Le 30 avril 2009, le Président Abdoulaye Wade nommait Souleymane Ndéné Ndiaye Premier ministre du Sénégal. Après deux ans de pratique, l’euphorie du successeur de Cheikh Hadjibou Soumaré a cédé la place au doute suscité par des crises multiformes, les promesses non tenables et des frustrations de plus en plus grandes. Du Y’en a marre partout. Ce cri de détresse s’amplifie alors que Souleymane Ndéné Ndiaye boucle aujourd’hui sa deuxième année à la tête de la Primature. Le franc-parler de l’homme n’est guère suivi d’actes. En 24 mois d’exercice, le grand espoir qu’avait suscité sa Déclaration de politique générale du 23 juillet 2009, a viré à l’hostilité populaire. Emeutes, manifestations et grèves gagnent en ampleur.
Le bilan d’étape qu’on peut tirer de Ndéné Premier ministre, sur le plan social, est très mitigé. L’on se rappelle son intention affichée lors du Grand oral, de mettre fin à la crise sociale à travers la mise sur pied d’un «Comité interministériel permanent élargi aux syndicats». Celui-ci devait assurer, clamait-il, «le suivi régulier de tous les engagements et accords signés par le gouvernement avec les organisations de travailleurs».
Si le comité existe, il semble exacerber les mouvements d’humeur dans le secteur de l’éducation, de la santé et des hydrocarbures, pour non-respect des accords signés par l’Etat. L’heure est au désespoir. Et pour cause, la lutte contre la sarabande des prix des denrées de première consommation qu’il avait engagée, semble perdue. Le panier de la ménagère s’allège tous les jours un peu plus. Le pouvoir d’achat des travailleurs est en dégradation continue.
L’enthousiasme du sixième Premier ministre de Wade à résoudre le problème de l’électricité en 2012 a été tempéré par les humiliantes réalités du pouvoir.
LE RÊVE DE LA TRANSPARENCE
Par rapport à la lutte contre la pauvreté et les inondations qui sévissent dans la banlieue de Dakar, Ndéné bandait ses biceps et clamait sa volonté de restructurer les quartiers défavorisés, et de recaser les sinistrés. Tout un programme qui devait être adossé sur une politique de l’emploi efficace, destinée aux jeunes de la banlieue. A ce jour, que de vains mots, qui ont d’ailleurs amené les populations de Wakhinane Nimzat à promettre l’enfer au candidat Wade à la prochaine élection présidentielle.
Jaxaay se noie dans une mare bleue d’irrégularités, révélées par les audits de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp). Or, «nous voulons surtout bâtir un Sénégal où chaque citoyen constate que l’Etat travaille dans la rigueur, la responsabilité et la transparence», devisait le successeur de Hadjibou Soumaré. A l’époque, il nourrissait un grand espoir sur l’exploitation des ressources minières du pays, rendue possible grâce à un investissement de 1 500 milliards de francs Cfa.
Le coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodj, n’est pas le seul à s’interroger sur le flou qui entoure la répartition des recettes minières. Quelle en est la part attribuée aux collectivités locales comme Kédougou et son impact sur le budget national ? C’est encore le mystère. Ces richesses publiques auraient pu servir à payer les bons des producteurs d’arachide, qui auront du mal à oublier la campagne arachidière de cette année, ou la construction de la route Linguère-Matam.
L’assurance avec laquelle Souleymane Ndéné Ndiaye avait annoncé la finition des travaux de cet axe routier au premier trimestre de 2010, n’a pas tenu compte des manœuvres politiciennes qui, pour des intérêts alimentaires, ont empêché ce projet d’avancer. Comme aussi il a oublié d’intégrer les multiples remaniements et jeux de chaises musicaux subis par son équipe gouvernementale, suivant les humeurs du chef de l’Etat.
Un chef qui n’hésite pas à le désavouer quand cela lui plaît. Ce fut le cas sur l’histoire des mendiants, qui devaient débarrasser les rues de Dakar. Souleymane Ndéné Ndiaye a vu le chef le désavouer, alors qu’il ne faisait qu’appliquer ses directives.
Ce qui fait qu’en fin de compte, les seules maigres réalisations de ce Premier ministre peuvent se résumer à la fermeture de Keur Serigne bi, cette officine de la mort et des trafics en tous genres, à la décrispation du problème de la licence de la Télévision Futurs médias (Tfm), et à la revalorisation des statuts des agents de Police et des collectivités locales. Et surtout aussi, à des querelles politiciennes.
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