Dans 3 jours á Bafoussam où loge le groupe B composé de la Guinée, du Malawi , du Zimbabwé dans cette 33 édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football, le Sénégal entrera en lice face aux Warriors pour entamer une campagne décisive á plus d’un titre. Décisive pour un régime et des politiciens qui n’ont ménagé aucun effort en vue d’une éventuelle récupération en cas de victoire finale. Décisive pour une équipe fédérale et un sélectionneur á qui aucun répit ni excuses ne seront accordés en cas d’échec. Décisive enfin pour une génération de footballeurs (les Olympiques de 2012 surtout) qui sont presque á l’aube de leur carrière internationale. S’y ajoute la position flatteuse de numéro un en Afrique selon le classement FIFA et les attentes, les espoirs de tout un peuple qui prend toujours son mal en patience malgré toutes les promesses et tintamarre campagne après campagne. Tout un programme et un cocktail explosif qu’il faudra gérer de main de maître.
Au Cameroun du 9 Janvier au 6 Février 2022, Le Sénégal participera á la 16ème CAN de son histoire. Le moins que l’on puisse dire, malgré les optimistes et les inconditionnels de service, c’est une compétition qui ne nous réussit point. Si l’on s’aventurait á dresser un bilan de participations et classement CAF de la dite compétition, le Sénégal serait aujourd’hui classée á la 11ème place sur le continent. Loin derrière les habituels que sont l’Egypte, le Cameroun, le Ghana, La Côte d’Ivoire, l’Algérie etc…Certes il a pu accéder á deux finales (2002, 2019) et á 5 demi-finales (1965, 1990, 2002, 2006, 2019), il reste toujours sans trophée.
Cette année sera-t-elle la bonne? Tout un régime et un peuple le souhaite. Toute une équipe fédérale et un sélectionneur se sachant attendus, prient et égrènent leur chapelets dans ce sens. Et tout un groupe de footballeurs/ compétiteurs á coeur d’écrire les premières lettres de noblesse d’un football national plus décevant que rayonnant au change, n’aspirant et ne rêvant que de la victoire finale.
En 1986 au Caire, malgré les espoirs de tout un peuple et un engouement sans précédant après 17 ans d’absence á la fête du football africain, des Lions inexpérimentés et tétanisés par l’enjeu au dernier round, se verront éliminé par une Côte-d’Ivoire moins forte, mais plus réaliste (0-1). Ce, après avoir dominé l’Égypte future vainqueur en match d’ouverture devant son public (1-0) et la Mozambique (2-0). Une déception énorme qui plongera le football dans une crise latente au point de rater l’édition suivante.
En 1990 á Alger, mission avait été donnée á Claude Leroy sélectionneur de l’époque de se focaliser plutôt sur Sénégal 1992 édition suivante que l’on devait organiser. Malgré un effectif intéressant avec un savant dosage d’anciens et de jeunes pouces, les Lions dont le seul fait d’arme sera une éclatante victoire face au Cameroun futur mondialiste (2-0) se contenteront d’un place en demi-finale perdue face au pays organisateur l’Algérie (1-2) après un match âprement disputé.
En 1992 au Sénégal, l’une des campagnes á mon avis les plus catastrophique dans l’histoire de notre CAN dont l’issue pouvait se lire sans coup férir, changera ma vision et surtout ma lecture d’ensemble dans la capacité de nos dirigeants et fédéraux de ne jamais céder au sentimentalisme et de faire preuve de pragmatisme dans la gestion de notre équipe nationale. La génération Caire 1986 des Jules Bocandé, Omar Gueye Séne, Roger Mendy, Mamadou Teuw, Lamine Ndiaye, Pape Fall, Thierno Youm tous, sur leur rotules, sera préférée á la jeunesse et la fougue des Mamadou Diarra, Aly Male, Alboury Lakh, Moustapha Diagne, Baytir Samb, Moussa Ndaw, Youssou Mbengue. Les deux plus vieilles ossatures du tournoi Sénégal et Cameroun croiseront le fer en quart de final et tout le monde au Sénégal se souvient encore de ce but d’Ernest Ébongué qui anéantira les espoirs irréalistes d’un peuple accroché á ses vieilles stars et nostalgique du passé.
La participation sénégalaise á la CAN 1994 á Tunis était presqu’un cadeau dans la mesure où le Sénégal sportivement éliminé sera repêché au détriment de l’Algérie qui avait aligné un joueur suspendu grâce surtout á la vigilance de feu Mawade Wade siégeant á l’époque au Comité Directeur de la CAF. Les Lions avaient une équipe de transition et un duo de coachs (Bocandé-Locotte) sans expérience. Ils gagneront un match face á la Guinée 2-1 et perdront les deux suivants contre Ghana (0-1) et la Zambie (0-1) en quart de finale pour rentrer tranquillement. C’était la dernière CAN de Cheikh Seck gardien de but, premier joueur á avoir fait 4 CAN.
En 2000 á Abuja sous Peter Schinttger, la génération qui a précédé celle 2002 avec Pape Malick Diop, Assane Ndiaye, Salif Keita, Niokhor Fall, Moussa Ndiaye, Khalidou Fadiga, Henri Camara se hissera en 1/4 contre le Nigéria (1-2).
