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Russie-Ukraine: quand Poutine dicte sa loi au monde (Par Mohamed DIA)

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Qu’est-ce que l’Ukraine a fait à la Russie pour mériter cette invasion? Objectivement parlant, nul ne pourra répondre à cette question sans parler de l’OTAN ou des torts commis par d’autres pays envers d’autres pays. Est-ce que cela donne le droit à n’importe quel pays de se lever et d’envahir un autre pays sur la base de suspicions ou parce que d’autres pays le font ?
Deux torts ne font pas un droit

L’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) a été mise en place par la Russie et elle est vue comme l’équivalent eurasiatique de l’OTAN. Elle est composée par six républiques ex-soviétiques : la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kirghizstan, le Kazakhstan, et le Tadjikistan. La Russie a ainsi mis en place une coopération militaire et le traité a été signé à Tachkent le 15 mai 1992. La Russie n’a pas demandé l’autorisation de l’OTAN et elle n’a pas à le faire et il n’y a pas eu d’invasion de pays indépendants à cause de ce traité signé. Pourquoi donc l’OTAN devrait-elle demander l’autorisation à la Russie pour s’élargir ?
“De nombreux Irakiens peuvent m’écouter ce soir sur les ondes dans leur langue, et j’ai un message pour eux. Si nous devons entamer une campagne militaire, elle sera dirigée contre les hommes sans foi ni loi qui gouvernent votre pays et non pas contre vous. Lorsque notre coalition les chassera du pouvoir, nous vous distribuerons les vivres et les médicaments dont vous avez besoin. Nous détruirons l’appareil de la terreur et nous vous aiderons à construire un nouvel Irak prospère et libre. Dans un Irak libre, il n’y aura plus de guerres d’agression contre des Etats voisins, il n’y aura plus de fabriques de poisons, il n’y aura plus d’exécutions d’opposants et il n’y aura plus de chambres de torture et de salles de viol. Le tyran disparaîtra bientôt. Le jour de votre libération est proche”. Cela est un extrait du discours de George W Bush avant la guerre en Irak. Les Etats-Unis avaient envahi l’Irak, avaient capturé Sadam et l’avaient fait pendre sans preuve de la raison de l’invasion invoquée, les armes à destruction massive.
URSS

A la fin de de 1991, quand l’Union sovietique s’effondrait, elle possédait environ 27 000 armes nucléaires, dont des missiles balistiques terrestres, sous-marins et bombardiers et plus de 15 000 ogives destinées aux missiles à courte portée et des intercepteurs nucléaires. En 1991, plus de 80 % des armes nucléaires stratégiques soviétiques, y compris des sous-marins de missiles balistiques, ont été déployés dans des bases en Russie. Le reste des armes nucléaires stratégiques ont été déployées en Ukraine, en Biélorussie et au Kazakhstan. En 1996, tous ces États avaient restitué leurs ogives nucléaires à la Russie et commencé à éliminer les lanceurs d’armes nucléaires stratégiques aux termes du traité de la START I (Strategic Arms Reduction Treaty), qui était “un traité bilatéral entre les États-Unis et l’Union soviétique sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs. Le traité a été signé le 31 juillet 1991 et est entré en vigueur le 5 décembre 1994”. Tous les pays avaient restitué les armes à l’exception de l’Ukraine qui en disposait jusqu’en 2001.
UKRAINE

L’Ukraine, comparable en taille et en population à la France, est un grand, important État européen du fait qu’elle occupe la position géostratégique entre la Russie et les nouveaux États membres de l’OTAN dont  la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. D’un côté, les Russes n’ont jamais été pleinement réconcilié avec l’indépendance de l’Ukraine vis-à-vis de l’Union soviétique en 1991, et estiment que le pays devrait être dans l’orbite politique et économique de la Russie. De l’autre côté, les américains et européens, en particulier ceux d’ Europe centrale et orientale, pensent qu’une Ukraine forte et indépendante est une source importante de stabilité régionale.
Du milieu des années 1990 à 2004, la scène politique ukrainienne est dominée par le président Leonid Kuchma et des groupes oligarchiques basés dans l’est et le sud de l’Ukraine qui l’ont soutenu. Kuchma a été élu président en 1994 et réélu en 1999. Cependant, il ne pouvait pas briguer un troisième mandat en vertu de la constitution ukrainienne. Son règne a été caractérisé par une croissance économique solide conjuguée malheureusement à la corruption et la détérioration en matière de droits de l’homme. Durant les élections de 2004, les oligarques avaient choisi le Premier ministre Viktor Yanoukovitch comme candidat pour succéder à Kuchma à la présidence. Le principal candidat de l’opposition, l’ancien Premier ministre Viktor Yushchenko, qui était une figure pro-réforme et pro-occidentale.
Après le second tour du 21 novembre 2004 entre les deux meilleurs candidats, la Commission électorale centrale a proclamé Yanoukovitch vainqueur. Les populations n’étaient pas d’accord avec la Commission et des centaines de milliers d’Ukrainiens sont descendus dans la rue, dans ce qui est connu sous le nom de « Révolution Orange ». Ils ont bloqué les bureaux du gouvernement à Kiev et ont fait appel à la Cour suprême ukrainienne pour invalider le vote. Le tribunal a invalidé le second tour des élections le 3 décembre et fixé un deuxième tour de scrutin le 26 décembre et Yushchenko l’a remporté avec 51,99 % des voix contre 44,19 % pour Yanoukovitch et Yushchenko a été investi président de l’Ukraine le 23 janvier 2005.
Après son entrée en fonction, le président Yushchenko a voulu ouvrir son économie et on note l’adhésion de l’Ukraine à l’Organisation mondiale du commerce en mai 2008. Cette intégration dans l’OMC en plus d’aider le privé ukrainien, cela pourrait aussi donner à l’Ukraine une influence politique sur la Russie étant donné que son consentement est nécessaire pour l’adhésion de la Russie dans ladite organisation. Dans le long terme, Yushchenko veut voir l’Ukraine rejoindre l’Union européenne et l’OTAN. Il a ouvert le dialogue avec l’OTAN et a même demandé un plan d’actions pour l’adhésion. Le 15 janvier 2008, le gouvernement ukrainien a envoyé une lettre au secrétaire de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, demandant un plan d’actions pour l’adhésion de l’Ukraine lors du sommet de l’OTAN du 2 au 4 avril à Bucarest, en Roumanie.
Cependant, les sondages d’opinion ont montré que moins d’un quart de la population soutient l’adhésion à l’OTAN. Le gouvernement s’est lancé dans une campagne d’information pour sensibiliser les populations concernant l’adhésion et qu’au préalable, un référendum devait être entériné. Le gouvernement a aussi rappelé que dans la Constitution ukrainienne, il est formellement interdit qu’une base militaire étrangère s’établisse sur le sol ukraininien a l’exception de la Russie qui occupe à une base navale sur la mer Noire, mais que le bail devait expirer en 2017.
Sommet de Bucarest

