Après qu’une délégation des anciens combattants de la Guerre du Golfe, conduite par le sous-officier Fallou Niang et le soldat de première classe El hadji Abdoulaye Diouf eut saisi par écrit JAMRA, pour solliciter ses bons offices dans ce délicat dossier d’indemnisation des « Diambars » – qui courent toujours derrière leurs dû, depuis leur retour de la 1ère Guerre du Golfe – une lueur d’espoir est apparu avec l’implication personnelle du ministre de tutelle.
Le médiateur de JAMRA, Mame Mactar Guèye, accompagné du représentant des militaires-rescapés le Sergent Ibrahima Makalou Cissé, de la représentante des veuves Adja Salla Guèye et de la mandataire des orphelins Fatou Diaw, a été reçu, ce lundi 19 mars 2018 à 8h30, par le ministre des Forces armées, M. Augustin Tine, entouré de ses plus proches collaborateurs : le directeur de cabinet Samba Diouf, le chef de Cabinet militaire le Colonel Birame Diouf, le directeur de la Législation le Colonel Wagane Faye, le directeur de l’administration général et de l’équipement le Colonel Babou Faye et de son Aide de Camp le Capitaine Massamba Ndiaye.
JAMRA a d’emblée tenu à se féliciter de la prompte réaction du ministre Augustin Tine, dont une large frange de l’opinion n’a pas manqué d’apprécier la bienveillante diligence dont il a fait preuve, suite au cri du cœur des « Diambars », relayé par une télévision de la place. Faisant la genèse du dossier, M.Guèye a rappelé que c’est sur demande expresse du royaume saoudien, alors menacé d’une extension du conflit déclenché par l’Irak de Saddam Hussein, qui venait par sa force militaire d’envahir le Koweit, que le Sénégal a été le premier pays africain à répondre à l’appelle de Ryad, en envoyant un contingent de 495 soldats, pour sécuriser les Lieux saints de l’Islam et protéger les puits de pétrole.
La mission du contingent sénégalais dura six mois, de septembre 1990 à mars 1991. A la fin de leur campagne militaire, alors qu’ils revenaient de la Mecque, pour les besoins de la «Oumra», l’avion militaire des «Diambaars», un C-130, rate son atterrissage sur la piste de la base aéronavale de Rass-Meechab, avant d’exploser, dans la nuit du jeudi 21 mars 1991, à 04H40 du matin. Quatre-vingt-onze (91) «Diambaars» ainsi que les 6 membres de l’équipage saoudien, périrent sur le coup. Les deux blessés graves, le capitaine Moussé Yess Dia et le soldat Lamine Dramé, décèdent durant leur évacuation sanitaire, portant à 93 le nombre des victimes sénégalaises. Les défunts «Diambaars» furent inhumés dans la province de Nairiyah, où un mausolée a été érigé en leur mémoire, en présence du ministre sénégalais de la Défense, M. Médoune Fall, du chef d’Etat-major général des armées, le général Mansour Seck, et du général des Forces Musulmanes Alliées, le Prince Khaled – qui se rendra quelques semaines plus tard au Sénégal, pour présenter les condoléances du Royaume saoudien.
De retour en terre sénégalaise, les 402 rescapés ainsi que les veuves des 93 soldats tombés au champ d’honneur, se constituèrent en association, pour effectuer des démarches administratives auprès des autorités sénégalaises, afin de percevoir leurs indemnités de guerre, à l’instar de leurs frères d’arme des autres contingents étrangers. Mais sans succès. Pendant des années ont leur opposa comme argument que l’Arabie Saoudite leur avait déjà fait remettre, par le biais de leur Etat-Major, les sommes 1.000.000 fcfa et 1.042.000 fcfa, respectivement par rescapés et par famille de soldat défunt. Ce que les militaires sénégalais ont toujours contesté, arguant qu’il ne s’agissait pas d’une «indemnité de guerre» mais plutôt d’une «Home leave perdium», ainsi qualifiée dans le jargon des coalitions militaires internationales, pour indiquer qu’il s’agit d’une prime de congés. En effet, les Saoudiens, s’inspirant du système américain, dans la gestion des campagnes militaires extérieures devant durer six mois ou plus, attribuaient aux contingents étrangers cette prime de congé pour leur permettre, au bout de deux ou trois mois, d’aller en permission pour quelques jours auprès de leurs familles respectives, dans leur pays d’origine. Presque tous les contingents étrangers avaient encaissé, sur place, cette prime de congés, excepté le contingent sénégalais, alors dirigé par le Lieutenant-Colonel Babacar Gaye (aujourd’hui Commandant). Les troupes sénégalaises avaient ainsi préféré attendre la fin de la campagne militaire pour toucher cette prime de congés. Dès lors, il n’y avait qu’un pas pour qu’une confusion s’installe, tendant à assimiler le paiement (rétroactif) de cette prime de congés au versement effectif d’une indemnité de guerre. Et certains responsables sénégalais n’ont malheureusement Pas hésité à franchir ce pas.
