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Renouvellement Des Permis De Conduire Quand L’etat «rackette» Ses Citoyens

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Tous les moyens semblent bons pour l’Etat du Sénégal pour se faire de l’argent. Il tire double profit de la 28e édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) qui a démarré le 5 décembre dernier et ce jusqu’au 22 courant. Pour cause, les détenteurs d’anciens permis de conduire paient, eux-aussi, un ticket de 500 F CFA pour avoir accès au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), alors qu’ils sont spécialement venus pour bénéficier des nouveaux titres de transport numérisés. Ce qu’ils jugent «anormal» et dénoncent une «arnaque» de la part de l’Etat.
Alors que la hausse du coût de l’électricité n’a pas encore fini de susciter des indignations, voilà que d’autres frais s’ajoutent sur le dos des populations. Et cette fois-ci, ce sont les détenteurs d’anciens permis de conduire qui le supportent. Obligés de renouveler leurs titres de transport d’ici le 31 décembre prochain (date butoir pour avoir les permis de conduire numérisés), les détenteurs d’anciens permis de conduire qui vont au Centre international de commerce extérieur du Sénégal (CICES) où sont installés des bureaux de la Commission de renouvellement Cap Karangué, déboursent chaque jour 500 F CAF à l’entrée. Et ce, depuis que la 28e édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) a ouvert ses portes, le 5 décembre dernier et qui prend fin le 22 décembre prochain.
 
Le comble, c’est qu’une personne peut payer plus de 1500 F CFA avant de disposer du sésame : 500 F CFA quand on vient pour un rendez-vous, 500 F CFA le jour du dépôt des dossier, 500 F CFA pour le retrait du permis… et si on ne parvient pas à déposer ou retirer le permis lors du premier passage, on est obligé de payer encore 500 F CFA pour la prochaine fois. Cette somme vient  ainsi s’ajouter aux frais pour la confection du nouveau permis de conduire numérisé. Ce qui n’est pas du goût des personnes trouvées sur place hier, jeudi 19 décembre.
 
Car, actuellement, il y a affluence certes, avec toutes sortes de personnes convergeant vers le CICES, mais les besoins ne sont pas les mêmes. Moussa Diop, assis sur le petit mur à côté du bureau de Cap Karangue du CICES, ne cache pas son indignation. «J’ai payé 500 F CFA pour le ticket d’entrée au CICES, mais ce n’est pas normal. L’année dernière, quand mon frère renouvelait son permis de conduire, ça se passait là-bas dans les blocs à côté de l’entrée, alors pourquoi cette année, on le fait dans l’enceinte du CICES», déplore le jeune homme qui vient de la Médina. Allant plus loin, le chauffeur de taxi estime que c’est juste une «façon de soutirer de l’argent aux populations».
 
A côté de lui, on retrouve Ousmane Faye qui a quitté Liberté VI. Il embouche la même trompette.  «Franchement, je ne sais même pas quoi dire. Imaginez-vous, on nous dit que le timbre fiscal pour le nouveau permis de conduire est à 10.000 F CFA. Pour le certificat médical de visite et contre visite, tu paies 2000 F CFA, sans compter les autres frais, photocopies et autres. Ici au CICES, tu débourses encore 500 F CFA pour le ticket de la foire alors que tu n’es pas venu pour ça. Finalement, je me demande dans quel pays sommes-nous ?», soutient-il, la quarantaine déjà sonnée. Etalant encore sa colère, il ajoute: «d’ailleurs, je ne comprends même pas pourquoi imposer subitement aux gens de changer leurs permis, je crois qu’il y a quelque chose qui se cache derrière».
 
«ILS DEVRAIENT Y AVOIR UNE SECURITE CHARGEE DE VOIR LES GENS QUI VIENNENT POUR LES BESOINS DE LA FOIRE ET…»
 
Ils sont nombreux à étaler leur colère au CICES. «Moi, les 500 F CFA ne me posent pas trop de problèmes. Ce qui me fait mal, c’est que j’ai eu mon permis et quelques mois après, on me demande encore de payer 10.000 F CFA alors que mon permis est toujours en cours de validité. C’est vraiment difficile, alors qu’on est père de famille. Quelqu’un qui a son permis en cours de validité ne devrait pas payer les 10.000 F CFA car, c’est l’Etat-même qui nous demande de changer nos permis. C’est ça mon problème», explique Modou Fall qui vient de Sandaga. «Après tout, on te demande encore de payer 500 F CFA pour la foire alors que tu es venu pour renouveler ton permis de conduire. C’est du n’importe quoi», martèle le jeune homme. 
 
«Ils devraient y avoir une sécurité chargée de voir les gens qui viennent pour les besoins de la foire et pour le renouvellement des permis de conduire pour qu’on fasse la distinction. Celui qui est venu pour les permis montre ses papiers et on le laisse entrer, c’est facile», dit-il. «Je pense que c’est fait sciemment. En plus de passer toute la journée ou la nuit ici, tu paies encore alors que l’Etat pouvait prendre les mesures nécessaires pour permettre aux gens d’avoir facilement leurs permis sans beaucoup de dépenses. On pouvait aménager une autre porte ou délocaliser le service, mais non», estime Mamadou Diop.
 
Au CICES, il y a du monde au niveau du site pour les nouveaux permis de conduire numérisés. Toutefois, selon nos interlocuteurs, «le service est rapide par rapport aux autres centres» tels que Lat-Dior et Beaux Maraichers. Pour rappel, l’Etat du Sénégal avait  fixé au 3 septembre 2019 la date butoir pour les nouveaux permis de conduire numérisés, avant de la proroger jusqu’au 31 décembre prochain.
 
LA TRAITE DES RABATTEURS
 
Une file indienne, à perte de vue ! Donnant l’impression que nous sommes un jour de scrutin présidentiel ! Que nenni ! Il s’agit des Sénégalais qui cherchent à obtenir de nouveaux permis de conduire numérisés. Certains disent avoir passé la nuit pour obtenir une bonne place. D’autres soutiennent avoir réglé le réveil à 5 heures pour être sur les lieux à 6 heures. Mais, ce sont les «goorgoorlu».
 
A côté, il y a d’autres Sénégalais qui dorment jusqu’à 10 heures pour se rendre tranquillement au CICES. Ce qui ne les empêche pas d’être traités en premier. Et pour cause, ils avaient versé, la veille ou le jour J, une somme de 5000 F CFA à un rabatteur qui se charge de les épargner du parcours du combattant. Souvent, au vu et au su de tout le monde. Une attitude sénégalaise voire africaine qui continue son petit bonhomme de chemin et qu’on retrouve dans toute l’administration. Face à la situation de la dernière minute, ces rabatteurs se frottent les mains. Une bonne partie des demandeurs du nouveau titre de transport passent d’abord chez eux, afin d’éviter de faire la queue ou de se lever très tôt le matin. Quel «drame» !      
sudonline.sn

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