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Serigne Bara Mbacké: Sur les traces d’un guide « politique »

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Rupture ! C’est la marque que le dernier Khalife défunt de Touba a imprimée à son magistère. Serigne Bara Mbacké s’est fait « politique » dans l’espace public.

Il y a eu bien un style Serigne Bara Mbacké. Le défunt Khalife général des mourides a rompu la pratique rigide de « l’establishment » pour la substituer à une démarche plutôt moderne. En 2 ans et 6 mois seulement de magistère. Le protocole mouride et la hiérarchisation des rapports sont restés intacts. Le mode d’adresse à la communauté aussi. Discours difficile à déchiffrer par le commun des mortels relayé par un « spécialiste », comme dans les cours « ceddo », païens en wolof.

Mais, que de choses ont changé dans les relations entre le défunt khalife Serigne Bara et l’espace public. D’abord sa communication. Le Khalife s’est fait entourer de jeunes et de technocrates formés à des domaines divers et variés. Son porte-parole Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, un trentenaire, est un pur produit de Touba. Il n’en est pas moins un brillant exégète. Cheikh Abdou Lahad Mbacké Gaïndé Fatma, lui, est un intellectuel qui a fait ses humanités au Canada. Il est le patron de Baol construction ayant en charge l’embellissement de la grande mosquée de Touba. Au dernier Magal, il avait en charge la commission Organisation et communication. A cette équipe s’ajoute Serigne Cheikhouna Mbacké, le propre fils de Serigne Bara. Lui s’occupait de la cellule de communication du Khalife général en direction du monde arabe en général. En témoigne son allocution à la plénière de la Conférence pour la Paix tenue à Grosnie, en République Tchéchène, en mai 2010, sur le thème « Le monde musulman et la mondialisation ». Résultat, Touba s’est positionné sur les grandes questions de l’heure. La dernière en date est sûrement, l’attaque par Israël de la Flottille de la Paix en direction de la Palestine. Auparavant, la Casamance fait l’objet de communiqué, une première à Touba. Comme dans les grandes structures, le pouvoir en place dans la cité religieuse recourt aux communiqués écrits envoyés aux rédactions.

PRIERE AU PALAIS

La pratique est quasiment toute nouvelle. Serigne Abdou Lahad comme Serigne Saliou, deux prédécesseurs de Serigne Bara ont parfois fait déplacer les médias notamment la Rts pour faire passer une déclaration. A la communication, Serigne Bara, lui, prend une autre approche. Il y joignait la politique du déplacement. Et le coup de tonnerre se produit le 19 juillet 2008, date à laquelle il se rend au palais de la République. L’évènement est symbolique. C’est la première fois qu’un appel à la prière (Maghreb) est lancé dans l’enceinte de ce Palais. Un siècle auparavant, les lieux ont abrité le bureau du Gouverneur de L’AOF (Afrique Occidentale Française) dont un des desseins était l’anéantissement de la foi musulmane dans les territoires d’AOF. Au cours de cette visite au palais de la république, Serigne Bara appelle Wade au dialogue politique. Ce dernier lance quasiment un pavé dans la mare. « J’ai appelé tous les Sénégalais au dialogue et à la cohésion nationale (…). J’ai décidé d’appliquer les résultats de leur réflexion (Ndlr : Les Assises nationales) s’ils me les envoient. Je suis prêt à exploiter toute bonne idée, si la finalité est de développer le Sénégal », lance Wade dans un discours en wolof. Après Dakar, Serigne Bara se rend à Kébémer, Kaolack, Rufisque, Guinguinéo (visite privée), Diakhao Sine, etc.

Les contentieux Wade/Idy, Wade/Macky, Wade/Mbaye Jacques Diop, et les dissensions au sein de la famille libérale l’ont vu s’engager personnellement. Il a reçu tous les ténors de l’opposition. Et ne s’est pas gardé de remettre un stylo à Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Ps, à qui il aurait dit : « Prends soin de ce stylo jusqu’à ton accession au pouvoir pour signer les décrets avec ». Recevant Macky Sall, leader de l’Apr, à la Résidence Khadimou Rassoul, Serigne Bara l’avait presque intronisé comme quatrième président de la République. Autant d’actes qui laissent croire que le marabout aurait sûrement pris position s’il était encore là à la Présidentielle de 2012. « Il l’aura hérité de son père, Serigne Falilou Mbacké, ami personnel de Senghor », témoigne cette source proche de Allieu, quartier de résidence du défunt khalife.

Hamidou SAGNA
lagazette.sn

2 Commentaires

  1. Sans verser dans la polémique je pense qu’il aurait été utile qu’il recadrent certaines personnalités du mouridisme qui ont instauré des pratiques aux antipodes de l’orthodoxie et qui dévoient ainsi une partie de la jeunesse. Sinon j’ai bien apprécié sa disposition à visiter les chefs des autres confréries dans un souci de consolidation de l’islam et des relations inter-confrériques.

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