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Report de l’installation des nouvelles Délégations : L’Etat sous une hantise très spéciale

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Initialement prévues hier, les passations de service entre nouveaux et anciens membres des Délégations spéciales n’ont pas eu lieu. La jurisprudence Malick Bâ a prévalu. En effet, la mesure du ministre des Collectivités locales divise les populations des localités concernées. Ces dernières sont descendues dans la rue pour dénoncer la décision de Cheikh Bamba Dièye.
Malick Bâ a trouvé la mort à la suite d’une série de manifestations relativement modestes contre l’installation de la Délégation spéciale à Sangal­kam. Celles-ci avaient dégénéré le lundi 30 mai 2011 à tel point que ce jeune maçon a été froidement abattu par un gendarme. Hier, le régime actuel a évité cette négligence coupable de l’ancien régime en renvoyant l’installation des nouvelles Délég­a­tions spéciales à une date ultérieure. Force est de constater que la nouvelle mesure prise par le ministre des Collectivités locales et de l’Aména­gement du territoire, Cheikh Bamba Dièye, est loin de faire l’unanimité. Non informées du report, les populations de certaines localités concernées ont pris d’assaut maisons communautaires et mairies qui devraient abriter les passations de service.
A Bambilor, des jeunes ont même veillé devant l’institution jusqu’au matin. Ils ont manifesté leur détermination à barrer la route aux nouveaux délégués spéciaux choisis parmi les anciens élus de Rewmi. «Nous ne nous laisserons pas diriger par un analphabète. Tout ce qui l’intéresse, c’est le foncier», ont-ils pesté. Ils font allusion à l’ancien vice-président du Conseil rural de San­galkam dissout, Ndiagne Diop. Le même son de cloche a fait écho à Fass Barigo (Dé­partement de Guinguinéo). Dans cette nouvelle commune du Saloum, ce sont deux anciens élus qui se battaient contre le découpage administratif qui ont été promus par le ministre des Collectivités locales. Non seulement, ils sont analphabètes, mais ils disaient qu’on devait passer sur leur cadavre pour installer les membres de la Délégation spéciale qu’ils veulent remplacer aujourd’hui.
Ce cas de figure existe dans la nouvelle commune de Sangalkam où ceux qui luttaient contre l’arrivée d’une Délégation spéciale jusqu’à entraîner la mort de Malick Bâ était prêts, hier matin, à célébrer leur nomination avec fastes, comme nouveaux membres de la Délégation spéciale. Le report les a surpris en pleins préparatifs. Mais ce n’est que partie remise, apprend-on.

«REPORT POUR VERIFICATIONS SUPPLEMENTAIRES»
Sur les raisons de ce report, le ministère des Collectivités locales parlent d’un besoin de «vérifications supplémentaires en cours». Au-delà de l’analphabétisme des personnes choisies, cette mesure a du mal à faire l’unanimité chez tous les anciens élus victimes des «ciseaux» du découpage de Aliou Sow. Le processus de désignation des Délégations spéciales de Cheikh Bamba Dièye a été biaisé. Les partis victorieux des élections locales de 2009 ont été choisis à la place des autorités administratives. Ce qui explique, en partie, l’arrivée des analphabètes à des postes traditionnellement réservés aux fonctionnaires en exercice ou à la retraite, réputés politiquement impartiaux. Dans certaines localités, des an­ciens ingénieurs élus sont laissés pour compte au profit d’individus jouissant d’un niveau académique élémentaire.
Pourtant, la jurisprudence administrative a toujours fait qu’en cas de fractionnement d’une collectivité locale, l’Etat assure l’administration de nouvelles entités territoriales jusqu’à la tenue d’élections. Il s’y ajoute que tous les anciens ne sont pas d’accord sur la méthode. A Mbane, le président du Conseil rural déchu par le découpage administratif refuse la formule de Cheikh Bamba Dièye. Aliou Diack préfère l’annulation du découpage au lieu de se retrouver président de Délégation spéciale. Dans la nouvelle communauté rurale de Tivaouane Peulh-Niague, les res­ponsables de l’Al­lian­ce pour la Répu­blique (Apr) dénoncent la mesure du ministre. Dans un article publié dans Le Quotidien de lundi dernier, le spécialiste en Droit public et directeur de Ca­binet du ministre des Collec­tivités locales explique qu’il existe des obstacles juridiques liés à l’annulation, au retrait, à l’abrogation ou à la modification des décrets portant découpage administratif de différentes collectivités locales du pays. Selon quelques experts, l’arrêté pris par Cheikh Bamba Dièye viole la loi. Interrogé sur la question, la semaine dernière, l’expert en dé­cen­tralisation, Amadou Sène Niang, persiste que cette décision de la tutelle est illégale. La seule alternative qui s’offre à lui, dit-il, c’est d’organiser des élections locales après avoir une fois renouvelé le mandat des membres de Délé­gations spéciales. «Mais qu’il est impossible de nommer un conseiller élu pour diriger une quelconque localité», ajoute-t-il. Pour ses pairs qui se sont prononcés sur le sujet, l’Etat ne doit pas vouloir «régler une injustice en faisant dans l’illégalité».
lequotidien.sn

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