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Révélations sur les connexions financières d’Al Qaida au Sénégal

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Au lendemain de l’inculpation de Mohamed Gassama, Saïd Ali et Cheikh Gaye pour financement du terrorisme et blanchiment de capitaux entre autres chefs d’inculpation, « L’As » avait promis à ses lecteurs de revenir sur les dessous de cette affaire. Une affaire qui est loin d’être banale. Et pour cause, au cœur du dossier se trouve Hassan Farah, fiché comme un financier d’Al Qaïda à travers Al Barakak. Tout a commencé à Ngor…

Une fiche alerte les autorités sénégalaises

Il appartient aux mis en cause de prouver leur innocence, mais le dossier de financement du terrorisme et de blanchiment d’argent activé par le Parquet de Dakar, et qui a conduit à l’inculpation des nommés Mohamed Gassama, Saïd Ali et Cheikh Gaye est loin d’être une mince affaire. Au contraire, le dossier pendant devant le premier cabinet d’instruction est très solide. « L’As » a appris de sources autorisées que ce sont les services secrets américains, comme dans l’affaire John Oby avec la Dea, qui ont communiqué une fiche aux autorités sénégalaises pour les alerter sur des communications téléphoniques inquiétantes. De quoi s’agissait-il ?

Les liens sénégalais d’Hassan Farah

Des communications sénégalaises du nommé Hassan Farah, fiché comme étant un des financiers du terrorisme grâce à la société Al Barakak, frappée par une résolution depuis 2001. Cette société, comme l’indique la résolution, a été inscrite « comme associée à Al-Qaïda, à Oussama Ben Laden ou aux Talibans, au motif qu’elle a participé au financement, à l’organisation, à la facilitation, à la préparation ou à l’exécution d’actes ou d’activités en association avec l’organisation Al-Qaïda et, sous leur nom, pour leur compte ou pour les soutenir, a fourni, vendu ou transféré des armes et matériels connexes à ceux-ci ; a recruté pour leur compte ou soutenu, de toute autre manière, des actes commis par eux ou des activités auxquelles ils se livrent ». Le même Hassan Farah est suspecté d’être en collusion avec des réseaux terroristes signalés au Yémen, en Somalie, au Kenya et au Royaume-Uni.

À plusieurs reprises donc, le même Hassan Farah a appelé au téléphone des numéros du Sénégal pour de longs entretiens téléphoniques. L’affaire est d’autant plus troublante que les services secrets ont communiqué aux autorités judiciaires sénégalaises une série de numéros Orange ayant échangé avec Farah à un rythme pour le moins élevé. Le Parquet de Dakar, une fois ces informations en main, a mis la section recherches de la Gendarmerie nationale sur le coup.

Au commencement était une villa de Ngor

Des réquisitions sont envoyées à la Sonatel pour mettre un nom sur ces numéros « collés » à Hassan Farah. Coup de théâtre : la Sonatel communique les identités collées aux numéros, dont un certain A.Gning, mais les vérifications permettent vite aux enquêteurs de découvrir que de fausses identités avaient été utilisées. Grâce à la géolocalisation, les enquêteurs tentent de cerner géographiquement les téléphones portables qui abritent les numéros mis en cause et retrouvent deux signalements dans la zone de Ngor.

Plus précisément, les numéros conduisent à la résidence d’une certaine A.Guissé. Les enquêteurs procèdent à une discrète surveillance de la villa, à des filatures avant d’appréhender les propriétaires des deux numéros : Mohamed Gassama et Saïd Ali.

53 millions de Fcfa virés depuis Dubaï interceptés

Au fil des auditions et recoupements des déclarations des deux mis en cause, les enquêteurs rassemblent des éléments plus qu’accablants, surtout contre le nommé Saïd Ali qui a la nationalité canadienne. D’abord, les enquêteurs interceptent un virement de 53 millions de Fcfa effectué depuis Dubaï par le même Hassan Farah au nom d’une société dirigée par Saïd Ali qui jure qu’il est son « neveu ». Ce dernier soutient aussi que l’argent devait servir à financer une mosquée mais il se livre aussitôt à des explications confuses. Notamment concernant la société qui a ses quartiers aux Almadies. Saïd plaide que la société d’Investissement qu’il dirige a été financée par son « oncle », après avoir eu des problèmes avec un de ses associés. Les enquêteurs effectuent une perquisition dans le siège de la boîte, mais ne découvrent dans la soi-disant société d’investissement même pas la trace d’un…bout de papier. Visiblement, il s’agissait d’une simple couverture compte tenu des montants virés à cette société sans la moindre activité et qui devait acheminer des « containers remplis de portes » à Dakar.

Gassama révèle les « actions violentes » théorisées par Saïd

Gassama, proche de Saïd, est pris au piège par les fiches de surveillance. En effet, les enquêteurs avaient déjà l’information qu’il avait rencontré dans un restaurant de Dakar un imam mauritanien suspecté d’être un militant salafiste. Rencontre que ne nie pas Gassama. Pour autant, il soutient qu’il n’est pas membre d’Al Qaïda. Gassama reconnaît seulement avoir des affinités avec deux associations musulmanes basées à l’Ucad et à Ziguinchor (…). Interrogé sur son « ami » Saïd, Gassama lâche un gros morceau pour les enquêteurs. Il affirme avoir entendu un jour Saïd dire qu’il faudrait utiliser l’action violente contre les « impies » au Soudan. La déclaration de trop ?

Quant à Cheikh Gaye, celui dont l’avocat Me Khaly Niang clame l’innocence, c’est après le déférement des deux premiers nommés que les gendarmes l’ont présenté au parquet. Il maintient qu’il n’était qu’un interprète pour Saïd Ali et Mohamed Gassama, dans leurs relations d’affaires avec Hassan Farah et un Anglais du nom d’Adams, qui se trouve, lui aussi dans le collimateur des « services » depuis plusieurs années. L’affaire est loin d’avoir révélé tous ses secrets. A suivre…

Cheikh Mbacké GUISSE

lasquotidien.info

 

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