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Sous-financé, le G5 Sahel en quête de soutien à l’ONU

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Les chefs d’États membres du G5 Sahel se retrouvent lundi à New York avec Emmanuel Macron et le secrétaire général de l’ONU pour discuter de la mise en œuvre de cette force conjointe, encore loin de ses objectifs de financement et peu opérationnelle.

Plus de deux mois après son lancement officiel, le G5 Sahel s’invite à l’ONU. Les présidents du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie se retrouvent lundi 18 septembre en marge de l’assemblée générale des Nations unies, avec Emmanuel Macron, pour discuter de la mise en œuvre de cette force conjointe, appuyée par la France, visant à lutter contre le terrorisme islamiste et les trafics en tous genres dans la bande sahélienne.

L’enjeu principal sera de trouver des financements, qui manquent encore cruellement à l’initiative inter-étatique : sur les 423 millions d’euros nécessaires à sa mise en place opérationnelle, seuls 108 millions sont promis pour l’heure, dont près de la moitié par l’Union européenne. De quoi remettre fortement en question l’efficacité sur le terrain de la force, pourtant censée faire ses premières preuves d’ici quelques semaines.

Rencontre au sommet

L’ONU, qui dès juin saluait l’initiative, n’a promis aucun soutien, tout comme les États-Unis. Face à l’urgence, le président du Mali et du G5 Sahel, Ibrahim Boubacar Keïta, a multiplié ces derniers jours les rencontres officielles avec ses homologues pour accorder leurs violons et « convenir d’un discours commun » pour la rencontre de New York. Y seront par ailleurs présents le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, le président de l’Union africaine, Alpha Condé, et la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

« Il y aura un très grand plaidoyer pour que nous puissions avoir des ressources additionnelles pour boucler le financement de cette force », déclarait vendredi Jean-Claude Bouda, ministre de la Défense du Burkina Faso, promettant que les premières opérations commenceront « en octobre déjà ».

Le G5 Sahel fait face à un paradoxe : le financement plus qu’insuffisant l’empêche d’envisager concrètement un début des opérations militaires, mais il souhaite prouver son efficacité sur le terrain rapidement afin de convaincre la communauté internationale.

Pour l’heure, selon un diplomate malien, il manque l’équipement pour les bataillons, censés atteindre 5 000 hommes au total en mars, un réseau de communication pour relier les unités aux états-majors et une aide pour l’évacuation médicale d’urgence. Mais pour l’anthropologue et spécialiste du Mali André Bourgeot, contacté par France 24, « il n’y a aucune force militaire nationale capable d’une véritable action sur le terrain, et ça ne pourra pas influencer l’ONU. Il n’y a absolument rien de concret, sur le plan technique ou politique. »

« IBK » a bien inauguré, samedi 9 septembre, le poste de commandement central de la force conjointe à Sévaré, dans le centre du Mali, pour coordonner les actions militaires entre les cinq pays, mais il a pour l’instant les allures d’une coquille vide. « Si action militaire il y a [en octobre], ça relèvera seulement d’une pratique d’affichage politique très ponctuelle », estime le chercheur, pour qui le zèle d’IBK dans ce dossier peut aussi être interprété comme une préparation à sa probable candidature à la présidentielle de 2018.

Les groupes jihadistes ne perdent pas en puissance

Pendant ce temps, la situation sécuritaire dans la région reste très instable, notamment au Mali et plus récemment dans le nord du Burkina Faso. Des zones entières du Mali échappent au contrôle des autorités et des forces internationales présentes sur place (la mission de l’ONU, critiquée pour son inaction, et la force française Barkhane). Vendredi, deux soldats maliens ont été tués lors de l’attaque de leur véhicule à Ménaka, dans le nord du pays. Le 14 août, plusieurs attaques contre des camps de l’ONU avaient fait neuf morts, sans compter l’attentat dans un restaurant de Ouagadougou, le 13 août (18 morts).

« Sur le terrain, les rapports de force politiques et militaires entre les groupes armés salafistes et les armées nationales n’ont pas du tout évolué en faveur des armées nationales, on ne peut pas dire qu’il y ait eu d’effet concret à l’initiative du G5 Sahel », constate André Bourgeot.

Une conférence des donateurs est prévue à la mi-décembre à Bruxelles, ultime espoir de l’année pour tenter d’obtenir les financements nécessaires à la mise en place opérationnelle de la force d’ici mars. Mais, alors que la conférence était initialement prévue en octobre, il n’est pas garanti qu’elle ne sera pas encore repoussée.

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