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S’il vous plaît, Monsieur le Président

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Je dois, de prime abord, dire merci à Danièle Gilbert. Merci à cette présentatrice télé de m’avoir inspiré. Dans son livre intitulé S’il vous plaît, Monsieur le Président, Danièle Gilbert se faisait porte-parole de «son» Peuple devant le Président français d’alors, Mon­sieur Jacques Chirac. Elle y passait en revue les «principales préoccupations» de ses compatriotes sur fond d’imploration.
Contrairement à cette speakerine chevronnée, je ne m’autoriserai pas à parler au nom des miens pour une raison : les sénégalais, à l’image des philosophes, ne sont d’accord que sur leurs désaccords. Comment donc prétendre porter leur (s) parole (s) ? Donc, comprenez Monsieur le Président que je ne puisse porter que ma voix, tout en espérant adhérer dans mes commentaires plusieurs milliers de mes compatriotes.
L’Ecole sénégalaise : les problèmes de ses solutions : Monsieur le Président, les crises qui secouent ce secteur portent la responsabilité de tous. Des autorités étatiques aux élèves en passant par les enseignants et les parents d’élèves. Bref, toute la communauté éducative. Aux enseignants, il leur est généralement reproché des «grèves cycliques», des «revendications toujours financières», «du mercantilisme syndical». Les syndicats d’enseignants, je dois l’avouer, émettent trop souvent à partir des fréquences financièrement brouillées. Cela peut poser problème, car l’action syndicale crédible ne saurait se baser que sur des requêtes pécuniaires. Des doléances syndicales strictement pédagogiques, notamment l’arrêt définitif du recrutement d’enseignants sans formation entre autres, sont posées sur votre table. Avouez-le !
Les élèves, pour le peu que j’en sais, vous réclament assez de salles, de professeurs et de matériels… Il vous revient de satisfaire ces revendications annuellement renouvelées sur fond de grèves. Mais ces derniers, tantôt payeurs des pots qu’ils n’ont jamais vus pour les casser, ont de nombreux «encenseurs». Pour cette raison, je préfère les apprécier du côté des «descendeurs». Monsieur le Président, Dieu sait que très peu d’entre eux se tuent aujourd’hui au travail. Ils ont de nouvelles références. Beaucoup d’entre «nos» élèves sont devenus des Fashion victims. Ils préfèrent adhérer habilement aux «new feelings». Les faibles résultats des examens du Bac et du Bfem 2014 sont en grande partie le fruit de leur manque d’engagement et de cette absence du suivi parental.
Les parents, coupables très peu accusés, fuient leurs responsabilités pour des raisons économiques pour certains et de désespoir pour d’autres. La crise scolaire a eu le don d’«annihiler» tout engagement parental. Le parent d’élève qui constate, amèrement, l’école en chute libre et qui, pour des questions de survie, se libère de son rôle de parent d’élève, doit forcément bénéficier de circonstances atténuantes. Sa culpabilité étant établie avec la complicité du coût élevé de la vie. Ce même parent qui continue d’entretenir ses enfants 10 ans après le Bac, voyait 10 ans plus tôt l’école comme seule issue face à la cherté de la vie présenter aujourd’hui ce visage repoussant, n’a pas tort de s’en laver les mains.
Les Industries chimiques du Sénégal, dernier plan de secours ? Ouf ! Comme les travailleurs des Ics avec qui j’ai récemment discuté, beaucoup ont poussé ce ouf. L’information portant sur la reprise des Ics par Indorama, firme indonésienne avec une première «perfusion» de 112 milliards Cfa a gonflé à bloc ces vaillants travailleurs des Ics qui commençaient depuis quelques mois à prêter le flanc. Si vous tenez à cette promesse de «perfuser» les Ics, vous ôteriez des milliers de pères de famille de plus de 1 000 nuits sans sommeil. Dans une chronique sur www.mbo­roin­fos.com, j’avais écrit que les Ics étaient malades à cause d’un déficit de patriotisme économique et ne guériraient que d’un patriotisme économique de type revigoré. Je n’avais non plus pas compris l’attitude de l’Etat à toujours mettre l’entreprise «sous tutelle». Sommes-nous encore incapables de tenir la majorité de l’actionnariat des Ics, ex fleuron de l’économie nationale ? Mon inquiétude reste tout de même intacte. Les Indiens s’en vont, les Indonésiens débarquent. Sur les mêmes bases : 60% du capital de l’entreprise. Substitution parfaite ! Ifco reprend ses 18%, l’Etat du Sénégal s’accroche à ses 15% et les 1% presque pour le gouvernement iranien ? S’il vous plaît Monsieur le Président, faites profiter à Mboro et environs un Plan social. Enfin !