En 2002 á Bamako, cette belle équipe sous la houlette de Bruno Metsu qui venait de faire sensation en se qualifiant á la Coupe du Monde éliminant tour á tour dans le même groupe L’Egypte, le Maroc, l’Algérie sera une des équipes les plus forte mentalement que le Sénégal n’est jamais vu. Dommage que les promesses et surtout la dynamique ascendante durant ce tournoi n’ait pas débouché sur la victoire finale parce que cette équipe était la plus proche du Graal que le Sénégal n’ait jamais vu. Pleine de confiance, d’audace et personnalité insuffler par un coach plus psychologue que tacticien, elle perdra après prolongations et aux pénaltys face au…Cameroun. Un groupe était né.
En 2004 á Tunis cependant, un groupe orphelin de Bruno Metsu remplacé entre-temps par Guy Stéphan, orphelin de son métronome Khalidou Fadiga, trop arrogante et trop sûr d’elle après un premier tour mal abordé et négocié se retrouvera en 1/4 final contre la Tunisie pays organisateur. Match perdu (0-1).
En 2006 au Caire la campagne la plus bizarre dans l’histoire cette équipe du Sénégal conduite cette fois ci par par Abdoulaye Sarr. L’exercice sera très pauvre et contenu ( 2 victoires et 4 défaites), même si le Sénégal atteint le dernier carré sans monter sur le podium. Les signes avant coureur du déclin étaient visibles avec des joueurs sur qui l’ont insisté mais qui n’avaient plus leurs jambes ou leur aura de 2001-2002.
Ce déclin sera confirmé á la CAN suivante de 2008 au Ghana durant laquelle un coach dépassé nommé Henry Kasperczack démissionnera en pleine compétition avec un groupe démotivé et sans mordant. C’en était fini pour la génération 2002. Cependant Henri Camara sera le premier joueur á avoir participer á 5 CAN sous les couleurs nationales. Record á ce jour.
En 2012 en Guinée Équatoriale sous la houlette d’un Amara Traoré nouveau coach présentera une équipe déséquilibrée avec son armada offensive de choix ( Demba Ba- Moussa Sow- Papis Demba Cissé- Dame Ndoye) mais avec une défense dans l’incapacité d’assurer et de rassurer et d’un milieu incapable de prendre le jeu á son compte. Résultat le Sénégal fera la plus mauvaise campagne de son histoire essuyant trois défaites de rang (1-2) contre trois équipes Zambie, Guinée Équatoriale, Lybie classées loin derrière elle. La plus mauvaise campagne en résultats.
En 20015 avec Alain Giresse aux commandes, après un bon début face au Ghana 2-1, l’inexpérience et surtout les mauvais choix tactiques durant le deuxième match contre l’Afrique du Sud (1-1) mettront le Sénégal dans une mauvaise posture au dernier round durant lequel il perd le match couperet face á l’Algérie 0-2. Comme d’habitude.
En 2017 la première d’Aliou Cissé en tant que coach, sera encore une énième déception après des débuts tonitruants et prometteurs. En match de poule gagnant 2-0 contre la Tunisie et le Zimbabwé et 2-2 contre l’Algérie avec un football très offensif et plaisant pour se qualifier facilement. Le Sénégal á qui le Cameroun avait cédé la possession et l’initiative de jeu en quart-de finale, malgré un potentiel et une supériorité apparente sera incapable de hisser le niveau pour se défaire des Lions Indomptables. Les joueurs d’Aliou Cissé sans démérité, perdront aux tirs au buts 4-5.
En 2019 au Caire, déjà en tête du classement FIFA sur le continent, le Sénégal avec un groupe presqu’inchangé ayant un certain vécu et le même coach, malgré une voie royale tracée sur son chemin qui le mènera en finale pour la deuxième fois de son histoire, sera incapable de surmonter la difficulté algérienne par deux fois. Perdant en match de poule et en finale sur le même score étriqué de (0-1). Si le supporter sénégalais toujours optimiste voudrait se focaliser sur le parcours d’ensemble qui a mené les Lions en finale, l’observateur et l’analyste en moi était plutôt inquiété par la manière dont l’équipe d’Aliou Cissé a été impuissante et incapable encore une fois de déverrouiller et contourner une équipe qui refuse le jeu.
En 2022, au vu de son standing actuel, de son rang de favori déclaré, l’Équipe Nationale du Sénégal sera attendu. Je n’ai aucun doute que cette équipe est l’une des plus talentueuse et complète du moment. De par notre petite historique en CAN et les différentes campagnes que j’ai personnellement suivi et vécu, j’en suis arrivé á la conclusion que gagner une Coupe d’Afrique n’est pas une tout simplement une déclaration d’intention ou une volonté politique. Gagner une CAN n’est pas un simple slogan connecté dans un cabinet marketing. C’est tout un ensemble. Avec la baraka au finish. Les individualités seules ne suffisent pas dans un tournoi. En plus d’un collectif engagé, en plus de l’abnégation, du mental sans faille, de la concentration permanente au sein du groupe, l’humilité et le respect de tous les adversaires sont aussi des viatiques et gages á la base de tout succès. Bien débuter le tournoi passera par aborder les matchs de poule avec un sérieux sans relâche. Ne pas brûler les étapes. Avant de parler de #MANKOWUTINDAMLI qui est la finalité, commençons par exemple par le challenge de gagner pour la première dans l’histoire de la CAN, 3 matchs consécutifs en phase de poule. Le Sénégal ne l’a jamais fait.
Sportivement. SINDO
