XALIMANEWS-La faillite de Silicon Valley Bank (SVB), un établissement pourtant considéré comme solide mais emporté en à peine deux jours, a fait souffler un vent de panique sur les marchés financiers. Cet effondrement est en effet le plus important depuis la crise financière de 2008.
En moins de vingt-quatre heures, la Silicon Valley Bank, un établissement proche des milieux de la tech et l’une des banques les plus en vue des États-Unis, a quasiment disparu du paysage financier.
Peu de temps après avoir annoncé la vente de 21 milliards de dollars de titres (avec au passage une perte de 1,8 milliard de dollars) et ses difficultés à lever de l’argent frais, SVB a vu l’autorité de régulation bancaire de l’État de Californie décider de sa fermeture, et ainsi la priver de toute liberté et marge de manœuvre.
Afin d’éviter un effondrement encore plus important, le bureau californien de la protection financière et de l’innovation (DFPI) a annoncé vendredi 10 mars 2023 dans un communiqué avoir désigné la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’organisme chargé de la garantie des dépôts aux États-Unis, comme administrateur judiciaire, justifiant sa décision par le « manque de liquidités et son insolvabilité » de SVB.
Comment en est-on arrivé à une telle situation ?
Fin 2022, la banque comptait pourtant 209 milliards de dollars d’actifs et environ 175,4 milliards de dépôts, précisent les autorités.
Manque de diversification
Peu connue du grand public, SVB représentait tout de même la 16e banque américaine par la taille des actifs.
Basée à Santa Clara (Californie), Silicon Valley Bank était spécialisée dans le secteur technologique, faisant principalement affaire avec des clients bénéficiant des fonds de sociétés de capital-risque ou de capital-investissement. Une « niche » confortable lorsque la Tech fonctionne et progresse, mais risquée en raison du manque de diversification des financements.
Or, fragilisées par la hausse des taux d’intérêt et les remous de la Tech ces derniers mois, ces sociétés ont soudainement eu besoin de retirer de l’argent. Beaucoup d’argent.
Pour faire face à ces retraits, SVB a eu besoin de liquidités dont elle ne disposait pas.
La banque a donc cherché à lever rapidement du capital, sans y parvenir. Mais ses difficultés ont très vite inquiété les marchés.
L’établissement a ainsi perdu 60 % à la Bourse de New York jeudi 9 mars 2023 et son titre a été suspendu vendredi avant le début de la séance.
Dans son effondrement, SVB a entraîné les quatre plus grandes banques américaines, lesquelles ont perdu 52 milliards de dollars en Bourse jeudi : JPMorgan Chase a ainsi perdu 5,4 %, Bank of america 6,20 %, Citigroup 4,10 % et Wells Fargo 6,18 %.
Pour Eric Compton de Morningstar, les déboires de SVB rappellent « qu’il peut être très difficile de prévoir » comment les risques liés aux niveaux de liquidités peuvent évoluer au cours d’un trimestre et « quand ils peuvent se matérialiser ».
Toutefois, les experts estiment que les problèmes rencontrés par la banque « sont très spécifiques » et ne sont pas de nature « à affecter l’ensemble du secteur bancaire, encore moins les grandes banques », avance Ken Leon, analyste pour le cabinet CFRA. Les obligations accrues imposées par les régulateurs après la crise financière de 2008 ont joué leur rôle, avance-t-il.
Même son de cloche chez les analystes de Morgan Stanley qui, dans une note, insistent : « Nous voulons être très clairs… Nous ne pensons pas que le secteur bancaire soit confronté à une pénurie de liquidités ».
Une des conseillères économiques de la Maison Blanche, Cecilia Rouse, a pour sa part souligné que le secteur était « fondamentalement différent de ce qu’il était il y a dix ans ».
Réouverture lundi
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a convoqué plusieurs régulateurs du secteur de la finance pour évoquer la situation, leur rappelant qu’elle avait « pleine confiance » dans leur capacité à prendre les mesures appropriées et estimé que le secteur bancaire restait « résilient ».
Un discours en forme de « méthode Coué » pour gagner du temps et permettre à la FDIC de remettre de l’ordre dans les affaires de SVB, sans entraîner de panique générale sur les marchés, rendus fébriles pour cette faillite, la plus importante depuis la crise financière de 2008.
Depuis vendredi, la gestion de la Silicon Valley Bank est du ressort de la Federal Deposit Insurance Corporation, chargée du contrôle et de la garantie des dépôts. Elle s’occupera nlotamment de gérer les actifs de la banque, les retraits, les prêts en cours, etc.
Cette dernière prévoit de rouvrir les 17 agences de la banque lundi, en Californie et au Massachusetts.
À court terme, elle envisage d’autoriser les clients à retirer jusqu’à 250 000 dollars, soit le montant habituellement garanti par la FDIC.
Ceux possédant davantage d’argent sur leurs comptes bancaires, soit la grande majorité des clients de la banque, sont invités à contacter l’agence.
C’est le bureau californien de la protection financière et de l’innovation (DFPI) qui a officiellement pris possession de l’établissement, invoquant « son manque de liquidités et son insolvabilité ».
Ouest-France