Le nombre de parti(cule)s politiques : Quelque 280 partis politiques dont peu en attente de recevoir leur récépissé pour une population totale d’un peu moins de 14 millions d’habitants contre moins de 3 millions d’électeurs ! Voilà ce que nous vaut notre entendement de la démocratie. Sur ce critère prétendument démocratique, le Sénégal, une démocratie en cours de maturation, battrait de très loin les grandes démocraties. Pour régler cette question, le leadership politique sénégalais, dans sa majorité, a pensé devoir augmenter «sensiblement» la caution pour «dissuader les candidatures fantaisistes». Ainsi, elle passe de 6 millions en 2000 à 25 millions en 2007 et puis 60 millions en 2012. Un taux d’augmentation de ladite caution à 90% de 2000 à 2012. Pourtant, les candidatures lors de ces trois compétitions électorales n’ont pas pour autant fléchi. En 2000, ils étaient huit (8) Sénégalais à porter une ambition présidentielle. Sept années après, ils étaient au nombre de quatorze (14) à «contester» la réélection de Me Wade et lors de la dernière qui vous a porté à la Magistrature suprême, vous étiez quatorze (14) à vouloir occuper Un Fauteuil et cela, malgré l’augmentation sensible de la caution. D’ailleurs, n’eût été les rejets motivés ou politiques, c’est selon, de deux (2) candidatures par le Conseil constitutionnel, vous seriez 16 «prétendants». Dans un pays pauvre très endetté comme le nôtre, pensez-vous que notre «maigre budget national» puisse supporter autant d’exigences d’un processus électoral libre, démocratique et transparent ? Monsieur le Président, le Sénégal émergera lorsque son leadership politique comprendra qu’il ne peut y avoir plus de cinq (5) grands partis au maximum dans ce «petit pays». Les trois dernières Prési­dentielles ont fini de (dé)montrer que les électeurs optent pour cinq candidatures. Pas plus ! Après la Présidentielle de 2000, seuls quatre (4) «prétendants sérieux» avaient récolté plus de 5%, l’autre moitié rivalisait de trop maigres scores. En 2007, sur 15 candidats huit (8) avaient moins de 1%, 3 moins de 3%. Seuls quatre (4) avaient eu encore plus de 5%. Enfin, en 2012, cinq (5) candidats avaient dépassé la fameuse barre des plus de 5%. Un record ! Sept (7) avaient eu moins de 1% et les deux (2) autres moins de 2%. Monsieur le Président, «tes» concitoyens votent pour cinq profils au maximum et nous les confirment aux pourcentages obtenus. Toutes ces appartenances prétendument idéologies ne sont, en réalité, que JE. On crée un parti pour trôner à sa tête. A travers de larges concertations, vous trouverez sûrement le SALUT autour de cinq (5) idéologies si vous, professionnels politiques, y croyez réellement: les Socialistes, les Démocrates, les Libéraux, les Républicains et les Ecolos.
La Crei : Une justice à politique ou apolitique ? Le secteur de la justice ne s’en porte que très mal malgré tout ce que vous avez promis. S’il vous plaît Mon­sieur le Président, actez cette rupture que vous savez chanter tant. Vous bloquez et débloquez des dossiers judiciaires et vous vous plaisez à le dire. Publique­ment ! Dites-moi sur quelles bases opérez-vous pour bloquer et débloquer ces «milliers de dossiers juridiques» ? Rendez-vous des comptes politiques ? Si vous êtes incapable, voire réticent à assurer une bonne administration de la justice, c’est parce qu’il vous fallait, sauf votre respect, beaucoup plus pour prétendre au poste que vous occupez actuellement.
Votre paix, c’est l’émergence… L’ordre de priorités du Plan Sénégal émergent est parfait : Infrastructures, Energie, Agriculture, Eau potable et Assainissement, Education et Formation, Santé… Il ne pouvait en être autrement. Mais est-ce suffisant ? Du tout ! Votre Pse ne peut bouffer plus de 2 milliards pour son étude, nécessiter 10 297,6 milliards Cfa dont 4 814,6 milliards seraient, au terme de son bouclage, soutenus par le contribuable pour sa mise en œuvre et nous proposer seulement un ordre d’intentions irréprochable. Mais venons-en à son objectif principal : l’atteinte d’un «taux de croissance annuel moyen de 7 à 8% (…) portée sur la période 2014-2018». Monsieur le Président, si l’on suit les «avis d’experts» qui entourent le débat sur la mise en œuvre du Pse et son «faux» rythme, je puis vous dire, et selon toute vraisemblance, que la cible inscrite sur le tableau ne sera ni atteinte ni approchée. Le financement global du Pse n’est pas encore bouclé. Le sera-t-il ? Et quand ?
