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Situation sociopolitique au Mali: « Coup d’Etat » ou « Révolution » ce 18 Août 2020 ? (Par Ibrahima SENE)

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De la réponse à cette interrogation dépend de la nature de la transition qui s’impose aujourd’hui au Mali.

En effet, le « Coup d‘Etat » est une interruption de la légalité d’un pouvoir légitime, qui pose la nécessité d’un « retour à cette légalité », qui, dans une République, passe par l’organisation d’une nouvelle élection.

Alors qu’une « Révolution » est une rupture d’un système de gouvernance institutionnelle politique économique et sociale en vigueur, qui débute par la prise du pouvoir par les forces révolutionnaires du pays.

Dans le premier cas, l’on assiste à un retour de l’ordre légitime ancien, alors que dans le second, il s’agit de transformer l’ordre ancien, pour en construire un nouveau.

Ainsi, afin de savoir objectivement à quoi nous avons affaire au Mali, il convient de se rappeler de ce que disait Lénine, pour distinguer le « Marxisme du Blanquisme » !

Il disait, que la révolution n’est pas l’affaire d’un Parti politique, ni même d’une Classe sociale, mais bien l’affaire d’un peuple.

Il ajoutait, que ce n’est donc pas l’affaire de groupuscules, qui s’autoproclament défenseurs du peuple, et qui, au nom de cela, s’agitent pour prendre le pouvoir afin de l’exercer au nom du peuple.

Cela rappelle bien, nos activistes actuels dans les réseaux sociaux, qui prétendent vouloir libérer le peuple !

C’est pourquoi, Lénine précisait, que la Révolution ne peut intervenir que dans une « situation révolutionnaire » où le peuple d’en bas, ne veut plus être gouverné comme avant, que le pouvoir ne peut plus gouverner comme au paravent, et que les sympathisants du pouvoir hésitent à se mobiliser pour le soutenir !
Cela est manifestement le cas au Mali où, depuis que le M5 /RFP, qui est un large rassemblement de forces patriotiques, républicaines démocratiques, éprises de justice sociale, dans les partis d’opposition et la société civile laïque et religieuse, s’est mis en branle contre le régime d’IBK, et que ces mêmes forces, au sein des armées maliennes, ont parachevé, en faisant tomber le pouvoir d’IBK le 18 Août 2020 , non pas pour le garder afin de gouverner, mais pour le transmettre au peuple en s’alliant avec le M5 /RFP.

Ce 18 octobre 2020 a donc été bel et bien le début d’une « Révolution Nationale, Démocratique et Citoyenne », qui ouvre une phase de transition pour réaliser les aspirations du peuple Malien en quête de la restauration de sa souveraineté sur toute l’étendue de son territoire, pour y assurer la sécurité et l’inclusion sociale, dans la justice et la réconciliation nationale.

Mais la CEDEAO, qui réduit cet événement historique à une simple prise du pouvoir par l’armée contre un pouvoir civil légitime, et qui le qualifie de « Coup d’Etat » contre le peuple, ne peut qu’exiger, leur départ pour rétablir le Président déchu dans ses fonctions.
Mais, ayant échoué dans cette première tentative, elle théorise une période de transition entre la déchéance du Président IBK, et la tenue d’une nouvelle élection présidentielle, avec un Code électoral plus consensuel !

C’est donc une erreur d’appréciation que de réduire la crise au Mali au seul système électoral qui a permis l’élection à deux reprises d’IBK, et que la période de transition devrait servir à réformer!

Une telle perception a déjà coûté 7 ans d’aggravation de la crise au Mali, de 2013 à 2020, au point de mettre l’existence même du pays en danger!

C’est le triomphe d’une telle perception à l’époque, qui a permis une reproduction du régime présidentiel sous Amadou Toumani Touré( ATT) qui a été déchu par les militaires,, à travers l’élection d’IBK, qui, après 7 ans de mise en œuvre de la même Politique économique néolibérale, a plongé son pays dans une dépendance accrue vis-à-vis de la France, et dans sa mise sous tutelle par l’ONU, et a étendu l’insécurité et la misère dans tout le pays, tout en remettant les richesses budgétaires de l’Etat les ressources du pays, entre les mains d’une minorité, par la gabegie et la corruption, et en cultivant l’exclusion économique et sociale de larges populations du Centre et du SUD, qui a servi de terreau fertile aux violences inter ethniques et djihadistes, et la remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali.

