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Steve Jobs, l’homme visionnaire qui voulait changer le monde (et qui a réussi)

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PORTRAIT – Le patron emblématique d’Apple s’est éteint mercredi, à 56 ans…

De notre correspondant à Los Angeles

«Tu veux passer le reste de ta vie à vendre de l’eau sucrée ou tu veux changer le monde?» C’est ainsi, selon la légende, que Steve Jobs, alors âgé de 28 ans, a convaincu le président de Pepsico, John Sculley, de rejoindre Apple en 1983.Alors qu’il s’est éteint, mercredi, des suites d’une forme rare du cancer du pancréas, Steve Jobs peut laisser son héritage parler pour lui. Du Mac à l’iPhone, en passant par l’iPod et l’iPad: mission accomplie. En 35 ans de carrière, il a, non sans quelques controverses, rendu le monde de l’électronique un peu plus beau; et surtout beaucoup plus simple.

Les débuts ne sont pourtant pas faciles. Sa mère biologique, une étudiante non mariée de San Francisco, prépare tout: son fils sera adopté par un avocat et sa femme. Mais au dernier moment, ces derniers décident qu’ils veulent une fille. Jobs atterrit chez un couple dont le mari n’a même pas terminé le lycée. Sa mère accepte de signer les papiers d’adoption contre une promesse: que son fils étudie jusqu’à l’université.

Jobs grandit à Cupertino, au coeur de la Silicon Valley. Très tôt, il se passionne pour l’informatique. Pendant les années lycées il assiste régulièrement à des conférences sur le campus de Hewlett-Packard. Il y travaille les étés, et c’est là qu’il rencontre Steve Wozniak. Comme promis, il va à la fac. Après seulement six mois, il décide d’arrêter ses études, comme Bill Gates ou Mark Zuckerberg après lui. «Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie, ni comment la fac allait m’aider à le découvrir, et j’étais en train de dépenser toutes les économies de mes parents», raconte-t-il dans son discours de Stanford, en 2005.

Jobs ne quitte pas complètement le campus. Il s’inscrit à quelques cours qui l’intéressent, comme la calligraphie. «Si je n’avais pas atterri dans cette classe, le Mac, 10 ans plus tard, n’aurait jamais eu ces belles typographies», jure-t-il. Il dort part terre dans les chambres de ses amis, ramène des canettes pour 5 cents et marche 10 km jusqu’à un temple hindou pour un repas chaud hebdomadaire.

Après un voyage en Inde, dont il revient bouddhiste, il travaille chez Atari puis fonde Apple en 1976, avec Steve Wozniak. Des deux, Wozniak est le génie de l’électronique, sans égal pour intégrer le maximum de composants sur une carte mère; Steve Jobs est le visionnaire, celui qui pense du point de vue de l’utilisateur. Si l’Apple I n’est qu’un embryon de «Personal Computer», l’Apple II, en 1976, «possède déjà tout ce qui fera le succès d’Apple», analyse pour 20minutes.fr  Leander Kahney, auteur du livre A l’intérieur du cerveau de Steve Jobs: «une certaine idée de l’esthétisme, un appareil fermé qui contient tout, vendu sur ce qu’on peut faire avec, et pas sur ses performances.»

La révolution de l’interface utilisateur graphique

Une visite dans le labo PARC de Xerox fin 1979 change tout. Steve Jobs y aperçoit notamment un des premiers concepts d’interface graphique manipulée avec un ancêtre de souris. Le moment est raconté dans cet article du New Yorker: «Pourquoi vous n’en faites rien, c’est révolutionnaire», hurle Steve Jobs. Dix minutes plus tard, il en est persuadé, «tous les ordinateurs seront commandés de cette manière.

Le prototype de souris de Xerox coûte 300 dollars à fabriquer et se casse en deux semaines. Apple embauche un sous-traitant avec deux directives: concevoir un modèle pour 15 dollars qui dure au moins deux ans. Côté logiciel, les programmeurs travaillent sur des fenêtres, des boutons, des menus. Evincé du projet Lisa (qui sera un échec, à cause d’un prix trop élevé, notamment à côté du Commodore 64), Steve Jobs rejoint une autre équipe. Le 22 janvier 1984, lors du Super Bowl, une publicité de Ridley Scott présente au monde le résultat: le Macintosh.

Malgré un succès initial, le Macintosh peine face au front IBM/Microsoft/Commodore et au raz-de-marée PC. Une guerre au sommet d’Apple oppose Steve Jobs à John Sculley. Le conseil d’administration de l’entreprise choisit de soutenir Sculley. Jobs quitte Apple. Il a tout juste 30 ans.

