Vainqueur de la Coupe de la Ligue à quatre reprises (2004, 2009, 2010 et 2011), Souleymane Diawara est le co-recordman de l’épreuve avec le Brésilien de Bastia Brandao. Pour France football, l’ancien défenseur international sénégalais a expliqué les recettes pour soulever ce trophée tant convoité
Qu’est-ce qui importe vraiment pour aller chercher cette Coupe de la Ligue ?
L’envie d’aller au bout, de remporter le titre pour étoffer son palmarès, tout simplement. Parfois, avec Marseille notamment, on se sentait invincibles. Les premiers matches sont toujours difficiles, mais, au fur et à mesure que tu t’approches du Stade de France, tu te concentres à fond, presque plus qu’en Championnat.
À quel stade de la compétition cela se joue-t-il ?
La clé, c’est de passer les premiers tours sans encombre. Surtout que tu sais que dans cette Coupe, en quatre ou cinq matches, tu peux être en finale ! C’est rien du tout. Lorsque j’étais à Marseille, le club n’avait rien gagné depuis longtemps. On s’était alors dit: “Les gars, il ne faut pas qu’on néglige le fait de jouer une finale au Stade de France.” Et là, tu commences vraiment à jouer le truc à fond et ensuite ça s’enchaîne.
Et de là à vraiment préférer la Coupe au Championnat ?
Inconsciemment, peut-être oui. Après, l’avantage de la Coupe, c’est que ce n’est pas tous les week-ends ! Quand tu arrives en quarts ou en demies surtout, deux semaines avant, tu commences déjà à y penser. Et même si tu ne veux pas lâcher le Championnat, inconsciemment, tu y penses.
Pensez-vous que cette Coupe soit un trophée mineur ?
Ah non, non, non! Quand on regarde le palmarès, on voit ‘‘Coupe de la Ligue’’ et on se dit : “Ah, il a gagné une Coupe quand même.” Ce n’est pas évident, tout le monde n’a pas la chance d’aller jouer au Stade de France et de la gagner. Coupe de France, Coupe de la Ligue, c’est la même. Je n’ai jamais levé le pied, jamais !
De vos quatre succès, lequel a été le plus marquant ?
Peut-être celui avec Marseille en 2010 (NDLR: victoire contre Bordeaux, 3-1, le 27 mars). Regagner quelque chose était un symbole. Ça faisait dix-sept ans que le club n’avait rien remporté. Ça nous a donc donné l’envie d’aller au bout. Même quand on marchait dans la rue, les gens me disaient : « Ah les gars, la Coupe de la Ligue, il faut la rapporter ». Je me rappelle encore, quand on a gagné, de l’accueil à Marseille : c’était inimaginable !
Et l’année d’après, ce n’était pas compliqué de se re-motiver pour cette même compétition?
C’est un trophée, ça reste motivant ! Si chaque année je pouvais la gagner, je le ferais. Tu ne peux pas te dire, “ce n’est qu’une Coupe de la Ligue, on s’en fout”. Même si tu l’as gagné la saison d’avant.
Vous n’avez jamais surpris un jeune en train de lever le pied parce que la compétition ne le motivait pas trop?
Non, jamais. À Marseille, de toute façon, chaque jour tu as la pression des supporters, du club, de ton boucher.
Y a-t-il une année où le parcours a été quasiment parfait ?
Les histoires sont différentes. À Sochaux, c’était mon tout premier trophée, ma toute première au Stade de France. J’avais la chance d’avoir Guy Lacombe comme coach. Et nous tous, on voulait absolument gagner quelque chose avec Sochaux. On avait une génération magnifique à l’époque des Pagis, Frau, Pedretti, Max Flachez, Richert… Malheureusement, on n’a fait « que » ça.
C’est quoi la recette pour gagner une finale au Stade de France ?
Si tu n’es pas motivé devant 80 000 spectateurs, un stade plein, ça ne sert à rien de jouer au football! La fatigue, quand tu es au Stade de France, tu ne la sens plus! Même une blessure qui doit t’arrêter dix jours avant, tu serres les dents et tu mets un strap pour y participer. Je n’ai que des bons souvenirs puisque j’ai eu la chance d’en jouer quatre et d’en gagner quatre! Que des moments magnifiques, il n’y en a pas une en particulier qui m’a marqué. Même si la finale avec Marseille contre Bordeaux, c’était quand même quelque chose, surtout face à mon ancien club. Et, en plus j’ai marqué !
Est-ce que Nice vous avait recruté aussi pour votre côté porte-bonheur en Coupe ?
(Rire.) Non, je pensais faire quelque chose, parce qu’à peu près dans tous les clubs où je suis passé, j’ai gagné un trophée. Malheureusement, cette saison, ça ne sera pas le cas (le Gym a été éliminé dès les seizièmes de finale face à Metz, 3-3 a.p., 2 t.a.b. à 3). J’étais un petit peu dégoûté. J’espère que si je suis encore là l’année prochaine, je remporterais quelque chose.
L’expérience, ça compte dans une telle épreuve?
On a beau dire ce qu’on veut mais je me rappelle de ma première finale face à Nantes avec Sochaux. Je n’arrivais pas à faire la sieste alors que moi, je dors tout le temps ! Même les nuits précédentes, je dormais mal parce que je ne pensais qu’à ça. C’était le stress d’un mec qui n’a jamais joué une finale. Mais je n’étais pas le seul !
Avez-vous trouvé le sommeil pour les finales suivantes ?
Oui, pas de problème. Il faut en vivre une pour être serein ensuite. Après, j’avais tellement envie de remporter mon premier trophée que j’en rêvais la nuit.»
Hamath