Héros du match du Sénégal face au Cameroun (0-0), Bouna Coundoul est devenu, le temps d’une performance monstre, le héros des Lions. Mais le gardien du Red Bull New York garde la tête sur les épaules et refuse de s’enflammer. Entretien exclusif.
Bouna, quelques jours après ce nul face au Cameroun (0-0), lors de la 4e journée des éliminatoires de la CAN 2012, comment vous sentez-vous ?
Bouna Coundoul : Je suis épuisé. C’était un match très compliqué. Mais je suis heureux. Le Cameroun reste une grosse équipe. En plus, ils étaient poussés par tout un stade et bien aidés par un arbitre dont personne ne comprenait les décisions… Mais nous sommes allés à Yaoundé et nous avons prouvé que le Sénégal était présent.
Ce nul est-il un bon ou un mauvais résultat ?
Un bon ! Pour le Sénégal, c’est comme une victoire. Pour le Cameroun, par contre, c’est comme une défaite. Maintenant, il nous reste plus qu’un point à prendre et nous serons à la CAN !
Après votre prestation, vous êtes un héros au Sénégal, maintenant.
Chez moi, tout le monde était content. Il y a eu des célébrations dans mon village mais, moi, je garde la tête froide. Je suis juste heureux d’avoir eu ma chance. Et de pouvoir faire ce que je vais ici, en MLS. Je n’ai pas eu de moment de doutes ou de moins bien, j’ai prouvé que j’ai le niveau, c’est tout.
Vous vous voyez dans la peau d’un titulaire ?
Ah ça… C’est entre les mains du coach. C’est lui qui décide. J’ai montré de quoi j’étais capable. Je me tiens prêt pour le prochain match. Si je suis sur le banc, je l’accepterais. Mais sinon, ce sera « Bouna time » ! (rires)
Vous n’aviez pas trop d’appréhension au moment d’affronter Samuel Eto’o ?
C’est sûr que, quand on parle des meilleurs attaquants du monde, Eto’o est dedans. Je l’ai vu à la télé mais je ne m’étais pas rendu compte : il est rapide, intelligent et il arrive à créer des situations dangereuses là où il n’y en a pas. Il est impressionnant. Mais, vous savez, à New York, je m’entraîne tous les jours avec Thierry Henry. J’apprends beaucoup de lui.
Comment vous êtes-vous senti lorsque l’arbitre a sifflé le penalty en toute fin de match ?
Je n’étais ni triste ni nerveux. J’avais fait mon match depuis le début : j’étais en confiance. Ce penalty, je l’ai senti venir. Vous savez, trois heures avant le match, j’ai regardé des vidéos d’Eto’o sur YouTube pour étudier sa façon de tirer les penalties. Je le savais, je m’y attendais. L’arbitre a fait tout ce qui était en son pouvoir pour leur offrir les trois points mais les dieux du football étaient avec nous.
Comment communiquez-vous avec votre défense ?
(rires) Vous savez, mon français n’est pas si mauvais que ça. Mais c’est vrai que j’ai plus l’habitude de parler en anglais. Surtout en plein match. Mais bon, Kader Mangane et Souleymane Diawara comprennent bien l’anglais. Lamine Sané et Cheikh Mbengue aussi. Mais bon, c’est vrai que, sous la pression, je m’exprime plus facilement en anglais. Ou je les insulte en wolof ! (rires) C’est plus facile pour eux si je le fais en français donc j’essaie. Jusqu’à présent, ça se passe bien.
Quelle impression vous ont fait les Camerounais ?
C’est une grosse équipe. Ils étaient physiquement et mentalement à l’emporter. Ils ont tout jeté dans la bataille. Notamment les coups de pied arrêtés : ils ont de bons tireurs, de grand gaillards… Mais nous étions prêts, nous avions travaillé.
Il vous reste un point à prendre. La qualification est quasiment assurée…
(il coupe) Oui mais nous allons jouer le jeu. Le Sénégal a un statut à assumer donc nous allons tout faire pour gagner tous nos matches.
Et la CAN 2012, c’est un objectif ?
Bien sûr ! Cela fait longtemps que le Sénégal n’a pas brillé en Coupe d’Afrique. Nous voulons faire l’histoire. En 2002, nous ne sommes pas passés loin. Mais gagner, c’est tout ce qui compte. Je veux que l’on puisse dire : « En 2012, le champion d’Afrique, c’est le Sénégal. »
