Le budget du ministère de l’Education a été voté hier par les députés et s’élève à plus de 370 milliards. Ils déplorent néanmoins la baisse du budget réservé aux abris provisoires qui est passé de 73 à 65 milliards F Cfa. Sans oublier le déficit de professeurs de Mathématiques et de Philosophie.
Dans le cadre de l’amélioration de la qualité des enseignements, des apprentissages et pour un bon déroulement du secteur éducatif, le budget du ministère de l’Education nationale a connu une augmentation de plus de 3 milliards de F Cfa. Il est passé de 366 milliards à plus 370 milliards de francs Cfa. Les députés se sont réjouis de cette hausse, mais pensent que le secteur de l’éducation est traversé par des problèmes. Cheikh Oumar Sy pense que «c’est une hausse qui reste vraiment minimale (1 milliard 300 mille). Je crois qu’il faut aujourd’hui aller dans le sens d’un renforcement plus conséquent de ce budget. Car si vous regardez aujourd’hui, 86% du budget sont consacrés aux dépenses de personnel et de fonctionnement, ce qui laisse peu de marge pour les dépenses d’investissements, pour les constructions et pour le maintien des écoles». Pour lui, «il faut aller dans le sens où la structuration doit se faire avec l’Acte 3 de la décentralisation, laisser aux collectivités locales l’initiative des investissements et que l’Etat revient sur un rôle plus régalien avec la mobilisation des ressources pour les enseignants et les professionnels. Aujourd’hui, il est impératif que le ministère travaille de manière très étroite avec les collectivités locales».
Lors de cette séance plénière, l’essentiel des interventions a porté sur la baisse du budget des abris provisoires. Il est passé de 73 à 65 milliards F Cfa. Me Elh Hadj Diouf trouve «inacceptable» cette mesure. Selon lui, «il faut de la volonté politique et des moyens conséquents pour régler définitivement la question des abris provisoires qui deviennent des endroits définitifs et c’est inacceptable. C’est des endroits à risques où nos enfants peuvent courir de grands risques, des endroits qui n’ont pas de sécurité».
Par ailleurs, le déficit de professeurs et de salles de classe et la construction des nouveaux lycées ont passionné les députés. D’après eux, le manque de professeurs en Mathématiques, de Philosophie constitue une vive préoccupation. Sans oublier les mauvaises conditions d’hygiène des écoles. En fin de compte, le manque d’organisation, la pléthore des syndicats, le problème des daraas modernes ont vivement irrité les élus. Le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, estime que «le problème qui se pose n’est pas un problème d’enseignant, mais un problème de réserve foncière. C‘est ainsi qu’au niveau du ministère nous avons un projet qui s’appelle Adem (Amélioration de l’enseignement moyen au niveau de Dakar). Ce programme que nous avons mis en place avec l’Agence française de développement va nous permettre en 2015-2016 de construire un certain nombre de collèges à ce niveau».
Le déficit de professeurs dans certaines localités dans les disciplines scientifiques et surtout le manque criard de «philosophes» est une évidence que l’Etat compte résorber. «Pour former un prof de Philosophie du temps où c’était la maîtrise, c’est 6 ans, car il faut 4 ans pour la maîtrise et 2 ans pour la Fastef. Vous comprenez bien que ce n’est pas un problème qui peut se régler…», justifie le ministre. Selon lui, la multiplication des lycées n’a pas été suivie de planification dans la gestion des ressources humaines et financières. «Nous allons avoir une pause dans la création de lycées parce qu’il ne sert à rien de créer des lycées quand nous avons surtout un problème de profs de Philosophie et de Mathématique», soutient Serigne Mbaye Thiam. Sur la question des abris provisoires devenus au fil des années un sérieux problème d’inconfort et de précarité, le ministre mise sur la réhabilitation et l’équipement des établissements scolaires. Cependant, il reste à remplacer beaucoup d’abris provisoires qui représentent à l’heure actuelle 12 % des salles de classe contre 20% en 2008. «Je voudrais indiquer que le chiffre des abris provisoires n’est pas statique parce que chaque année, il y a de nouvelles salles de classe qui sont construites dans des écoles et dans des Cem. Chaque année, nous avons un programme de résorption des abris provisoires. C‘est ça qui fait que le montant est passé de 73 à 65 milliards», indique le ministre. En ce qui concerne les daaras publics ou construits par l’Etat, Serigne Mbaye Thiam soutient que les critères de création reposent sur les effectifs, l’intérêt de rehausser leur niveau et l’engagement pour intégrer le processus de modernisation.
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