Lors du sommet de Bucarest, l’OTAN a refusé d’offrir à l’Ukraine un plan d’actions pour l’adhésion, malgré le soutien des États-Unis et de presque tous les membres de l’OTAN d’Europe centrale. L’Allemagne et la France ont joué le rôle principal dans le blocage de l’effort. Ils ont élevé des questions sur les qualifications de l’Ukraine et ont également exprimé des préoccupations sur leurs relations avec la Russie. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne bénéficie de presque 40 % de son pétrole de la Russie et l’Europe bénéficie du tiers.
La relation la plus difficile et la plus complexe de l’Ukraine est celle avec la Russie. Le Président Poutine a fermement soutenu la « victoire » de Yanoukovitch lors de la campagne de 2004 campagne électorale présidentielle et a réagi avec colère au succès de la “Révolution Orange” Certains observateurs russes étroitement liés au Kremlin ont accusé les États-Unis et d’autres pays occidentaux d’être derrière cette révolution sans preuves.
Yushchenko va plus loin en signant un décret obligeant la Russie à demander une autorisation de mouvement de ses navires, avions et personnels militaires sur le territoire de l’Ukraine. La Russie a déclaré que le décret était anti-russe et en contradiction avec le traité de 1997 qui a donné à la Russie le droit de baser sa flotte en Crimée. En septembre 2008, le ministre ukrainien des affaires étrangères a accusé Moscou de fournir des documents de citoyenneté russe aux habitants de la Crimée. Il craint même que la Russie puisse utiliser la présence de citoyens russes en Ukraine pour justifier une intervention militaire à l’avenir, comme elle l’a fait en Géorgie. Et pourtant l’histoire lui a donné raison.
Depuis avoir annoncé son désir d’adhérer à l’OTAN, les relations russo-ukrainiennes ont été tendues. Les dirigeants russes étaient furieux lorsque les événements d’avril 2008 durant le sommet de l’OTAN à Bucarest; il a été déclaré que l’Ukraine rejoindra l’OTAN tôt ou tard. D’après la presse russe, le président Poutine aurait déclaré au président Bush et aux dirigeants de l’OTAN que l’Ukraine n’était pas un véritable État, compte tenu de sa dimension régionale et qu’il cesserait d’exister s’il rejoignait l’OTAN.
Selon le site de l’OTAN, en juin 2017, le Parlement ukrainien a adopté une législation réintégrant l’adhésion à l’OTAN en tant qu’objectif stratégique de politique étrangère et de sécurité. En 2019, un amendement correspondant à la Constitution ukrainienne est entré en vigueur. En septembre 2020, le président Volodymyr Zelenskyy a approuvé la nouvelle stratégie de sécurité nationale de l’Ukraine, qui prévoit le développement d’un partenariat distinctif avec l’OTAN dans le but d’adhérer à l’OTAN.
Enfin

Pourquoi Poutine aurait-il choisi ce moment pour envahir l’Ukraine? Nul ne détient la réponse si ce n’est lui-même; il n’y a aucune élection ni grand événement à part que le monde commence à sortir d’une crise sanitaire et toutes les économies sont affaiblies. Est-ce stratégique ou un coup de tête? En voulant diviser l’Europe, Poutine a uni le monde entier contre la Russie.
La Russie est en train de tout faire pour empêcher un effondrement financier à cause d’une vague de sanctions contre son économie en réponse à l’invasion de l’Ukraine. Des conseils de crise se sont tenus après la chute de la monnaie, le rouble russe, qui a forcé la banque centrale a élevé les taux d’intérêt à 20 %. En plus de cela, certaines banques russes ont été exclues de SWIFT (Society of Worldwide Interbank Financial Telecommunication) , un réseau de messagerie bancaire et financière; cela pourrait paralyser les actifs des banques russes. Les réserves sont gelées, les entreprises russes sont interdites d’accès aux réserves, les produits russes sont boycottés… La Russie, avait-elle surestimé sa résilience économique ou avait-elle sous-estimé les ripostes?
Mohamed Dia

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