Le tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé, hier, une affaire de détournement de mineure, viol collectif avec séquestration et de recel. La victime S. O. Sylla est une fugueuse et est en prison pour vol au préjudice de sa patronne, depuis le 25 janvier. Les prévenus risquent des peines allant de 2 ans, dont 6 mois ferme à 5 ans de prison. Les faits se sont déroulés le 12 janvier dernier au complexe culturel Léopold Sédar Senghor de Pikine.
S. O. Sylla déroule le film de sa mésaventure. Une rocambolesque histoire qui s’est déroulée au complexe culturel Léopold Sédar Senghor de Pikine. Moulée dans un ensemble taille basse vert foncée, la tête mal coiffée, la victime n’a pas froid aux yeux. Elle pointe du doigt ses « bourreaux». Agée seulement de 14ans, elle a vécu comme une adulte. Un jour, S. O. Sylla a décidé de prendre le mauvais chemin. Sans hésiter. Elle vole sa grande mère paternelle, qui l’a éduquée depuis sa naissance (ses parents sont divorcés), à Pire. Elève en classe de 6ème secondaire, elle quitte les bancs le 5 décembre dernier. Sur ce, elle prend la fuite et se terre à Dakar. La jeune fille y rencontre Marième Keïta. Celle-ci la recrute comme domestique. Quelques semaines après, S. O. Sylla subtilise le téléphone portable et des effets vestimentaires de sa patronne et prend la poudre d’escampette. Le 25 janvier dernier, elle est jugée au tribunal des mineurs pour vol et écope d’un mois de prison. Sur la genèse des faits, il ressort que le samedi 12 janvier passé, la fugueuse a fait la connaissance de Bassirou Sarr, présentateur d’émissions et technicien dans un baptême. La fille lui raconte les conditions difficiles auxquelles elle est confrontée pour survivre. En sus, elle lui fait part de son besoin de vendre «son» ordinateur (qu’elle a dérobé) pour, dit-elle, payer ses études et rentrer à Pire. Ainsi, Bassirou Sarr décide de l’aider. Toutefois, il lui propose de venir avec lui au complexe Léopold Sédar Senghor après le travail. Ce que la fille a accepté sans broncher. De là, le sieur Sarr fait venir son ami Seyni Dieng pour lui monter l’ordinateur. A sa venue, ce dernier achète le matériel à 45 000 F CFA. Il faisait 00 heure et Bassirou Sarr propose à la jeune fille de passer la nuit au studio d’enregistrement. Chose faite. Il étale un matelas à même le sol pour son hôte, avant de la rejoindre pour une partie de jambes en l’air à maintes reprises. Marié et père de 5 enfants, Idrissa Thiam, agent municipal à Pikine et propriétaire des lieux, débarque quelques heures plus tard. Lui aussi abuse de la fille, en lui promettant 50 000 F CFA. « Je lui ai dit que je n’étais pas une prostituée», affirme la fille.
Le rappeur Simon et Dj Paco à l’audience
Tard dans la nuit, ils amènent S. O. Sylla à Yoff, pour assister à une soirée au «Piano-piano». A leur retour Abdou Sow, un autre technicien de son état, aura des relations coupables avec la fille. En fait, Bassirou Sarr, Idrissa Thiam et Abdou ont tour à tour entretenu des relations sexuelles avec la collégienne sur le matelas. Le pot aux roses a été découvert, lorsque la victime a été arrêtée à la police de Wakhinane Nimzatt pour vol au préjudice de l’employeur. Ce du fait que les limiers ont informé son père A. Sylla qui vit à Tivaoune. A son arrivée, le pater est tombé des nues. Sa fille lui fait des révélations. Ainsi, Bassirou Sarr est poursuivi hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour détournement de mineure avec séquestration. Abou Sow et Idrissa Thiam de détournement de mineure sans fraude, viol collectif avec séquestration et de recel. En sus, Seyni Dieng est attrait pour recel. Placés sous mandat de dépôt depuis le 17 janvier, les prévenus ont nié les faits à la barre. «Elle a passé la nuit au studio comme tout le monde, mais je ne l’ai pas touchée. Elle est venue au complexe pour regarder un concert de rap. Moi, j’étais préoccupé pour enregistrer mon émission», déclare Bassirou Sarr, en tournant son regard vers le rappeur Simon de Bisbi clean et Dj Paco, présentateur d’émission à la Sen tv, présents dans la salle d’audience. Idrissa Thiam dira : « Lorsque je l’ai trouvé dedans, j’ai dit à mes employés de la raccompagner et de fermer le local». Abou Sow d’avancer : « Elle est restée deux jours là-bas, mais je ne l’ai pas violée». Sidy Dieng de se défendre : « J’ai acheté la machine, car Bassirou m’a dit que la fille avait besoin d’argent». Le juge fait savoir que la fille ne devait même pas rester au studio à cette heure, en plus d’y passer deux jours. Le prévenu Sarr renseigne : « C’est l’erreur que j’ai commise. Je lui ai même dit de rentrer, mais elle voulait attendre l’argent de l’ordinateur». La plaignante de rétorquer : « Il m’a remis seulement 15 000 F CFA et il m’a retenu. Tous m’ont violée, sauf Seyni. J’ai crié mais ils ont augmenté le son de la musique».
AWA FAYE
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