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SENEGAL : A l’orée d’une instabilité sociale, économique et politique? (Par Alassane Ibra Niang)

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Et si le roi d’Egypte n’avait pas trouvé le prophète joseph pour lui expliquer son songe , son régime aurait-il alors tenu pendant sept années de misère ? Aurait -il gardé une partie de son blé pendant les 7 années de sécheresse ? L’histoire du rêve du roi d’Egypte montre que le divin est avant tout rationnel. Il est dans une planification logique qui prend même en compte l’incertain afin qu’il ne puisse surprendre. L’Etat semble, surpris par la tournure des événements qui se profilent malgré ses centaines de planificateurs, ses diplomates chevronnés, ses politiciens aguerris, ses charlatans illuminés et ce président avisé.Si le régime de Macky Sall avait eu une lecture intelligente et souveraine de la situation politique nationale dans un contexte d’après-élection locale sanctionnée par une défaite, une fermeture de la frontière avec le Mali et d’une flambée des prix de première nécessité causée par la guerre en Ukraine aurait-il subi les effets néfastes de tous ces événements ? Nombreux sont ceux qui placeraient hors contexte la comparaison osée que je fais entre l’histoire sur l’interprétation du rêve du roi d’Egypte par le prophète Youssouf et la situation actuelle de notre cher pays qui pourtant s’annonçait évidente. Et pourtant, une lecture souveraine et intelligente n’était autre que se focaliser sur les priorités en évitant des investissements de prestiges qui s’avèrent inutiles dans de pareilles situations. Sommes-nous donc à la porte d’une tension sociale qui risquerait de nous plonger dans une instabilité politique profonde à 2 ans des élections présidentielles ? 
Flambée des prix, climat social tendu.
Le pays est très dépendant de ses importations, les produits exportés sont majoritairement ce qu’ils consomment quotidiennement. Le riz (malgré les efforts du gouvernement à atteindre l’autosuffisance en riz) .Le blé aussi montre cette forte dépendance aux produits extérieurs dont les cours sur le marché nous échappent.La crise en Ukraine a causé la hausse du prix du blé qui devient ainsi une source de pression sérieuse pour l’Etat à quelques semaines du ramadan. Le Blé reste essentiel pour le Sénégal qui a importé au cours du mois de janvier 2022, 42 000 tonne de blé pour un chiffre de 9 milliards 986. La hausse du prix a impacté sur les prix pain et les aliments de volaille et de bétail qui aussi ont grimpé malgré le mécontentement des boulangers, consommateurs et éleveurs . La guerre a eu aussi un impact sur la hausse des prix des intrants est constaté surtout l’engrais précisément l’urée indispensable à la culture du riz. Avec le baril de pétrole qui oscille entre 130 à 140 dollars, le Sénégal ne peut pour l’instant espérer produire les gisements de gaz et de pétrole qu’en 2023, il va devoir acheter comme tout le monde et subir la loi du marché en espérant que la transition énergétique enclenchée en Europe et dans presque tous les pays développés ne gâche ses espoirs de vendre à bon prix lorsque sa production démarrera. Autre point important qui pourrait affaiblir encore plus l’économie sénégalaise et ainsi participer à une possible tension sociale est la sanction de la CEDEAO contre le mali pays voisin et premier client du Sénégal. Le Sénégal a su se rendre indispensable à l’économie malienne en augmentant et modernisant les capacités de débarquement du port autonome de Dakar, mais surtout en améliorant les infrastructures routières afin de maximiser et de fluidifier les échange entre les deux pays. Le Sénégal a aussi profité de la crise ivoirienne pour renforcer l’ influence du port de Dakar et il s’apprête dans le but de désengorger le port de Dakar et de renforcer son monopole avec la construction d’ un nouveau port en eaux profondes à Ndayane pour un coût de 837 millions de dollars. Aujourd’hui, le port de Dakar est dépendant à 50 % des produits qui doivent aller vers le Mali, on parle de 200 milliards par an s’ajoute à l’impact sur le secteur du transport. Ces sanctions risquent donc de noyer les importants efforts menés par l’Etat du Sénégal avec la diminution progressive des produits qui passent par le port de Dakar et des pertes qui se chiffrent à des centaines de milliards. Les sanctions impacteront aussi le secteur de l’élevage tant sur l’alimentation (mil ,mais et grain de coton provenant du Mali ) que sur la fourniture en mouton en période de fête . Environ 300 000 têtes sont importés du Mali à chaque fête de la Tabaski .
