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SENELEC-ITOC Le clash ? Par Madior Fall

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Entre la Société nationale d’électricité (Senelec) et « International Trading Oil and Commodities » (Itoc), son fournisseur attitré est-ce le clash dans le cadre du contentieux qui semble naître des arrêts sans précédent de plusieurs centrales de la société de production et de distribution de courant électrique ? On n’en est pas loin. Dans un courrier daté du 9 juillet dernier en effet et adressé au Président directeur général (Pdg) d’Itoc, le Directeur général de la Senelec indexe sans ambages la cargaison du M/T Atlas Voyager affrété depuis Houston aux Usa par Itoc qu’il juge « souillée » au point de détraquer ses machines. Ce qu’a réfuté catégoriquement ce dernier dans sa réponse non sans lui rappeler au passage que la Senelec n’a pas respecté ses engagements, notamment financiers.

Nous ne savions pas si bien dire en écrivant dans notre édition hier, lundi 19 juillet que la question du mauvais combustible qui a été arguée par les dirigeants de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) était grosse de rupture entre la société et son principal fournisseur en combustible. Les récents échanges épistolaires entre le Directeur général de la Senelec, Seydina Kane et le Président directeur général de la société : « International Trading Oil and Commodities » (Itoc) présagent en effet d’un duel qui risque de trouver arbitrage auprès des Cours et tribunaux compétents.

Le Dg de la Senelec considère que la consommation du fuel lourd issu de la cargaison M/T Atlas Voyager a engendré un « certain nombre de dysfonctionnements » sur ses moteurs diesels et provoqué leur indisponibilité « par suite d’avaries ». Il l’écrit sans prendre des gants le 9 juillet dernier au Président directeur général d’Itoc. Il lui spécifie dans la foulée que depuis le 25 juillet, une perturbation « quasi généralisée sur l’ensemble des moteurs diesel allant de la perte de puissance progressive à l’arrêt total a été constatée ». Et Seydina Kane d’assurer à Abdoulaye Diao que « les premières manifestations se signalent par des écarts de températures très significatifs et une évolution croissante de crans de combustible qui se retrouvent en butée alors que la charge est relativement faible.

Un tel phénomène est le signe caractéristique de la consommation d’un fuel de mauvaise qualité ou inadapté au moteur ». Il lui énumère sans être certainement exhaustif les désagréments ainsi causés à ses centrales : Bel Air, Cap des Biches, Kahone… Et, il lui martèle : « cette situation est non seulement préjudiciable pour la disponibilité de notre parc de production, mais elle induit à posteriori des dommages incalculables sur la tenue des matériaux et la puissance des moteurs… » Concluant sa missive, Seydina Kane invite « curieusement » son client à lui fournir explications convaincantes à « ce phénomène » mais et surtout souligne-t-il, de « remédier à cette situation dans les meilleurs délais ».

On peut se demander : qu’est-ce qu’il entend par remédier à cette situation ? Attend-il d’Itoc une réparation du préjudice subi qu’il a caractérisé seul ? Sur la base de quoi ? Les clauses contractuelles du marché qui les lie, lui en offrent-elles la possibilité ? Ou exige-t-il une livraison à l’œil d’une nouvelle cargaison cette fois ci conforme aux spécificités techniques pour remplacer celle qu’il considère comme souillée ?

Itoc réfute et accuse

A toutes ces questions que sa lettre à Abdoulaye Diao ne précise pas forcément et à celles qui sont contenues dans le message le Pdg d’Itoc répond dans les mêmes termes et il les réfute point par point. S’il admet à la suite du Dg de la Senelec, avoir constaté certainement comme tous les Sénégalais que « par les coupures séquentielles d’électricité sur le réseau, qu’il a une perturbation de votre production dans certaines de vos centrales… » Il décline d’emblée « pour le bon ordre et en réservant ses droits », toute responsabilité quant à la mauvaise qualité du fuel-oil déchargé de ce tanker.

Abdoulaye Diao rappelle à Seydina Kane que « comme il de pratique et de règle dans l’industrie pétrolière, sur cette cargaison, il a été procédé : Au port d’Houston aux Usa, à une inspection qualité avec délivrance d’un certificat de qualité, d’un certificat de quantité et d’un certificat d’origine… » Au port de Dakar, poursuit le Pdg d’Itoc, la cargaison s’est prêté aux « inspections de qualité par des inspecteurs nommés par votre société, en l’occurrence la Société générale de Surveillance (Sgs) et, à des prélèvements d’échantillons par des agents de la Sar, toujours désignés par votre société.

