Après l’annonce de la destitution du président Omar el-Béchir et la mise en place d’une transition gérée par l’armée, les manifestants soudanais, encouragés par les mouvements politiques, ont continué de manifester, rejetant les promesses des militaires.
L’annonce du ministre de la Défense, le général Awad Ibn Awf, de la mise en détention du président Omar el-Béchir, n’a pas satisfait les Soudanais. Malgré la série de mesures prises et l’annonce de l’installation d’un Conseil de transition militaire, les manifestants sont sortis contester, appelant à une transition démocratique et à un pouvoir civil. Ils entendaient ainsi condamner « les tentatives militaires » de prise de pouvoir.
Les partisans du mouvement « Al Intifadha », emblématique depuis le début des soulèvements, ont condamné l’annonce d’Ibn Awf et appelé les manifestants à sortir dans les rues de Khartoum « jusqu’à la réalisation des revendications légitimes du peuple ». Des expressions comme « IbnAwf ne nous représente pas » ou « non aux figures de l’ancien régime » fleurissent depuis ce matin sur les réseaux sociaux et dans les slogans des manifestants.
Manifestation à Londres
L’association des professionnels soudanais (SPA), épine dorsale du mouvement, a également condamné l’annonce des forces armées et appelé les Soudanais à sortir dans les rues jusqu’à « la chute du régime ». Des manifestations, organisées par la SPA, ont également eu lieu devant l’ambassade soudanaise à Londres.
Le parti Al oumma a quant à lui publié sur sa page Facebook, quelques minutes avant la diffusion du message de l’armée, un communiqué dans lequel il appelle le peuple à refuser toute personnalité émanant du régime déchu. « Nous vous appelons à continuer de manifester jusqu’à ce que nos revendications de liberté, de transition démocratique et de gouvernement civil soient instaurées », écrit-il.
Non aux « Kozz Kozz »
La société civile a continué de manifester après l’annonce des forces armées. Les expressions non aux « Kozz Kozz » (les pro-Béchir), « on ne change pas un Kozz par un Kozz » et « Soudan bela Kezan » (Soudan sans le tyran) ont été criées par les manifestants en réponse aux annonces des forces armées.
Des affrontements ont également eu lieu dans la capitale, entre forces de l’ordre et manifestants qui entendent résister et continuer leur soulèvement. Parmi les mesures annoncées dans la journée par Ibn Awf, un couvre-feu a été décrété dès jeudi soir.
Par Jeune Afrique