Comment les jihadistes somaliens des shebabs fonctionnent-ils et comment se procurent-ils des armes ? C’est la question que s’est posé le groupe d’études indépendant somalien Hiraal Institute dans un rapport d’enquête très détaillé et publié le dimanche 20 février. Une structure politique quasi gouvernementale, des millions de dollars de budget et une importante activité commerciale : ce sont quelques unes des révélations de ce travail.
Le groupe des shebabs n’est pas seulement une guérilla menant des opérations coup de poing depuis les campagnes : le rapport de l’institut Hiraal montre que c’est d’abord un véritable gouvernement, avec un émir et des adjoints, et des sortes de « ministères » : des Finances, de la Défense, de la Police et des Renseignements…
Un budget estimé à 100 millions de dollars…
Et puis, c’est aussi un budget, estimé par l’institut à 100 millions de dollars par an, collectés essentiellement par un impôt forcé prélevé sur les habitants et les commerçants somaliens, y compris dans les zones gouvernementales. Sur ces 100 millions de dollars, 24 sont dédiés à l’achat d’armement, soit 2 millions par mois, dit le rapport. Cet argent circule en liquide ou même dans des comptes en banque, via des paiements par téléphone ou le système islamique du hawala.
Pour s’armer, le groupe utilise bien sûr les saisies sur le champ de bataille et des trafiquants, bien organisés depuis longtemps en Somalie. Mais aussi des officiels et des militaires corrompus. Et des intermédiaires qui achètent au marché noir, surtout au Yémen, d’où ils organisent des traversées par le golfe d’Aden pour livrer les armes. Et enfin, pour ce qui est des composants explosifs, cela se fait souvent via le marché légal des produits agricoles.
Réviser l’embargo sur les armes
Pour lutter contre cette organisation, l’institut Hiraal recommande une batterie de mesures politiques, mais aussi une révision de l’embargo sur les armes qui, dit-il, en place depuis trente ans, a désormais prouvé son inefficacité.