Les aventures NeXT et Pixar

Jobs emmène dans ses valises un paquet d’idées et quelques cadres clés. Il fonde rapidement NeXT Computer, qui se lance dans la confection de stations de travail et de solutions logicielles. Les machines NeXT séduisent quelques grands noms, comme Tim Berners-Lee (le papa du World Wide Web) ou John Carmack, co-créateur des jeux vidéo Wolfenstein et Doom.

Parallèlement, en 1986, Steve Jobs rachète à George Lucas une de ses divisions d’effets spéciaux, Graphics Group, pour 10 millions de dollars, qui devient Pixar. Vingt ans et une demi-douzaine de succès plus tard (Toy Story, Nemo, Les Indestructibles), Steve Jobs revend la compagnie à Walt Disney pour 7 milliards de dollars.

Le retour du fils prodigue

En 1996, Apple, qui n’a jamais réussi à séduire le grand public, est au plus mal. L’entreprise rachète NeXT et Steve Jobs reprend les rennes. Fin 97, l’entreprise se trouve au bord du dépôt de bilan. L’action flirte avec les 3 dollars. L’aventure des PDA/tablettes tourne court. L’impensable arrive: l’ennemi juré, Microsoft, investit 150 millions de dollars dans Apple contre le droit de sortir sa suite Office sur Mac.

Le patron d’Apple, réputé colérique, coupe des projets et des têtes. L’entreprise joue son va-tout avec l’iMac, un ordinateur «tout en un» dessiné par Jonny Ives et décliné en plusieurs couleurs. Et puis vient le tour de l’iPod, de la première boutique Apple Store, d’une réorganisation de la chaîne d’approvisionnement, des pubs «Get a Mac», des Macbooks. Apple se lance dans la vente de musique avec l’iTunes store et transforme l’industrie tout entière, signant l’arrêt de mort du CD. Malgré des controversés verrous sur les chansons (DRM), l’iPod/iTunes conquièrent 75% du marché.

Première capitalisation boursière mondiale

En 2004, Steve Jobs survit à une forme rare et opérable du cancer du pancréas. Trois ans plus tard, il présente l’iPhone. Les réactions sont mitigées. L’interface tactile ne fait pas l’unanimité, l’appareil photo n’arrive pas à la cheville de ceux de Nokia et l’Europe se gausse face à un téléphone qui n’est même pas compatible avec les réseaux 3G. Mais la sortie de ses deux successeurs et l’arrivée de l’App store transforment le paysage des smartphones. Tout à coup, chacun se retrouve avec un superordinateur dans la poche, connecté en permanence à l’Internet, dont les fonctions s’étendent à chaque application installée. Malgré la percée fulgurante d’Android, le système gratuit de Google, qui représente aujourd’hui plus de 50% des ventes de smartphones, Apple distance tous ses concurrents sur les marges.

Si la compagnie qu’il a fondée grimpe en bourse, dépassant celle de Microsoft –et même aujourd’hui celle d’Exxon Mobil pour la position de n°1 dans le monde– la santé de Steve Jobs semble décliner. Il apparaît très amaigri lors de son keynote de 2006. En 2008, Bloomberg publie par erreur une nécrologie de Jobs. Il y répond par la plaisanterie quelques mois plus tard, sur scène, en citant Mark Twain: «Les rumeurs de ma mort sont très exagérées.» Malgré tout, il prend un congé maladie de six mois, début 2009, parlant d’un «déséquilibre hormonal.» Lors de l’été, il subit une greffe de foie, relançant les rumeurs sur un retour de son cancer.

Le succès des tablettes

Il revient en forme en janvier 2010 pour présenter l’iPad. Après de nombreux échecs, l’heure de la tablette a sonné. A ce jour, Apple a écoulé plus de 30 millions d’iPad (1 et 2). Au deuxième trimestre 2011, les bénéfices générés par sa tablette ont dépassé ceux de la division Mac. Elle semble bien partie, avec le Kindle d’Amazon, pour secouer le marché de la presse et du livre.

Le 24 août, Steve Jobs annonce qu’il quitte son poste de directeur général d’Apple pour devenir président du groupe. «Malheureusement ce jour est venu», écrit-il à la communauté. Par la suite, une photo controversée publiée par TMZ le montre rès affaibli. Moins de six semaines plus tard, il s’est éteint, au lendemain de la présentation de l’iPhone 4S. Tim Cook se trouve désormais à la barre, mais il n’est pas seul. Apple peut compter sur Phil Schiller, le patron du marketing, pierre angulaire du succès d’Apple; Jonny Ives, designer en chef, artisan de la renaissance du groupe avec l’iMac et l’iPod, et Scott Forstall, architecte de Mac OS X et d’iOS.

Plus qu’une capitalisation boursière record, plus qu’un écosystème de centaines de milliers d’applications et un dynamitage du marché de la musique et de la téléphonie, le plus grand impact de Steve Jobs reste sans doute encore mal connu: celui sur la créativité d’une génération née avec un smartphone tactile entre les mains.

20minutes.fr

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