Au lendemain de chaque fête de Tabaski, la ville de Dakar et sa banlieue sont soumises à une importante pollution visuelle et de l’air du fait des rejets dans l’environnement des contenus de panse des moutons. Cette pollution s’accompagne d’importants risques environnementaux et sanitaires. En effet, des prions (agents pathogènes) sont susceptibles d’être présents et/ou prendre naissance dans ces rejets, ce qui engendre des risques liés à la contamination des sols, des nappes phréatiques et de l’eau. Le niveau de risques ne peut être connu que si des évaluations quantitatives et qualitatives sont effectuées régulièrement.
Cette situation est devenue plus dramatique car, du fait du manque d’espace à Dakar, les Sénégalais ont de plus en plus tendance à vivre en appartement, dans des immeubles où il n’est pas prévu de réceptacles dédiés à ce type de déchets. La conséquence de ce déficit est le rejet sauvage des contenus des panses de moutons sur la voie publique, quand on se trouve dans l’impossibilité de faire un trou dans le sol pour les y enterrer comme cela se faisait, bien que cette dernière solution ne soit pas sans risque pour l’environnement et la santé humaine.
Pourtant, ces déchets rejetés dans notre environnement ont une valeur économique. La revalorisation, le recyclage, la biotransformation en éléments nutritifs comme fertilisants de qualité et/ou la valorisation énergétique de la matière organique sont des attraits économiques certains, en plus de préserver notre environnement. On doit signaler que ces revalorisations sont parfois réalisées par les populations locales mais dans des conditions sanitaires et d’hygiène déplorables et de façon empirique. D’où la nécessité de mener la réflexion pour accompagner ce secteur dans l’adoption de bonnes pratiques, gages d’une activité durable ayant pour objectif primordial le bien-être des populations.
Dans le secteur de l’énergie où le Sénégal connaît un important déficit, une valorisation énergétique des déchets par bio méthanisation (production de gaz à partir de déchets) présente une solution durable. Les avantages de la bio méthanisation sont nombreux : chaleur, électricité, réduction du CO2, agriculture, assainissement, etc. En effet, au delà de la production énergétique, on peut récupérer le digestat qui contient la matière organique non biodégradable, les matières minérales (azote) et de l’eau. Ce digestat est sans odeur et a une haute valeur fertilisante, ce qui est une aubaine pour mener une agriculture durable sans pesticides. En effet, le développement de l’agriculture, secteur créateur de richesses et d’emplois sur lequel notre pays compte à travers le Plan Sénégal émergent, gagnerait aujourd’hui à emprunter une autre voie. Par l’utilisation de fertilisants issus des déchets précités, il est possible de restituer à nos sols leur fertilité tout en garantissant une durabilité dans leur utilisation contrairement aux fertilisants chimiques qui les appauvrissent au fil des ans jusqu’à les rendre inutilisables.
Ainsi, l’Etat aurait pu :
installer au niveau de chaque quartier des contenants fabriqués à partir des déchets plastiques thermodurcissables. Les associations auraient pu investir les jeunes à collecter les déchets plastiques, les conditionner pour un recyclage dans une plasturgie de la place ou en montant une usine dédiée au recyclage des déchets plastiques,
mandater des jeunes formés sur la santé et sécurité au travail (port des équipements de protection individuelle (Epi), bonnes pratiques …) pour veiller à une bonne récupération des déchets provenant des moutons abattus.
Acheminer les produits de la collecte à un endroit dédié (par exemple le centre de compostage de Sangalkam) pour la valorisation. Vu le volume des déchets qui sera collecté, on peut présager qu’il sera nécessaire de recruter de nombreux jeunes pour l’exécution des travaux sur toute la chaîne, ce qui sera une grande niche d’emplois qualifiés.
Tout ceci permettra de créer des emplois durables, réduira notre déficit commercial par une suppression de l’importation des pesticides dont l’utilisation est devenue un problème de santé publique, permettra de produire de l’énergie verte pour lutter contre le réchauffement climatique, favorisera une agriculture écologique et durable dont les rendements attendus permettront de réduire la pauvreté tout en assurant une sécurité alimentaire, préservera notre environnement, améliorera notre qualité de vie…
Pr Adams TIDJANI
Association de lutte pour la préservation de l’environnement (Alpe)
Le gâchis de la Tabaski
Date:
C’est dommage que ce genre d’info ne soit pas repris et repris pour le benefice des populations! Voici des solutions pragmatiques sur lequelles l’etat pourrait s’inspirer. Un article plein d’enseignements qui Helas risque de tomber dans les cracks…
Chapeau Bas Mr Adams Tijani
on ne devrait pas seulement profiter de la viande de la tabaski pour soulager notre faim.
Il faut penser à tout recycler tout ce qui est dédié à la poubelle après l’abattage des moutons.
Un programme ou une étude de faisabilité doit être mis en œuvre afin d’essayer les bonnes idées dans ce texte de ce citoyen exemplaire.