Ainsi, le véritable problème au Mali d’aujourd’hui, après la chute d’IBK, est le passage de ce régime présidentialiste de gouvernance de politique économique néolibérale, vers un régime qui doit mettre fin à tout pouvoir personnel, en restituant la fonction du pouvoir Exécutif à l’Assemblée nationale qui choisit son Premier Ministre chargé de définir et de mettre en oeuvre, sous son contrôle, la Politique de la Nation.

Donc, la Transition d’aujourd’hui, ne devrait pas être un instrument de reproduction de ce régime à travers un système électoral plus consensuel, mais plutôt une transition qui jette les bases institutionnelles et politiques de la rupture d’avec ce régime, et non pas seulement un remplacement de l’équipe dirigeante déchue.

Une telle transition ne peut pas se concevoir en 9 mois comme l’a pensé le CNSP à ses débuts, mais ne pourrait être qu’à l’issu d’une large concertation, sans précipitation aucune, ni dilatoire, entre les forces républicaines, démocratiques et de justice sociale, dans les partis d’opposition, dans la société civile et dans les forces armées.

Ce sont ces trois composantes qui ont réalisé la Révolution du 18 Août 2020.

C’est cette réalité que l’on cherche à occulter dans l’exigence de la CEDEAO de tenue de concertations avec les civils, pour un « transfert du pouvoir des militaires aux civils », afin de ré éditer le piège électoraliste dans lequel elle avait enfermé les militaires qui avaient pris le pouvoir en Mars 2012.

L’on se souvient ! C’est ce piège qui a empêché l’avènement d’une jonction entre les militaires qui ont pris le pouvoir, et les forces patriotiques , républicaines et démocratiques dans les partis d’opposition et dans la société, pour créer un large et puissant « Rassemblement National Démocratique » pour imposer à la CEDEAO, comme le souhaitaient les militaires, la libération du Nord Mali, avant toute élection.

Ainsi, la CEDEAO était parvenu à réveiller chez l’opposition malienne et dans la société civile, leur culture électoraliste de positionnement individuel pour la conquête de la Présidence de la République.

Dans ce contexte, ce qui devrait être humiliant pour le Mali et pour la CEDEAO, c’est que c’est le Président de la République Française, François Hollande, et non le résultat d’un consensus entre « militaires et civils », encore moins, une décision de la CEDEAO, qui a imposé une date de tenue de l’élection présidentielle pour mettre fin à la période de transition.

Mais cette fois-ci, la composante militaire de la Révolution du 18 a dû nettoyer de l’Armée et du gouvernement, les obstacles civils et militaires à cette Révolution, et a signifié clairement à la CEDEAO, que tout ce qui se rapporte à la transition sera décidé en « interne par les maliens à l’issu des concertations avec les forces vives de la Nation ».

A cet effet, le CNSP a rejoint les patriotes républicains et démocrates de l’opposition et de la société civile, pour construire un large et puissant « Mouvement de Libération nationale », afin de rompre avec le système de gestion présidentialiste de l’Etat, et avec les politiques économiques et sociales d’appauvrissement et d’exclusion sociale de l’écrasante majorité du peuple Malien, que véhiculent les Politiques économiques libérales, pour plus de Démocratie et de Justice sociale.

C’est ce type de régime qui émane déjà des déclarations du CNSP dans la perspective de mise en place d’un « gouvernement de transition », en rupture avec le régime défunt d’IBK !

Ainsi, tous les patriotes pan africanistes, républicains et démocraties d’Afrique, d’Europe et du monde, épris de justice sociale, devraient se mobiliser derrière le CNSP, pour s’opposer à toute immixtion dans les affaires intérieures du Mali, et à toutes sanctions, quel qu’elles soient, et d’où qu’elles viennent !

Vive le Peuple Malien,
Vive l’alliance CNSP et M5/RFP
Vive la Révolution du 18 Août 2020

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Fait à Dakar le 27 Août 2020

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