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Sans la culture, point d’émergence ! par Elie-Charles Moreau

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Depuis 41 ans au moins, le Sénégal connaît des avancées non seulement considérables, mais incontestables sur la voie de la Démocratie. Au-delà des différences de jugement quant à l’ampleur et à la consolidation des acquis, au rôle des acteurs ayant œuvré pour leur réalisation, force est de constater qu’elles ont changé le climat de notre vie politique. Les vents de libertés qui soufflent sur notre pays ont levé bien des tabous et idées reçues qui, trop longtemps, semblaient avoir vicié, voire muselé à vie, le débat national.

Ainsi, ils auront rendu possible l’éclosion d’une nouvelle conscience citoyenne et, du coup, favorisé les initiatives et la créativité des sociétés dites civiles. Toute médaille ayant un revers, cet essor démocratique bute, souvent, sur des vents contraires et autant d’agitations de femmes et d’hommes plus motivés par des directives d’officines politiques et des profits crypto-personnels que par la préservation des bases humanistes de la Nation sénégalaise.

A la démocratie rigidement gouvernée des Senghor et Mam ’Dia ont succédé les démocraties relativement gouvernantes de Abdou Diouf et de Maître Abdoulaye Wade. Sous Macky Sall, certes, la démocratie est vivante, mais, désormaisportée par des opinions publiques ayant, en ligne de mire, la totalité des valeurs pour lesquelles bien avant ces « soleils » dont parlait l’écrivain Ahmadou Kourouma, des regroupements progressistes et des intellectuels-nationalistes et/ou panafricanistes ont combattu et consenti souvent au péril de leur vie des sacrifices énormes.

Le Sénégal est à la croisée des chemins, dit-on. Il est heureux que toutes les ressources humaines, foncières, minières et énergétiques, tous les particularismes y sont qui en font un monde: des bons, des brutes et des truands, des esprits positifs et des corps négatifs, des anges et des démons, des gens honnêtes et des esprits tortueux, des agents d’ordre et de désordre et autant de citoyens ayant compris que la Culture est le moyen primal d’assainissement des mentalités et le meilleur espace de mise en représentation de nos souverainetés et patrimoine(s). Ceci est transition pour en arriver à la conviction que doivent, plus que jamais, nous animer le souci d’utilité pour la République et la Nation, tout autant l’exaltante détermination à apporter notre expertise en l’essentielle obligation de trouver les solutions idoines aux noises latentes et poignantes questions dans la Cité.

L’école est une question. L’eau en est une autre. L’électricité est toujours une question. Le foncier, l’immobilier et le loyer en sont d’autres. Vivre et rigoler sont des questions. L’emploi des jeunes en est une autre, tout autant le panier de la ménagère et le calepin du chef de famille. La Culture demeure une question, tout comme le tourisme et le sport. La justice est une question. La sécurité en est une autre. La parité est une question. Etre femme en est une autre. La corruption est une question. La drogue en est une autre comme les daaras, le voile et les barbus autochtones. La Casamance est une question. Le référendum en est une autre.

Etre journaliste est une question. La gouvernance en est une autre. Les campus sociaux sont des questions. Le mot rupture est une question encore plus complexe que le mot népotisme. Le livre et la lecture en sont d’encore plus préoccupantes. Le Parc culturel en est une autre. La laïcité est une question. L’Islam en est une autre. La peine de mort et de saison comme les pluies et les inondations. L’Assemblée nationale est une question. Les cadres logiques en sont d’autres. La banlieue est une question comme le nomadisme politique et les fonctions de député et de ministre en toutes les Afriques noires, en général. L’émergence est une question. Servir le Sénégal en est une autre.

Même le Sénégal est une question et les Sénégalais tout autant. La décentralisation, plus qu’un acte, est une question, comme l’éthique et le recouvrement des valeurs qui, de tout temps, nous ont rendu à nous-mêmes. Face à de tels enjeux, encore une fois, il n’y a d’alternative que (socio)culturelle. Ce qui induit de nous donner rendez-vous, de nous retrouver, de nous assembler, de nous dépêtrer de tous nos préjuges et, pour une fois, daigner fédérer nos énergies afin que notre pays soit, enfin, sur voie de prospérité non virtuelle et réendosse son statut de haut-lieu de paix, detolérance, de solidarité, de partage, de libertés non bridées et surtout, nous fasse sincèrement rêver. Synthétiquement et de façon synoptique, telles sont les raisons, les objets et perspectives de l’impérieuse mouvance que nous avons mission, dans quelques petites semaines, de mettre sur orbite en patriotes convaincus que le Sénégal et les Sénégalais doivent et sont tout à fait aptes- surtout pas avec les politiciens de métier et autres affairistes idéologiques -à changer de présent et d’avenir.

Les défis à relever exigent plus que jamais du courage, du tact, des consensus, de la hauteur de vue et de réellesfacultés d’anticipation. Il ne suffit pas de mettre sur pied un mouvement ou une plateforme et de s’agiter en criant « Emergence ! Emergence ! », pour convertir des visées en destin. Certes, le rêve d’un Sénégal moderne, émergent et prospère est du lot des utopies positivement convertibles en réalités palpables. Cela est bien à notre portée. Mais, alors, il y faut des compétencesavérées et qui ne soient point contraintes et forcées d’affiliation à un parti- fût-il au pouvoir ou du pouvoir en place.

Il y faut de l’effronterie et les moyens qui les traduisent en actes, à l’exemple de ces peuples et pays d’Asie qui ont pris leur sort en main et, par la grande porte, fait leur concevable entrée dans l’Histoire. Par la Culture, en sur-priorité, il sera aisé de réussir le Sénégal ! Autrement dit, de donner du sens à nos actions et de conforter nos charges de citoyens debout et franchement en marche pour la République, pour la consolidation de nos différences, pour la mise à plat de toute ruineuse divergence, pour le recouvrement des valeurs que sont le civisme et l’éthique, pour la cohésion sociale et les progrès de tout un chacun souhaite et attend avec impatience. Légalement et de manière légitime. Au Sénégal tout autant en nos diasporas. Qu’on se le dise et, en face même une urgence !

Elie-Charles Moreau

Mouvement Alternative-Culture

[email protected]

1 COMMENTAIRE

  1. Il nous manque des intellectuels engagés, cultivés et résistant à toute volonté de récupération. On ne peut pas flotter au gré des vents dans ce tourbillon. Hier ambassadeur et porte voix de Abdoulaye Wade, on ne peut sans sourciller prétendre que « Sous Macky Sall, certes, la démocratie est vivante, mais, désormais portée par des opinions publiques ayant, en ligne de mire, la totalité des valeurs pour lesquelles bien avant ces « soleils » dont parlait l’écrivain Ahmadou Kourouma, des regroupements progressistes et des intellectuels-nationalistes et/ou panafricanistes ont combattu et consenti souvent au péril de leur vie des sacrifices énormes. » Vous identifiez-vous à ces progressistes intellectuels-nationalistes panafricanistes? Allégez votre discours. Pas de camouflage derrière des concepts vides qui souvent servent à embrouiller le non initié. Hier vous nous vendiez un Abdoulaye Wade intellectuel éclairé. Aujourd’hui votre reculade se fait modérée « les démocraties relativement gouvernantes de Abdou Diouf et de Maître Abdoulaye Wade ». Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, Monsieur découvrez votre jeu, comme disent les pokeristes.

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