«Dëk bi dafa maaxe»: Et si Talla avait raison ? Excusez cette audace Monsieur le Président. Le slogan «dëk bi dafa maki» vous déplaît, mais il faut y faire. Malgré notre «amitié», permettez que j’utilise, à mon aise, celui de votre «ami» Talla. Comme lui, je pense que «dëk bi dafa maxe». «Dëk bi makiwul, dafa maxe» dixit l’actuel maire de Thiès. Avez-vous déjà entendu parler du savant Bibi Gaye ? Ce vieux, ex-agent de la Sias qui squatte le rez-de-chaussée d’un immeuble à la Médina et qui se plaît à vous descendre. Il partage le refrain de Monsieur Talla Sylla. A-t-il tort Monsieur le Président ? Vous avez théorisé une gouvernance sobre… avec une rationalisation du budget national qui aurait permis des milliards d’économie. Le «nettoyage» du fichier de la Fonction publique a permis d’économiser des milliards. La rationalisation du budget de la Présidence de même. L’utilisation rationnelle du téléphone dans les services de l’Etat a également fait économiser des milliards et j’en passe. Sauf votre respect, à qui ces «grosses économies» ont-elles réellement profité ? Le quotidien de qui ont-elles réellement amélioré ?
Offenser le chef de l’Etat : Est-ce attaquer politiquement le chef de parti ? Le règlement de la sempiternelle question du cumul de fonctions règlerait définitivement cet article 80 controverse qui réprime le délit d’offense au chef de l’Etat. Si l’esprit de cette loi est sans équivoque, il faut oser dire que le texte est mal lettré. La notion d’offense étant relative, car résultant de facteurs crypto-personnels, vous comprenez donc mon inquiétude si j’entends dire que le procureur s’est autosaisi d’un cas d’offense contre vous. Ce qui est offensant pour Macky ne l’est forcément pas pour Bassirou. Sur ce, comment Bassirou pourrait-il (malgré les pouvoirs d’autosaisie qui lui sont conférés) s’autosaisir d’un délit assez subjectif ? Maintenant je suis presque sûr que les Sénégalais en feront la même interprétation le jour où ils apprendront que le cumul des fonctions de chef d’Etat et secrétaire général de parti n’est plus. Ici, il me vient en tête la solution proposée par le Professeur Moustapha Kassé que je partage totalement par souci de préservation de nos maigres ressources d’abord et d’efficacité dans les choix des hommes et des femmes au service ensuite. Le professeur a exactement dit ce qui pourrait conclure une bonne fois pour toute l’éternel débat et sur le mandat et sur ce fameux article politique à 80%. A l’image du professeur, je propose que vous faites sept ans et non cinq et ne plus vous présenter pour 2019. Et vous démissionnerez de vos responsabilités de chef de l’Apr au moins deux ans avant la tenue de la prochaine Présidentielle. Parfait compromis pouvant du coup clore ce vieux débat sur l’offense au chef de l’Etat. Ce faisant, vous sacraliserez comme jamais avant la fonction de chef d’Etat. Ce faisant, vous guéririez plusieurs maux dont souffre la morale républicaine. Ce faisant, vous pourrez mettre en œuvre la politique de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Ce faisant Monsieur le Président, vos alliés seront moins encombrants et embarrassants. Vous pourrez réellement sanctionner «sans état d’âme». Pour toutes ces «vertus», démissionner de vos fonctions de secrétaire général de l’Apr devrait être une mince affaire.
Et par rapport au souci de préservation de nos caisses. Qu’est-ce qui empêcherait aux Sénégalais de penser et de dire que l’argent public a été utilisé pour battre campagne en faveur du candidat sortant ?
Ebola : Serial killer et thérapie à la fois. Monsieur le Président, le «cas importé» a pu calmer un jeu que vos menaces et convocations à la Crei ne faisaient que raviver. Toute la classe politique s’est mise à votre côté. Pourtant, vos futurs adversaires auraient pu s’engouffrer dans la brèche des tergiversations fermeture-ouverture-fermeture de nos frontières. Et vous reprocher d’avoir baissé la garde en un moment. Mieux, votre «meilleur ennemi» a appelé ses «troupes» à se mettre en ordre de bataille sur la ligne de riposte contre le virus Ebola…
Le virus Ebola n’a pas été mal thérapeutique que sur la stabilité politique. Il a installé un reflexe hygiénique dans nos sales habitudes. Des gens, qui ne s’en souciaient que très peu, se lavent maintenant les mains. Devrait-on replonger dans nos vieilles sales habitudes parce que le virus aura été anéanti ?
Pour terminer, Monsieur le Président et cher «ami», je voudrais te souffler que tu as cette possibilité de te faire conseiller par cette «dictature» dans la presse. Au Sénégal, la presse libre et même cette presse de critique sont bonnes conseillères.
Ndiaga NDIAYE,
Professeur d’anglais

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