Le onzième anniversaire de l’alternance n’en finit pas de susciter des réactions. Après les politiques et la société civile, le président du cercle des intellectuels soufis démarre le balai des religieux. Serigne Fallou Dieng revient ainsi sur onze années « d’infamie et de convulsion sociales ». Dans un autre cadre, M. Dieng s’est prononcé sur la situation qui prévaut en Libye, non sans lancer un appel aux initiateurs du Mouvement « Y en a marre » d’aller plus loin encore.
Pour faire le bilan des onze années de l’alternance, le président du Cercle des intellectuels Soufis est remonté à l’aurore de l’avènement de Wade au pouvoir. Il évoque d’abord la catastrophe du « Joola » avec ses 2000 victimes. Ensuite, M. Dieng est d’avis que l’alternance a consacré « onze années de braises » pour les libertés individuelles fondamentalement « bafouées ». Aussi, l’avènement de Wade au pouvoir aurait-t-il entraîné la prolifération des scandales financiers avec notamment « les fonds Taiwanais, l’affaire Sudatel et l’Anoci, entre autres ». Sur le plan social, Serigne Fallou Dieng évoque « une infamie et une convulsion » avec le fantôme des inondations et les bons impayés dans le monde rural. En somme, le président du cercle des intellectuels Soufis estime que l’alternance a deux « tares » majeures : « l’injustice » et le « gaspillage ». Dans le premier cas, renseigne-t-il, « il s’agit del’impunité constatée suite aux nombreux scandales financiers, la désagrégation des entreprises nationales comme Jean Lefebvre Sénégal, pour une consécration des entreprises étrangères comme Fougerole ou Eiffage ». A ce propos, M. Dieng poursuivra : « Si Karim Wade a des parents à qui il octroie des marchés au détriment des nationaux, cela prête à équivoque ». Evoquant la seconde « grosse tare » de l’alternance, Serigne Fallou Dieng parle du « gaspillage systématique des deniers publics ». Sur ce plan, M. Dieng qui reconnaît que « des mécanismes de contrôle de la transparence ont été créés » se désole du fait que ces mécanismes « ont été vidés de leur substance, de leur contenu ».
Wade/Kadhafi : les similitudes
Analysant la situation en Libye, le président du cercle des intellectuels Soufis a appelé les religieux à « ne pas défendre un diable indéfendable ». Pour étayer ses propos, Serigne Fallou Dieng convoque l’intervention des alliés sans laquelle, « les populations allaient subir les affres du massacre de Kadhafi ». Aussi, pour mieux légitimer ces attaques, M. Dieng renseigne qu’« ils ont sauvé des vies humaines ». Toutes choses qui l’amènent à dire : « Il faut se départir de cette idéologie et d’un prétendu nationalisme convoqués pour mettre sous coupe réglée tout un système de gouvernance ». Serigne Fallou Dieng appelle ainsi les dirigeants à « adhérer aux valeurs démocratiques et républicaines ». Poursuivant son propos, M. Dieng estime que le président Wade « a des similitudes avec le guide Libyen ». A son avis, « le chef de l’Etat Sénégalais et le guide Libyen ont la même conception possessive du pouvoir ». Pour s’en convaincre, il renseigne que « si Kadhafi défend la posture d’un guide révolutionnaire inamovible, Wade défend un despotisme Tsarien ». Pour mieux faire le lien entre les deux hommes, Serigne Fallou Dieng poursuivra, « après avoir bombardé le peuple, Kadhafi l’a invité à sortir dans les rues pour chanter et danser. De même, après avoir conduit le peuple Sénégalais à la misère et au dénuement total, Wade l’a appelé à festoyer le FESMAN à coût de 70 milliards. Or, comme l’avait enseigné Serigne Abdou Lahat Mbacké : « Qui travaille comme un âne pour gaspiller comme un singe, sera plus misérable qu’un chien ».
Appel aux rappeurs
Sous un autre aspect, le président du cercle des intellectuels Soufis dit appeler les rappeurs en général et le Mouvement « Y en a marre » en particulier, d’inscrire leurs actions autour de « trois principes ». Il s’agira : « d’une campagne de sensibilisation ambulatoire pour inciter les Sénégalais à s’inscrire massivement sur les listes électorales ; les exhorter à aller voter ; et enfin, rester debout comme une sentinelle de sûreté du vote pour que l’expression populaire ne soit pas confisquée ». Enfin, sur le bruit qui court, relatif à la « ratification par le Sénégal de la déclaration sur la dépénalisation de l’homosexualité », le Soufi parle d’une « situation cornélienne devant laquelle les autorités de Touba et Tivaouane doivent se prononcer au plus haut niveau ». En effet, poursuit M. Dieng, « il faut arrêter de dire que le Sénégal compte 95% de musulmans ». Déjà, « le président Senghor disait que la loi n’est que la consécration des mœurs ». De cette assertion, Serigne Fallou Dieng déduit que « s’il est effective, cette décision politique (la ratification de ladite déclaration, Ndlr), n’est que la traduction juridique de la sédimentation de l’orgie et des déviances sociétales Sénégalaise.
Parce qu’il y a un accommodement social avec cette pègre homosexualité ». Sinon, s’interroge Serigne Fallou Dieng, « pourquoi les « Driankés » (grandes dames), les épouses des grands marabouts, pendant les cérémonies traditionnelles, se rabibochent avec les homosexuels » ? C’est que selon lui, il faut que les Sénégalais, et surtout les Sénégalaises, sachent que qu’il est mauvais d’intégrer les homosexuels dans les cérémonies. Même de « grands messieurs » de la République aux « moralités dissolues », se servent des homosexuels comme des maquereaux. « Que cette accommodation sociale arrête, sinon, on en reviendra à la parole de Léopold Sédar Senghor et de nombreux Sénégalais risquent de devenir homo », prévient le président du Cercle des intellectuels Soufis.
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