Plus de 50 ans après les indépendances, la majorité des pays d’Afrique subsaharienne n’est même pas encore à genoux, mais toujours à terre. L’Afrique au sud du Sahara fait pratiquement face aux mêmes problématiques qu’au lendemain des indépendances. La résolution de ces problèmes a été à l’origine des transitions démocratiques des années 1990 en vue de refonder l’Etat africain. Hélas, 26 ans après cette période de constitutionnalisme africain, « dara digoufi » (rien à changer). Une situation bien décrite par Thiat et Kilifeu du groupe de Rap Keur Gui «Les mêmes chats, les mêmes chiens ; les mêmes va, les mêmes viens ; les mêmes cas, les mêmes faits ; même cinéma, même schéma ; même promesse électorale, même bradage du littoral… le pays (l’Afrique) est dans un k-o total». Alors, les urgences sont nombreuses et sont ailleurs. L’Afrique a besoin d’un choc thérapeutique pour une thérapie de choc. Heureusement que les Présidents Macky Sall et Yaya Jammeh ont finalement pris la pleine mesure des souffrances des populations des deux pays. Cet esprit de dépassement est à saluer et il prouve à nouveau que ce qui lie les deux peuples est beaucoup plus important que ce qui les désunit.
L’invitation par la radio BBC Focus On Africa ce dimanche de l’éminent intellectuel sénégalais M. Adama Gaye et de la Ministre gambienne des Affaires étrangères Mme Nenneh Gaye pour parler du blocus de la transgambienne est très riche en enseignements. Cette invitation des deux « domu Bay » est une autre preuve que nous sommes bien en famille. Si ce n’était la colonisation, ils seraient certainement des concitoyens. Des problèmes dans une famille, c’est presque un phénomène que je pourrais qualifier sociologiquement de normal. En fait, dans l’esprit d’Emile Durkheim « un phénomène est normal quand on l’observe dans la plupart des sociétés d’une espèce donnée situées à un même stade de développement ». Cela dit qu’au-delà des mécanismes dits modernes, il serait intéressant que l’on puise souvent dans nos mécanismes traditionnels de résolution de conflit dont leur pertinence n’est plus à démontrer. Vivement que cette page soit tournée et plus jamais ça. Néanmoins, nous citoyen(ne)s sénégalais(es), il est de notre droit d’exiger de nos gouvernants une réelle politique de désenclavement de la Casamance pour que l’on ne soit plus tributaire des humeurs d’un chef d’Etat gambien. A titre d’exemple, un « ILA CASAMANCE » par voie ferroviaire mériterait bien d’être placé au rang des intérêts vitaux pour reprendre l’ancien Premier ministre Idrissa Seck sur sa proposition d’hiérarchiser les intérêts du Sénégal. Cette voie ferroviaire pourrait être très décisive dans la résolution du plus vieux conflit armé africain qui frappe le sud de notre pays. « Ko ALLAH adu jàm » (que la paix règne sur nous et entre le Sénégal et la Gambie). « Africa, go ahead »
Adama SADIO ADO
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