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Sénégal : l’indépendance se fête dans la polémique

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Cinquante ans d’indépendance ça se fête : le 4 avril 2010 à Dakar et partout au Sénégal. Mais un drôle de climat règne dans le pays. Certains Sénégalais ont peur que les célébrations ne soient récupérées par le régime. « On a un peu l’impression que le président et son entourage veulent instrumentaliser la célébration à leur profit » explique Hassan, un enseignant.

Oumar, un haut fonctionnaire se montre, lui aussi, très dubitatif : « Est-ce qu’il y a vraiment de quoi se réjouir ? Qu’avons-nous fait en cinquante ans ? Nous aurions pu avancer beaucoup plus rapidement. Le Sénégal reste l’un des pays les plus pauvres du monde ».

Autre question soulevée notamment par la presse dakaroise : le Sénégal est-il vraiment indépendant ? A la fois politiquement et économiquement. Car la plupart des grandes entreprises sont contrôlées par des capitaux occidentaux, notamment français.

A l’occasion de la fête de l’indépendance, le régime du président Abdoulaye Wade inaugure la statue de la Renaissance africaine. Elle aurait coûté une quinzaine de millions d’euros. Dans les quartiers populaires et ailleurs aussi, l’on s’étonne souvent de voir le régime dépenser autant d’argent pour un projet de cette nature.

Juste avant la célébration de l’indépendance, le président Wade a demandé le retrait des troupes françaises qui disposent d’une importante base dans la capitale sénégalais. La base de Dakar qui regroupe un millier d’hommes devrait donc disparaître.

Une décision qui inquiète bien des Sénégalais, notamment les employés dakarois de la base française qui regroupe un millier d’hommes. Le retrait des Français pourrait représenter un manque à gagner de plusieurs dizaines de millions d’euros pour l’économie sénégalaise. Autre inconvénient pour Dakar, l’armée française fournit jusqu’à présent une très importante assistance technique à l’armée sénégalaise.

Pourtant, il n’en reste pas moins qu’une partie de l’opinion sénégalaise ne veut plus de « base française » au Sénégal, à l’heure de célébrer le demi siècle d’indépendance. Car le ressentiment à l’égard du colonisateur reste souvent très fort. Comme en témoigne cet éditorial au vitriol du quotidien dakarois Kotch.

Le crépuscule des indépendances

“Comme une nuée de sauterelles, les indépendances tombèrent sur l’Afrique”. Ce constat désabusé de Fama, l’immortel héros du roman d’Ahmadou Kourouma, ” les soleils des indépendances“, résument bien à lui seul la trajectoire empruntée par la plupart des états post-coloniaux.

Cinquante après leur accession à la souveraineté, force est de reconnaître que pour la plupart d’entre eux, le bilan n’est guère reluisant. Et à prendre l’exemple caricatural de la “Françafrique”, ces relations incestueuses que la France continue d’entretenir avec la plupart de ses ex-colonies, il n’est pas interdit de poser une question sacrilège, au risque de heurter les fierté nationales : Cinquante ans après, sommes nous réellement indépendants?

Comme au bon vieux temps de la Métropole, la France continue d’entretenir à Dakar, Abidjan, Djibouti ou Libreville, au nom des fameux et fumeux “accords de défense”, des bases militaires qui sont une insulte permanente à notre souveraineté.

Cinquante après, la France garantit toujours un Franc Cfa plus que déprécié, fermant pudiquement les yeux sur le pillage systématique des rares ressources disponibles par des élites kleptocrates et irresponsables trop contentes de remplacer les anciens maîtres coloniaux.

Cinquante après les indépendances, pour se rendre en France, les Africains doivent plus que jamais montrer patte blanche, avec une politique des visas aussi kafkaïenne que vexatoire.

Cinquante après, la France continue d’exercer sur nous une emprise mentale au point qu’on peine encore à se détourner de la langue française, “ce butin de guerre” dont parlait l’écrivain algérien Kateb Yacine. La France, un pays qui n’a hésité, à exposer le grand-père Kanak du footbaleur Christian Karembeu dans un zoo.

Des tomes entiers d’encyclopédies ne suffiraient pas pour montrer l’étendue de la barbarie commise au nom d’une idéologie aussi stupide que raciste théorisée par Jules Ferry :“Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures”.

Barka BA

http://dakarparis.blog.lemonde.fr

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