Le Président Macky Sall avait annoncé le 11 Mai 2020 dans une allocution télévisée la nécessité « d’apprendre à vivre en présence du virus » qui devrait continuer à circuler dans le pays jusqu’en août, voire septembre « dans le meilleur des cas ». C’est dans ce même sillage qu’il avait informé de la réouverture des écoles pour le 2 Juin, mais seulement pour les quelque 551 000 élèves des classes d’examen (CM2, 3ème, terminale) sur un total de 3,5 millions d’écoliers et de lycéens.
A partir de cette date, le ministre de l’éducation ne disposait plus que de 21 jours pour matérialiser cette vision du Chef de l’Etat et permettre à notre pays à l’instar d’autres de la sous-région de sauver l’année scolaire 2020 jusqu’ici compromise par la crise liée à la pandémie de la Covid-19.
Le modèle qui devait conduire à la reprise des enseignements apprentissages était bien soutenable car s’appuyant sur trois leviers que l’on trouve dans toutes les écoles : l’équipe pédagogique, le groupe pédagogique et les classes physiques. Dans chacune de ces dernières, il était prévu de mettre entre 10 et 20 élèves permettant ainsi une distanciation des plus acceptables.
Cette stratégie, rappelons-le, a fait l’objet d’un large consensus car ayant reçu l’onction de tous les acteurs (syndicats, associations de parents d’élèves, autorités académiques…). Chaque semaine se tenaient au ministère de l’éducation des réunions où étaient conviées tous les acteurs du secteur.
Un protocole sanitaire de 10 pages a été élaboré et proposé par le Ministère de la santé et de l’action sociale à travers le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS). Il a été dénommé « Procédure Opératoire Normalisée (PON)/ Protocole de sécurité sanitaire pour le reprise des apprentissages dans les structures scolaires ».
C’est ce dit protocole qui a servi de ligne directrice au secteur de l’éducation et le ministre en charge de ce secteur a plusieurs fois rappelé je le cite « partout où le protocole n’est pas respecté que l’école n’ouvre pas ses portes ».
Il a fallu, afin de respecter les indications du COUS, trouver pas moins de 1.653.000 masques à raison de 3 par élèves. Tout cela en 21 jours !
Comprenant toute la difficulté dans la mise en œuvre, le ministre du développement industriel et des PME en a offert 500.000, les élus locaux en aussi en ont donné et le ministère concerné en a également commandé. Tout le monde s’y est mis pour que la réouverture se fasse dans les meilleures conditions. C’est aussi le cas pour de nombreux responsables politiques qui ont fourni du matériel aux écoles de leur localité d’origine.
Toujours et suivant le PON, des thermoflashs, des laves mains, du savon liquide…devraient être trouvés et acheminés avant le 2 Juin dans toutes les écoles concernées par la reprise, de Dakar à Bakel et de Saint Louis à Ziguinchor. Toutes les zones et mêmes les plus enclavées devaient recevoir le matériel prévu par le protocole.
Ensuite est arrivé le moment où les enseignants devaient être transportés vers leurs postes. C’est là où le ministère des transports terrestres est entré en jeu en confiant l’opération à la société Dakar Dem Dikk ; Les services de l’éducation ont pour cela fourni toutes les informations à l’entreprise de transport qui a décidé de fixer le point de départ au rond point Liberté 5, lieu où elle a l’habitude de prendre départ dans le cadre de l’initiative « Sénégal Dem Dikk ». La donne qui n’a pas été intégrée et qui a contribué à un rassemblement monstre c’est le fait que beaucoup de ces enseignants avaient prévu de voyager avec leur famille.
Ayant appris de l’organisation du premier jour de convoiement, les autres jours ont été sans anicroche et le personnel enseignant a voyagé tranquillement.
Maintenant, c’est arrivé à Ziguinchor que l’autorité administrative en l’occurrence le gouverneur a décidé de tester les enseignants avant leur débarquement. Ce qui n’a nullement été prévu par le PON qui guidait jusqu’ici toutes les actions du MEN. La cohérence aurait voulu, si tel en était le cas, que ces enseignants soient testés au départ comme à l’arrivée. Aujourd’hui, personne ne peut dire avec exactitude si ces instituteurs ont contracté le virus à cause du transport ou s’ils l’avaient avant de prendre les bus.
Au demeurant, on aurait même pu après les avoir testés positifs éviter de donner leur profession car c’est en le faisant qu’on les a tous exposés à la stigmatisation.
Le Président Macky Sall en faisant reporter sine die la réouverture des écoles donne plus de temps de préparation aux différents secteurs concernés pour que la prochaine soit la bonne. Chacun doit pouvoir apprendre de ses faiblesses afin d’améliorer la mise en œuvre de chaque action identifiée.
Quel mal y a-t-il d’essayer ? Si on ne réussit pas, il n’y a pas de honte.
Les autorités n’auraient pas essayé, ils auraient reçu les critiques de ceux là qui aujourd’hui essaient de jeter l’opprobre sur la stratégie d’autant plus que beaucoup de pays dans notre sous-région ont repris les enseignements dans les écoles.
On sait tous comment ça se passe : « bo défé lii, ñu ni la lëlé. Nga def lëlé, ñu ni lii mo ñu gën neex ».
Tous nos encouragements aux acteurs du secteur de l’éducation et qu’Allah fasse que la prochaine soit la bonne.
Une année blanche serait une grosse perte pour notre pays et pour tous ses enfants.
Souleymane Ly
Spécialiste en communication