NETTALI.NET – Pour célébrer l’An 1 du « Yonnu Yookuté », le leader de Rewmi, Idy, a soufflé non pas sur les bougies du gâteau d’anniversaire, mais sur quelques braises ardentes de souvenirs encore tout chauds de sa relative disgrâce. Exercice de style dont il a secret, avec sa verve habituelle, sa gouaille, sa sagacité et ses traditionnelles récitations coraniques. Opération de séduction qu’il a même déroulée à l’endroit des catholiques sénégalais en se réjouissant pour eux de l’élection du Pape François, en ce mois béni chez les chrétiens.
On a eu une madeleine de Proust auditive en pensant à ces Cd destructeurs de 2004 qui avaient ébranlé la République et mis en émoi le Pds de Wade. Idy nous a fait un revival de son calvaire politique, et au détour d’un des ses épisodes les plus noirs, a fondu en larmes chaudes et sincères. Une faille dans le roc ? Une brèche à la carapace de l’homme ? Seck devenu humide, humain, poreux à des sentiments émouvants et fragiles. Nous avons notre François Hollande ! Idrissa Seck est un homme normal. Larmes de com ? Le temps le dira.
Mais en tout cas, il a peut-être tracé les sentiers de la différence au sein de BBY, soufflant le chaud et le froid sur le bilan de Macky Sall, rappelant les épisodes du récépissé refusé de Rewmi et des attaques de « Il est Midi » dont le Dirpub est aujourd’hui récompensé par la Présidence du Conseil d’Administration de la Rts, Ndiogou wack Seck. Avec Idy, le gâteau d’anniversaire du « Yonnu Yokuté » était à coup sûr sucré salé avec piment sur la gâteau.
Mais au delà de l’interview d’Idrissa Seck qui a, en une matinée occupé l’espace médiatique en passant sur la Rfm et bien sûr la Tfm, bien que des choses aient réellement changé, nous avons l’impression que la communication de ces changements patine et que personne ne veut faire un vrai bilan d’une année somme toute cruciale en termes de demande de changements par les Sénégalais. Les salaires ont été de fait augmentés, la couverture maladie mise en chantier, des économies sur le train de vie de l’Etat réalisées et productives, une justice qui se veut en tous cas d’une certaine fermeté, mais nous avons la sensation que ce bilan ne se défend pas, du fait que la désirée et clamée « rupture » colle comme un sparadrap à un pouvoir qui a du mal à l’exprimer.
On ne va pas ici revenir sur la communication du gouvernement, mais on peut se demander ce que vient faire l’ex footballeur El Hadj Ousseynou Diouf dans la voiture du chef de l’état à Matam. Ils n’en sont quand même pas réduits à ce subterfuge populiste éculé, pour amasser des foules au passage de notre président seulement une année après sa prise de fonctions.
Il voulait nous changer la vie. Un an après, son anniversaire est pollué par des publicités qui nous promettent aussi de changer nos vies. Sommes-nous à ce point désespérés ? Le hasard nous promet en tout cas de changer nos vies. Faites confiance au hasard pour changer nos vies nous promettent des jeux de notre Loterie Nationale, avec un homme qui profite de tous les apparats de la richesse vue du côté occidental, à savoir chapeau haut de forme, cigare et smoking de soirée. Inspiration de la création douteuse au demeurant. Le message est le suivant Vous voulez vous en sortir ? Jouez aux jeux !!!
Dans un pays soit disant musulman où 75% de nos espaces médiatiques du jeudi au vendredi sont occupés par des censeurs religieux qui nous disent en quoi vraiment notre pays est religieux, les seules voies de sortie de la pauvreté proposées, ont trait au hasard, pas une seule n’a trait aux valeurs du travail et de la persévérance.
Ce sont les jeux des sms ou ces appels surtaxés destinés à faire croire au participant à ces jeux de hasard, qu’ils peuvent miser peu et gagner gros, ne sont que le gain du désespoir d’autres clients ou plus exactement l’impôt du pauvre. Tenez, parlons un peu de ces opérateurs dont certains se croient encore aux temps de la colonisation et s’en mettent plein les poches, alors qu’en France, chez Orange, le téléphone ne coûte plus rien. Free, le dernier venu sur le marché de la téléphonie, y a montré la voie du téléphone peu cher à Orange, Bouygues et à Sfr en faisant des illimités à 13 000 F cfa, et même des forfaits à 1900 F cfa alors qu’au Sénégal, on s’interroge toujours sur la qualité des débits qu’on nous fournit et des coûts exorbitants du téléphone qui font de Sonatel, une des filiales de France Télecom la plus rentable.
Mais, pour revenir à l’An 1 du nouveau gouvernement de Macky Sall, un an au pouvoir, cela se fête et pourtant, c’est le ministre de la Justice française qui est venue nous donner une leçon de conduite et de changement surtout pour nos jeunes. A l’occasion de la célébration d’Aimé Césaire au Sénégal, elle est venue dire aux jeunes sénégalais qu’il fallait d’abord qu’ils croient en eux. En leur être et à leur rapport au monde. Christiane Taubira a fait au Méridien ce vendredi, un discours autrement plus important que celui de Hollande à Dakar et bien plus fondateur que celui de Sarkozy qui est devenu un de nos murs des lamentations préféré. Personne pour en faire l’historique de cette sortie fondamentale de cette guyanaise qui de son tréfonds nous a dit de terribles vérités. Le changement est en nous. Il nous faut le cultiver pour être en rapport avec le monde et ses exigences. Le discours de Taubira doit être dupliqué et transmis sur tous les espaces médiatiques, comme l’avait été le « discours sur l’éthique » du Juge Kéba Mbaye devenu référence nationale.
Le changement par hasard, c’est bien ce que nous propose encore cette promesse de transhumance de certains caciques du Pds comme Kalidou Diallo, ou comme ces résurgences de propagande entr’aperçues au travers des décisions d’associer dans le pôle de communication du pouvoir les directeurs généraux de la RTS et de l’APS. Pour nous vendre l’évidence ? La Pravda signifiait justement « Evidence ». Au bout d’une année, nous méritons mieux.