Les analyses chimiques ont été faites dans le laboratoire de la raffinerie de Mbao. Les résultats des analyses et leurs certifications sont en votre possession ». N’entendant nullement porter le chapeau des avaries et des délestages de la Senelec qui indisposent le Sénégal et les Sénégalais, Abdoulaye Diao rappelle à son client les termes de leur contrat. « Dans le contrat, qui nous lie, à la page 6, il est précisé à l’article 1 (produit/qualité), au paragraphe 1-2 que ces qualités précisées et le produit déclaré conforme par l’inspecteur indépendant au déchargement, le vendeur est délié de toutes responsabilités ultérieures quant au stockage et à l’utilisation du produit ». Alors si Seydina Kane a des problèmes avec son fuel, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même ou à ses badges de stockage, lui signifie en filigrane Abdoulaye Diao.

Magnanime cependant et parlant des ennuis mécaniques, il lui fait connaître qu’à son avis, « et en première approximation, il peut s’agir actuellement de problèmes mécaniques liés aux périodes de tolérances admissibles à l’entretien des moteurs dans ces centrales ». Avant de lui asséner, « c’est la même qualité de fuel-oil qui vous est livrée depuis le début du contrat ». Le Pdg d’Itoc ajoute néanmoins comme pour montrer que sa société n’a rien à se reprocher dans cette affaire, « nous sommes disposés à participer à toute investigation nécessaire. Dans ce cadre nous avons, avec votre accord, demandé à un expert motoriste, dont nous vous avons envoyé le Cv de venir à Dakar… »

L’estocade !

Abdoulaye Diao en avait certainement plein le cœur. On lui a donné une occasion, il s’en saisit pour remettre les pendules à l’heure et son client de l’entendre à son tour. « Nous rappelons que les clauses contractuelles de livraisons », lui écrit-il en effet, « prévoient qu’avant chaque déchargement d’un bateau, les traites avalisées y liées nous sont remises : cela n’a pas été le cas pour le présent bateau déchargé le 18 juin 2010 pour lequel, sur environ 10 milliards de Fcfa de paiement exigé, la Senelec ne nous a remis à ce jour que 4,8 milliards de Fcfa. Cette situation n’a pas empêché le déchargement de la cargaison et son utilisation par votre société. 6000 tonnes restent encore en consignation à la Sar »… Ne s’arrêtant point à si bon chemin, Abdoulaye Diao porte l’estocade : « nous indiquons que, plus fondamentalement, nous procédons à ces fournitures d’environ 33 000 tonnes de fuel, après adjudication le 1er mars 2010 d’un appel d’offres international lancé par la Senelec, validé par la Direction centrale des marchés publics (Dmc) du Sénégal ». M. Diao d’informer que de mars 2010 à la fin de ce mois-ci de juillet, six cargaisons ont été livrées, tandis que le paiement de la première livraison faite au mois de mars dernier n’est attendu qu’à la fin de ce mois. Apostrophant son client, il lui lance : « la Senelec n’a pas souvent respecté ses engagements financiers par l’obligation de nous soumettre les instruments de paiement avalisés avant déchargement ». Mais à ces distorsions qui risquent de perturber la chaîne d’approvisionnement lui signifie-il, « notre société a octroyé à la Senelec en mars 2010 un crédit fournisseur de 8,5 milliards de crédit remboursable sur une période de deux ans par huit trimestrialités… » Grand seigneur : « dans la situation actuelle, en plus de vous permettre d’utiliser le fuel du M/T Atlas Voyager sans la couverture financière requise, nous étudions, sur votre demande la possibilité de vous prêter environ 1000 tonnes de fuel-oil Bts ex processing Sar pour une charge adéquate dans vos lignes et utiles à vos centrales, dans leur condition actuelle d’exploitation » !

Les Parlementaires qui ont décidé de poser la question au gouvernement chercheront mercredi 21 juillet prochain à connaître du méli-mélo et édifieront peut-être l’opinion. En attendant entre la Senelec et son fournisseur en combustible « préféré » Itoc, on n’est pas loin du clash.

sudonline.sn

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