baye Fall. Interdire la mendicité? Oui. Mais TOUTE la mendicité.

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