La ville de Sédhiou a vécu les pires inondations de son histoire. 128 mm de pluie se sont abattus sur la capitale du Pakao, provoquant des dégâts importants.
Il était difficile de reconnaître le visage de la commune de Sédhiou au lendemain de la forte pluie de 128 mm qui s’est abattue sur la capitale du Pakao dans la nuit du samedi au dimanche. Une pluie qui a commencé aux environs d’une heure du matin et qui s’est prolongée sans arrêt jusqu’au petit matin. Les dégâts sont nombreux, le constat alarmant. Plusieurs maisons ont été détruites dans différents quartiers de la commune. Aux quartiers Jules Counda et Mansa Counda, les dégradations sont pareilles, des dizaines de maisons envahies par les eaux au grand dam des populations. Le marché central est également très touchée, la plus touchée même. Plus d’une dizaine de cantines détruites ou envahies par les eaux de pluie, et les commerçants ont perdu plusieurs tonnes de produits.
La vitrine technologique de la région, le Centre de recherche et d’essai de Sédhiou, n’est plus identifiable à cause de la gravité des dégâts enregistrés. Le site qui est complètement inondé a vu une bonne partie de son matériel endommagé par les eaux. Bureaux, machines, équipements divers, matériaux de dotation entre autres biens, n’ont pas été épargnés par les inondations. Très fréquenté par les internautes de la localité, le centre pourrait connaître plusieurs semaines de fermeture.
Dans les rues de Sédhiou, les dégâts des pluies diluviennes sont inestimables. Les canaux d’évacuation sont bouchés, occasionnant des inondations dans les quartiers situées en bas-fond de la ville. Dans certaines routes et ruelles, la circulation est coupée. Il faut associer à ce lot de dégâts des cantines de tailleurs et artisans ainsi détruites à deux semaines de la fête de Korité. Pour Abdoulaye Diédhiou, propriétaire d’un atelier de couture et nouveau sinistré, «c’est tout un matériel sur lequel il a investi plus d’un million de francs qui est détruit par les eaux, en plus des nombreuses commandes de clients qu’il devait honorer».
Le pire a été évité
Le pire a cependant été évité. Avec des poteaux électriques qui ont cédé sous la furie des eaux, certains habitants ont vite évacué leurs domiciles de peur d’être électrocutés. Dior Sam, habitante du quartier de Moricounda, est choquée, en larmes. «Nous avons quitté les chambres en catastrophe en portant nos enfants pour fuir non seulement les inondations mais aussi l’électrocution», dit-elle avec soulagement. Ici, on craint fort un début de choléra avec les eaux de ruissellement qui se sont déversées dans certains puits.
Au rayon des responsabilités, les populations fustigent l’absence de canalisations et la vétusté de celles qui existent. «La mairie est en train d’observer la situation avec une passivité sans gêne», s’exclame Mamadou Sylla, le délégué des commerçants qui promet : «Plus un seul franc ne sera versé à la municipalité si nous ne sommes pas mis à l’abri des inondations». Les travaux en cours dans le marché central ne facilitent pas l’évacuation de eaux de pluie, au contraire. «Ils durent depuis plus de deux ans…», ajoute Mamadou Sylla.
LAMINE BA (correspondant à Sédhiou) ENQUETEPLUS.COM