Les anciens combattants de cette première guerre du Golfe, qui contestent toujours cette prime de congés que l’on veut assimiler, à leur détriment, à une prime de guerre, sont d’autant plus fondés dans leur inquiétudes que l’Arabie Saoudite est réputée être respectueuse des honneurs dus à la vie humain, surtout celles tombées sur les Lieux Saints, fût-ce à l’occasion d’un tourisme religieux. La sollicitude dont firent preuve les autorités saoudiennes, après l’accident survenu le 11 septembre 2015 lors des travaux d’extension de la Mecque, en attestent largement. La chute d’une grue avait entrainé l’effondrement de dalles et causé la mort de 107 personnes et des dizaines de blessés. Mais chaque famille de défunt reçu la somme de 140 millions fcfa à titre d’indemnités, pendant que les blessés recevaient chacun 70 millions fcfa, selon un compte rendu officiel de la SPA (Saoudia press agency), l’agence de presse gouvernementale saoudienne. Ces victimes, bien que se trouvant de leur propre chef sur les lieux du drame, dans le cadre d’un tourisme religieux, furent ainsi grassement dédommagées par l’Arabie Saoudite. A fortiori ceux que ce même royaume saoudien a fait venir sur son sol, en mission commandée, et qui y ont versé leur sang, y ont rendu l’âme en défendant l’intégrité territoriale de la capitale de la Oummah mondiale, sur requête du gouvernement saoudien !
En sus de l’indemnisation consentie par l’Arabie Saoudite (et que les « Diambars » n’ont toujours pas reçue), il y a une autre forme d’indemnisation dont ils n’ont pas, non plus, vu la couleur de l’argent. C’est celle de la CINU (Commission d’indemnisation des Nations-Unies). Celle-ci avait octroyé des compensations financières aux soldats, par l’application de la résolution n°1483 du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui imposait à l’Irak de Saddam Hussein, après sa défaite militaire, une formule spéciale d’embargo intitulée « pétrole contre nourriture ». Cette sanction pécuniaire, poursuivie jusqu’en avril 2013, avait permis de collecter pas moins de 500 milliards de francs cfa, aux fins de dédommager les victimes des dommages collatéraux, industriels et écologiques, consécutifs à cette invasion irakienne, mais surtout les pertes humaines, essuyées par les contingents militaires étrangers.
Après avoir prêté une oreille attentive à cette restitution historique et documentée faite par le mandataire de JAMRA, M. Augustin Tine, en sa qualité de ministre de tutelle, a réitéré à la délégation sa totale disponibilité pour s’impliquer dans une démarche bienveillante de clarification de ce pénible dossier, touchant de braves compatriotes qui ont toujours donné leur sang dans la défense de l’honneur de notre cher pays. Lequel n’a jamais failli à ses engagements internationaux, dans les opérations de maintien de la paix, sur différents théâtres d’opération à travers le monde. Avant de s’engager à reprendre langue avec la délégation, dès qu’il aura fidèlement rendu compte au chef de l’Etat et au Premier ministre, dont il assure présentement l’intérim.
Dakar, le 19 Mars 2018,
Les Bureaux exécutifs
de JAMRA & Mbañ Gacce
Reprise Du Dialogue État/jamra/anciens Combattants De La Guerre Du Golfe: Jamra Salue La Prompte Réaction Du Ministre De La Défense Augustin Tine !
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