Initiés par les professeurs Felwine Sarr et Achille Mbembé, les Ateliers de la pensée qui se sont tenus du 28 au 31 octobre 2016, à Dakar et à St-Louis, ont porté en bandoulière le souci de l’Afrique et du monde. Non point pour les opposer l’une contre l’autre, dans des postures revanchardes et irréconciliables, mais plutôt pour exprimer leur commune humanité. L’intérêt de ces rencontres qui seront désormais annuelles résidait par conséquent dans la volonté de mettre en lumière la richesse du vécu d’une nouvelle génération d’intellectuels africains décomplexés et conquérants, riches de leurs parcours académiques et des expériences accumulées dans leurs pays respectifs mais aussi en Europe, aux Etats-Unis et dans différents coins du monde.
Fort de tout cela, cette génération n’a eu de cesse, comme il en est ressorti de ces Ateliers, de proposer des concepts innovants, pour aider à lire et déchiffrer les problématiques qui assaillent le continent tout en les mettant en perspective dans un cadre planétaire plus large et plus englobant. Comme pour signifier que si l’Afrique est le lieu à partir duquel, par lequel et pour lequel leurs réflexions se mettent en branle, il demeure que le regard qu’ils portent sur cette réalité se nourrit aussi de leurs errances diasporiques.
Les Ateliers de la pensée visaient par conséquent à mutualiser les démarches individuelles et éparses en vue de les traduire en une force collective constitutive d’un puissant réseau, non point pour les uniformiser, mais plutôt pour tenter de les enrichir de leurs diversités et de leurs audaces. Il s’agissait donc de ne pas se complaire dans un regard hagiographique enroulé dans une fascination de soi qui tétanise et fragilise toute réflexion véritable, mais d’opérer un regard doté d‘une lucidité tranquille. Celle qui, portée par la distance critique, s’abreuve aux confluences de ses expériences multiformes et d’une assumation départie de toute propension à l’auto-flagellation et à la victimisation. Il s’agissait en effet de se revendiquer de son temps et de son époque.
Il était surtout question de convoquer une modernité post-coloniale habitée par un héritage qu’elle est capable d’interroger afin de dérouler une évaluation qui lui permet de s’adosser à des instruments capables de lui donner les moyens de défricher ses propres chemins d’avenir. Et de s’inscrire surtout dans une perception du temps qui ne soit ni nostalgie ni répétition du même, ni translation, mais capacité à convoquer le passé pour mieux décrypter le présent et ouvrir des horizons.
Ceci est d’autant plus important que se pose, selon les Ateliers, l’urgence qu’il y a à saisir que les questions africaines voire diasporiques sont aussi planétaires. Une manière de signifier que le continent africain ne peut plus être déconnecté du monde alentour. Bien au contraire, il est dans le temps du monde, d’où la difficulté à vouloir l’enfermer dans une spécificité rétive à tout rapport avec autrui.
Il s’est donc agi de ne pas perdre de vue que la diversalité ne s’oppose pas à l’universalité puisque c’est de leur relation indivise que jaillit leur vérité singulière.
Ce qui pose l’exigence de sortir de l’entêtant face-à-face stérile avec l’occident pour s’intéresser à des modes d’être et de faire d’ordre culturel, économique, social qui se déploie sous d’autres espaces géographiques. En fait il s’est exprimé l’envie de décoloniser les savoirs au-delà de la production de contre-discours qui continuent de s’inscrire dans une relation privilégiée avec l’occident mais de comprendre que toutes produisent leurs parts d’ombres et de lumières. Ce qui renvoie à l’idée suivant laquelle « le monde sera ce que les hommes et les femmes qui le composent en feront ». Une manière on ne peut plus claire de convoquer l’importance primordiale de l’éducation et de l’engagement à la construction d’une Afrique fière d’elle apportant ainsi sa contribution à un monde réconcilié avec lui-même.
Vieux SAVANE
sudonline.sn
Merci pour les organisateurs de ces ateliers. C’est la réflexion et la pensée qui est à la base de l’autodétermination et de la liberté. Fière d’être Africain.