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Les populations de Bambilor ont été trompées par Abdoulaye Wade qui leur a fait miroiter les terres acquises de l’opération foncière du domaine appartenant à un descendant du général Bertin, un militaire français qui l’avait acquis avant l’indépendance. En réalité, la promesse du chef de l’Etat cachait une spéculation savamment préparée qui n’a profité qu’à lui et ses amis au détriment des Bambilorois. Une opération illégitime et immorale que Wade a blanchie et rendue légale.
Fort de son coup sur les terres de l’aéroport, Abdoulaye Wade a joué sur le besoin pressant des populations de Bambilor d’acquisition de parcelles supplémentaires pour construire de nouveaux habitats. Il a profité de cette opportunité pour obtenir leur agrément et acquérir de manière légale le domaine foncier du général Bertin. Wade acquiert ainsi ce domaine de 2514 hectares à 300 Fcfa le mètre carré. Les populations applaudissent espérant obtenir leur part de ces terres que le président leur avait promis. Mais elles n’auront rien. Wade choisit de revendre 350 hectares à 1000 francs le mètre carré à un entrepreneur et député à l’Assemblée nationale, originaire de la Petite Côte, qui est aussi son ami. Ce sont ces 350 ha qui opposent les populations de Bambilor à des promoteurs immobiliers.
En fait, dans cette opération, l’entrepreneur et promoteur a agi tout simplement pour le compte de son mandataire, moyennant sa part du gâteau. Car, à son tour, le fameux député a revendu les terres à 7000 Fcfa le mètre carré à une société d’Etat, la Caisse de sécurité sociale, et à la Coopérative militaire de construction (Comico). Un procédé savamment calculé : il a été fait de telle sorte que ce sont les militaires qui ont débarqué surplace en premier, avec leurs bulldozers pour aménager leurs parcelles acquises en toute légalité. Wade a joué sur l’intimidation, escomptant que les populations n’oseront pas s’opposer à des éléments de l’armée dans une confrontation. Mais c’était sans compter avec la détermination des populations qui se sont dressés contre les travaux des militaires. Ces derniers, soucieux de garder de bonnes relations se rendent compte qu’ils ont été abusés. Ils proposent d’octroyer 64 parcelles au collectif des populations de Bambilor. Lequel oppose un refus tranché. Pendant ce temps, Abdoulaye Wade somme l’entrepreneur de lui verser les gains de son opération entièrement blanchie. Alors que la colère monte à Bambilor, le président tait la vérité, et refuse de bouger un seul doigt.
D’où l’embarras sur l’enquête parlementaire voulue par Iba Der Thiam afin d’élucider cette histoire. Il avait, dans une lettre datée du 20 avril 2011, demandé au président de l’Assemblée nationale de convoquer le gouvernement pour discuter de ce problème lequel, selon lui, « prend une ampleur aux conséquences incalculables ». Tombé lui aussi dans le panneau, Iba Der croyait, en toute bonne foi, qu’en « achetant au général Bertin un terrain pour l’offrir aux populations de Bambilor, Wade voulait leur procurer des parcelles sur lesquelles elles pourraient loger leurs familles, mener des activités génératrices de revenus et garantir leurs vieux jours, dans la stabilité (…) ».
Son enquête est mort-née puisque les premiers protagonistes de cette histoire ne sont autres que son collègue à l’Assemblée nationale et son patron Abdoulaye Wade. Tout compte fait, d’une opération prétendue noble et ayant nourri bien d’espoirs, l’on est arrivé à une spéculation foncière immorale, blanchie et préjudiciable pour des générations aux populations de Bambilor. On comprend dès lors les frustrations des populations qui n’entendent pas se laisser marcher dessus.
KOTCH
