En dépit de sa défaite face à Balla Gaye 2, Modou Lô est de plus en plus populaire aux Parcelles assainies, qui l’a accueilli en héros dimanche soir. Mais les Parcellois, qui refusent la gueule de bois après le revers de leur idole, gardent en revanche une dent contre «certaines anciennes gloires»
En dépit de sa défaite face à Balla Gaye 2, Modou Lô est de plus en plus populaire aux Parcelles assainies, qui l’a accueilli en héros dimanche soir. Mais les Parcellois, qui refusent la gueule de bois après le revers de leur idole, gardent en revanche une dent contre «certaines anciennes gloires» qui, selon eux, ont comploté mystiquement pour que le chef de file de l’écurie Rock Energie connaisse la première chute de sa jeune carrière. Les supporters de Modou Lô rencontrés hier matin à l’Unité 10 ne décolèrent pas, et dénoncent une sorte de mafia contre les lutteurs invincibles.
Par Amadou MBODJI
La première contre-performance de Modou Lô a pris les contours d’une victoire à l’Unité 10 des Parcelles assainies, quartier où est nichée la demeure familiale du lutteur. Le combat perdu contre Balla Gaye 2 n’a pas, en effet, empêché d’entretenir une chaude ambiance qui s’est prolongée tard dans la nuit du dimanche, avec une forte mobilisation sur fond de musique et de carnaval, le tout ponctué par des chants en l’honneur de leur idole. Lors de notre passage hier matin à l’Unité 10, les fans continuaient d’investir encore les lieux pour un bain de foule avec leur idole, malheureusement absent de chez lui. Après le réveil matinal, Modou Lô est allé se terrer à Yoff dans un endroit tenu secret pour se taper un bon temps de repos, informe un des membres de son staff.
«Modou Lô était loin d’être abattu après sa défaite. S’il a versé de chaudes larmes, c’est parce qu’il est ému de cette forte mobilisation qu’il n’a jamais vue depuis le début de sa carrière. On se demande d’ailleurs ce qui allait se passer s’il était sorti vainqueur de son duel», s’interroge le vice-président du fan’s club Modou Lô, Karamba Diédhiou. D’autres supporters par contre ont du mal à avaler, pour la première fois la pilule amère de la défaite. C’est le cas de certains membres de l’écurie, assez tendus, et qui ont empêché aux supporters et même à la presse, l’accès à la demeure des Lô.
Trouvé sur les lieux, un jeune homme du nom de Mouhamed, refuse de quitter tant qu’il n’a pas vu son idole et ami : «Personne ne pourra m’empêcher de voir Modou Lô s’il apparaît devant mes yeux», avance-t-il. Ayant partagé la même école arabe à l’Unité 10 des Parcelles assainies en 1992 avec le lutteur, le jeune raconte qu’il était toujours présent dans la chambre de son idole lorsque ce dernier mettait son «Nguimb». Mais cette fois-ci, il dit n’avoir pas sacrifié à la tradition parce qu’il avait senti «les prémices d’une première défaite de Modou Lô».
«IL Y A UNE MAFIA CONTRE LES LUTTEURS INVINCIBLES. YEKINI EN SAIT QUELQUE CHOSE»
La raison, selon lui, tient au fait que le lutteur de Rock Energie n’était pas le même à quelques encablures du combat, du fait «de manœuvres mystiques» de la part du camp adverse. «J’ai eu à le dire à Bécaye Mbaye (de la 2STv) avant le combat, tout en lui demandant de le tenir secret. Je ne voulais pas perturber sa préparation. Mais j’ai fini par lâcher le morceau sur insistance de Modou. Je lui ai dit qu’il n’allait pas sortir vainqueur de son combat contre Balla. Et Modou de rétorquer qu’il s’en remet à Dieu», renseigne Mouhamed qui parle de «complot» pour expliquer le revers de son idole. «Ils ne veulent pas voir de lutteurs invincibles. Il y a une mafia contre les lutteurs invincibles. Yékini en sait quelque chose lors de son combat contre Tapha Guèye. Lac 2 aussi pour avoir échappé devant Eumeu. C’est pourquoi ils ont comploté pour que Modou Lô soit battu. On a vu certaines anciennes gloires, comme le vieux Falaye Bladé s’activer dans le camp de Balla Gaye 2.» Et la plupart des fans présents hier au domicile de Modou Lô d’emboiter la même trompette de la dénonciation pour porter la responsabilité des malheurs de leur idole à «certains activistes».
C’est ainsi que certaines anciennes gloires, «à l’exception de Toubabou Dior», sont pointées du doigt. «Ces anciennes gloires se reconnaîtront. Il y a Manga 2 qui n’a pas pardonné à Papis Général d’avoir intégré notre écurie, celle de Rock Energie. C’est pourquoi il était contre Modou Lô. On n’a pas compris par exemple le comportement du vieux Falaye Baldé. Il devait se limiter à appuyer mystiquement son fils Ama Baldé au lieu de combattre les lutteurs qui ne sont pas directement les adversaires de son rejeton. Modou a été cadenassé mystiquement. On n’a pas besoin d’en être informés. Il suffisait de regarder les images à la télévision ou d’être présent au stade pour en être édifié» peste Modou Ndiaye, autre inconditionnel du leader de l’écurie Rock Energie, qui ajoute : «Et l’on comprend la démarche de Baboye qui a senti ce complot. C’est pourquoi il est descendu dans l’arène soutenir Modou et montrer à Lac de Guiers 2 qui s’était transformé en vrai marabout de Balla Gaye 2, que Modou Lô n’était pas seul.»
Pour El Hadji Diouf, autre membre de l’entourage de l’enfant des Parcelles assainies, cette défaite n’a rien enlevé à la bravoure de leur idole. Au contraire selon notre interlocuteur, «c’est une défaite aux allures de succès pour Modou Lô qui est tombé les armes à la main, car ayant affaire à plusieurs adversaires à la fois».
«C’EST EUMEU SENE LE ROI DE LA BANLIEUE»
Et Maïmouna Ndiaye, une autre supportrice, moulée dans un pantalon noir surmonté d’une chemise à manches courtes de couleur blanche, de s’inscrire en faux contre l’opinion qui veut crayonner le fils de Double Less comme le nouveau Roi de la banlieue. «Balla Gaye 2 ne peut pas se réclamer Roi de la banlieue. Ce titre revient à Eumeu Sène qui l’avait terrassé avant d’amener Lac 2 pour la première fois de sa carrière chez Ardo, le médecin», tient-elle à préciser avec un brin d’ironie. Avant de lâcher sur un ton amer : «Ce qui me fait mal, c’est d’avoir vu Modou Lô enregistrer son premier faux pas contre Balla Gaye. J’aurais préféré que Yawou Dial batte mon idole, plutôt que le fils de Double Less.»