Sonko est arrivé !( Par Ibrahima Thiam)

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Pourfendeur de la corruption, Ousmane Sonko fait figure au Sénégal de justicier,
d’où ce titre « Sonko est arrivé » comme un clin d’œil au 7 ème art et au célèbre
justicier américain masqué et vêtu de noir. À son crédit, il a réussi un coup d’éclat
lors de sa première participation à l’élection présidentielle où il est arrivé troisième.
Certes le Sénégal, avec tous les manquements et les soupçons de détournements que
connaît le pays, a besoin d’hommes comme lui, sous réserve cependant qu’il
abandonne son vocabulaire extrémiste. Dans une conversation privée, Ousmane
Sonko aurait ainsi traité, je cite, de : « criminels tous nos chefs d’État successifs qui
mériteraient d’être guillotinés sur la place publique pour les méfaits causés par leur
gestion calamiteuse et clanique ».
De tels propos sont excessifs et comme on le sait tout ce qui est excessif est dérisoire.
En revanche personne ne peut lui reprocher de porter la voix des sans voix, des
opprimés et des laissés pour compte dans notre société. Ses positions publiques font
de lui le porteur d’espoirs de toute une jeunesse sénégalaise en proie au doute. Je suis
moi-même un farouche partisan de la transparence des comptes publics et adepte
d’une gouvernance sobre et vertueuse, pour autant on ne peut cautionner une telle
radicalité qui ouvre la porte dangereusement aux dérives populistes. Par ailleurs, le
paradoxe de cet ardent patriote est qu’il fréquente assidûment le Président Wade, un
des dépositaires du système. Il y a là quelque chose qui mérite des éclaircissements.
En réalité Sonko n’hésite pas à pactiser avec « le diable » d’hier pour remporter
l’élection présidentielle de demain en oubliant « qu’on ne déjeune pas avec le diable,
même avec une très longue cuillère ».
En effet, comment un fonctionnaire de l’administration fiscale, dans l’exercice de ses
fonctions peut-il administrer un cabinet privé de conseil fiscal (Atlas) afin de
proposer des prestations privées à l’État du Sénégal, un État qui par ailleurs
l’emploie.
Il y’a là manifestement un conflit d’intérêts. Sonko a d’ailleurs reconnu à demi-mot
sur un plateau de télévision qu’il possédait bien un cabinet privé mais qu’il ne se
rappelait plus de son nom. Quel étrange trou de mémoire ! Et quelle légèreté pour
celui qui aspire à diriger le pays. En réalité avec cette question le journaliste Pape Alé
Niang a mis en lumière les pratiques opaques de notre chevalier blanc et présenté
Ousmane Sonko comme étant lui-même un produit du système qu’il dénonce.
Oubliant au passage le célèbre dicton : « On ne mord pas la main de celui qui te
nourrit ».
Dès lors on peut se poser la question suivante : Ousmane Sonko dénonce-t-il
sincèrement les abus en matière de finance publique ou sa croisade anti-corruption
n’est-elle qu’un tremplin pour assouvir une ambition politique personnelle ?

Il y a quelques temps Sonko a directement accusé le directeur de l’administration des
Domaines d’avoir détourné à son profit la somme de 94 milliards dans le cadre d’une
vaste opération d’expropriations foncières à Rufisque. Or dans cette affaire Sonko
oublie de préciser que son cabinet Mercalex devait bénéficier, à en croire les parties
prenantes au dossier, de 12% du montant de la transaction. Vrai ou faux ?
Il est du devoir de Ousmane Sonko de clarifier cette affaire et d’éclairer l’opinion
publique. De plateau télé en plateau télé il affirme connaître le compte bancaire où
l’argent détourné des 94 milliards a été déposé. En n’informant pas le peuple, comme
tout citoyen est tenu de le faire, il se rend coupable de non dénonciation d’un délit
très grave. À chacune de ses conférences de presse notre justicier national dénonce un
nouveau scandale (détournement de fonds publics, concessions de licences de
ressources naturelles…) mais bizarrement sans fournir d’éléments factuels. S’il n’y
prend pas garde à force de crier au loup, nos compatriotes vont finir par ne plus
l’écouter et il perdra toute crédibilité.
Cela m’amène à poser une deuxième question : Ousmane Sonko est-il réellement ce
défenseur authentique des intérêts du peuple sénégalais qu’il prétend être ou le
perdant dépité d’une transaction commerciale privée ?
Pour finir, j’en appelle à la vigilance de tous les patriotes Sénégalais car nous
sommes à un tournant du renouvellement de la classe politique et il ne faudrait pas
que Sonko veuille incarner le visage du sauveur de la nation si c’est pour conduire
ensuite le peuple Sénégalais dans une aventure sans lendemain.
Ibrahima Thiam
Président du mouvement Un Autre Avenir.

3 Commentaires

  1. Un si beau titre comme la chanson dans le film : « Zorro est arrivé » Une imagination si fertile et si appropriée . En fait, en réalité et en plus : il est sous masque…

  2. Mdrrr ce gars habite aux US, il a lance un mouvement et veut faire son entrée en politique. Il a un œil sur l’électorat de Pastef. Ils m’avaient ajouté dans leur groupe WhatsApp, mais c’était tellement insipide que je n’ai pas consenti à suivre le groupe lorsqu’ils ont fait leur transition sur Telegram.

    Grand, si tu veux faire de la politique, vas au Sénégal et descends sur le terrain. Tu n’es pas Sonko. Tu n’as pas son charisme, ni son pedigree. Sonko est un leader né.

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