« Maintenant, il reste la coupe d’Afrique » aurait dit lePrésident à Sadio Mané après le sacre de Liverpool. Comme s’ils s’étaient passés le mot, une certaine presse allait titrer : « Sadio attendu pour hisser le Sénégal au sommet ». Je pense que ces propos sont de nature, sans en avoir l’intention, à préparer l’opinion à mettre un échec de l’équipe nationale à la CAN que personne ne souhaite mais qui est possible, sur le dos de Sadio Mané. Or, une équipe ce n’est pas une personne. Le Sénégal a de grandes individualités mais est ce qu’elle a une grande équipe ? Quel est son système de jeu ? Quel mental dispose le groupe ? Ce n’est pas un individu, quel quesoit par ailleurs son talent, qui gagne une coupe d’Afrique. Oui, il arrive que des individus jouent un rôle déterminant dans la victoire finale d’une précieuse compétition. Mais cela n’arrive pas tous les jours. Le géant Messi court toujours derrière la coupe du monde ainsi d’ailleurs que son éternel rival, l’autre phénomène, Ronaldo.
Au Sénégal, ce n’est pas de grands noms du foot ball qui nous ont manqué même si à ce jour, Sadio est parti pour être le plus illustre. Le foot n’est pas ce qu’il était à l’époque de Bouba Diakhao, Matar Niang, Mbaye Fall, Séga Sakho, Badou Gaye, Baba Touré etc. Nous nous souvenons tous des différentes phases finales de coupe d’Afrique auxquelles nous avons participées. En 86, un simple coup d’œil sur la liste des convoqués par le regretté Pape Diop faisait frémir un certain Roger Mila. : Jugez en vous-même : Jule François Bocandé, meilleur buteur du championnat de France, le véloce Thièrno Youm surnommé à l’époque « l’homme le plus rapide du championnat de France », Omar Guèye Séne, capitaine du PSG, l’homme qui savait marcher sur un ballon en le caressant, le teigneux Amadou Diop Boy Bandit, Roger Mendy l’assurance, le meilleur à son poste au monde disait certains, Boubacar Sarr Locote, Chekh Seck l’araignée pour ne citer que ceux-là. Malgré tout, nous n’avons gagné que des illusions. Pour dire que le talent d’un joueur ne suffit pas pour gagner une coupe d’Afrique.
On se souvient tous de Anaba 90. Lors de la demi-finale qui avait opposé le Sénégal à l’algérie, pays organisateur, le grand défenseur Mégharia disait qu’il n’a jamais eu aussi peur que quand il était en face de Bocandé. On se souvient de cette balle de 2 à 0 servie par Lamine Ndiaye sur une folle talonnade et que Lamine Sagna, devant des cages vides a envoyée dans le décor. Résultat final, le Sénégal perd suite à un coup de génie de Rabah Madjer. Une fois de plus, une génération d’or s’écroule. Une autre génération en diamant, la plus glorieuse, celle de 2002 échouera aux pieds des camerounais au Mali. Des exemples de ce genre foisonnent.
Si demain, le Sénégal, je ne le souhaite pas, échoue au Cameroun et que, une fois de plus, la parole explosera, on invitera sur des plateaux de télé n’importe qui, on tendra son micro à des gens qui n’ont jamais vu un ballon à plus 100 mères pour distiller des commentaires tirés des folles passions avec des mots incontrôlés, des mots de trop. En ce moment-là, Sadio Mané sera la cible de beaucoup parmi eux, peut être la majorité.
Mais Liverpool n’est pas l’équipe du Sénégal même si tout le groupe est professionnel. Ils ne jouent pas ensemble quotidiennement comme le fait Liverpool. Conséquences : Les automatismes ne sont pas encore là. Aliou Cissé n’est pas Jurgen Klopp et les pelouses où évoluent Sadio Mané et ses coéquipiers ne sont pas le stade de l’Amitié. Nous souhaitons gagner, nous pouvons gagner et nous voulons gagner mais nous ne serons pas les seuls. Les autres ne seront pas làcomme des spectateurs. Comme nous, peut-être même plus et mieux que nous, de façon acharnée, ils se battront. Ils ont des joueurs aussi valeureux que les nôtres et mettront tous les atouts possibles de leur côté.
Sadio aura 10 coéquipiers qui l’aideront à mettre le but. En face, il y’aura 11 personnes qui feront tout leur possible pour lui empêcher de marquer. Si nous gagnons restons humbles. Si nous perdons, gardons la dignité et la sérénité et surtout trouvons les raisons ailleurs et gardons-nous de tirer sur Sadio Mané, un de nos plus valeureux ambassadeurs. Tout le monde l’a vu exhiber fièrement le drapeau national après la glorieuse victoire de son équipe. Des millions de personnes à travers le monde ont, en un moment donné, eu les yeux rivés sur notre drapeau national, le symbole de notre commun vouloir de vie commune. Quelle belle promotion pour la destination Sénégal, notre chère terre ! Le nom du Sénégal vibre grâce à lui dans tous les coins et recoins du monde. Ne le décourageons pas, ne le frustrons pas, ne le jetons pas en pâture. Sadio a besoin de l’équipe nationale mais le Sénégal a besoin de Sadio. Aidons à d’avantage briller pour que le Sénégal continue de briller dans le monde à travers sa personne.
Falilou Cissé, conseiller en développement communautaire
Tel 77 689 79 44
Sage et responsable ! J’espère que les animateurs de TFM liront ton texte.