Instabilité politique dans un contexte d’insécurité sous-régionale.
Les émeutes de mars 2021, ont définitivement transformé les relations entre l’opposition et le pouvoir en un rapport de force où les deux camps cessent de dialoguer par manque de confiance. Cette tension entre les camps politiques s’est aggravée à mesure que l’élection présidentielle s’approche avec un pouvoir qui s’élargit et une opposition plus homogène. Les différents protagonistes ne se font plus de cadeaux. Ils sont dans un tel extrême qui les empêche de faire des concessions pour sortir de cette Impasse. Ils restent dans leur logique de renforcement de leurs acquis , l’un pour mieux se maintenir au pouvoir et l’autre pour conquérir ce pouvoir. Si le pouvoir s’est servi de l’appareil étatique pour asseoir sa domination tout en traînant des scandales financiers. L’opposition elle , s’est appuyée sur le ressentiment de la population, un sentiment de ras -le bol général qu’elle a utilisé pour maintenir sa dynamique victorieuse. Cette relation malsaine a souvent détourné les thèmes centraux qui pouvaient être débattus lors des élections locales. Les enjeux présidentiels ont donné par exemples aux élections locales une autre tournure à savoir l’orientation du débat vers la polémique question du 3 éme mandat en lieu et place d’une expression des citoyens tournés sur le développement de leur localité. Le sacre des lions lors de la CAN n’a pas calmé les ardeurs des uns et des autres à 3 mois d’une élection législative cruciale. Les prochaines élections législatives vont dans cette logique de rapport de force avec une opposition qui si elle gagne, risque de gouverner avec un président qui garde encore l’essentiel de ses pouvoirs entre ses mains. La victoire de la majorité pourrait aussi servir au président à renforcer sa domination et anéantir toutes possibilités de dialogue avec une opposition qui maîtrise désormais mieux les pratiques de soulèvement populaires. Gouverner dans de pareille situation serait difficile pour chacun des deux camps avec une élection présidentielle qui approche à grands pas. Cette situation de cacophonie et d’incertitude politique pourrait être une source de tension pour le pays dans un environnement d’insécurité sous-régional qui risquent d’être transformés en zone de luttes d’influences des grandes puissances pour le contrôle des ressources. 
Et si le président avait une lecture intelligente de la situation ?
Il ne passerait pas son temps à endetter un pays qui compte sur ses réserves d’hydrocarbures limités. Il se focalisera après une crise sanitaire sur les priorités à savoir la santé et l’emploi des jeunes, mais la politique adore le sensationnel.Les hausses, en dehors de celle des hydrocarbures pouvaient être évitées non pas par l’ingéniosité des charlatans, mais par une politique qui place les intérêts nationaux au – dessus d’une quelconque politique étrangère.Pour l’agriculture, l’État pouvait mettre en place une politique réaliste et non elle que l’on connaît faite de propagande et de surestimation. Les enjeux étaient plus d’adopter notre agriculture aux réalités sociales et éviter que nos terres fertiles ne soient la vache laitière des multinationales (des milliers d’hectares sont distribués aux multinationales et aux investisseurs étrangers pour des cultures destinés à l’exportation). Augmenter les efforts pour que nos produits locaux comme la pomme de terre , l’oignon et le riz soient plus accessibles et prioritaires même s’il faut bloquer pour un tempsles importations en ce sens.L’élevage aussi n’a que peu évolué, son seul fait d’armes repose sur l’approvisionnement suffisant en moutons pour les fêtes et une subvention d’aliment de bétail. Certes il y a eu des efforts sur l’amélioration des races avec le ladoum et l’insémination artificielle, mais il reste beaucoup à faire notamment sur le manque de zone de pâturage et d’élevage. Au-delà des événements religieux, les acquis aussi dans Nord, dans le Ferlo et au Sud pouvaient être renforcée (modernisation des pratiques, encourager la transformation, améliorer les races, mais surtout accompagner les acteurs traditionnels en formalisant leurs activités).
Quant à la situation politique tendue, la décrispation dépend plus du président de la République qui doit, dans son dernier mandat remettre son costume de président de la République en abandonnant celui de son parti pour des élections apaisés. Les questions de mandat et de succession au sein de son parti doivent être aussi résolus.
Alassane Ibra Niang [email protected]

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