La Tabaski est prévue dans un peu moins de deux mois. Elle représente pour les Sénégalais un événement religieux et culturel très important. Chaque chef de famille se fait le défi d’apporter à cette occasion un mouton de bon embonpoint.
Les besoins en moutons de Tabaski sont estimés à un peu plus de 800 000 têtes. Cependant, cette année la satisfaction de ce besoin risque d’être plombé par des facteurs temporels et conjoncturels importants.
La période
La Tabaski sera célébrée pendant une période de pleine soudure fourragère. En effet le disponible en fourrage herbacé qui s’était développé à l’hivernage précédent s’est quasi totalement amenuisé alors les nouvelles à peines installées ne permettent pas encore le développement d’un tapis herbacé suffisamment développé pour être exploitable par le bétail.
Pour l’essentiel, les moutons élevés en extensif avec comme base fourragère le pâturage naturel, est à son pire état d’embonpoint pour non seulement subir les longs transferts mais aussi pour être présentable sur le marché. Cette situation met hors du circuit commercial un important effectif du cheptel ovin de l’élevage extensif sénégalais comme Mauritanien dont l’apport sur le marché national représente près de 50% de l’offre. C’est la situation ainsi décrite qui a prévalu l’année dernière et qui explique la pénurie que l’on a connu.
Dans les années où la Tabaski coïncidait avec le milieu ou la fin de l’hivernage, les troupeaux déjà en bon embonpoint en partance pour les grands centres de consommation que sont Dakar, Thiès, Touba, et autres capitales régionales, avaient la latitude de paître aux alentours des points de vente intermédiaires tels que Séwkhaye (croisement NGoundiane), Sandiara etc. Ce qui maintien le statut pondéral des moutons avec peu de charges d’alimentation.
La conjoncture épidémiologique
La COVID 19 qui sévit au Sénégal et dans les pays voisins d’où sont importés près de la moitié des moutons à savoir la Mauritanie et le Mali, a mené à la barricade frontalière qui si elle perdure va impacter significativement sur la disponibilité de l’offre de moutons de Tabaski.
La combinaison de ces situations ci-dessus présentées pourrait aboutir à une pénurie sans précédent de moutons qui pourrait être pire que celle vécue l’année dernière.
Quelle solution adopter ?
L’une des stratégies pour accroître le disponible en moutons de Tabaski est d’encourager un déstockage maximum des moutons mâles depuis les zones d’élevage les plus reculées. Par rapport à cette démarche, l’initiative du ministère en charge de l’élevage et des productions animales de dégager dans le cadre du fonds de stabulation (FONSTAB) une enveloppe pour financer le maximum d’opérateurs s’investissant dans le domaine est à encourager En effet, cela permettrait à ces derniers de mobiliser le maximum d’animaux pour les besoins de l’événement.
De même les opérations de sauvegarde du bétail qui ont été menées successivement dans le cadre de l’atténuation de l’effet de la soudure fourragère et la résilience à la COVID 19 va permettre de limiter la dépréciation pondérale des troupeaux de moutons.
En tout état de cause, nous devons nous préparer à l’éventualité d’une grave pénurie de moutons de Tabaski qui, si elle devait avoir lieu, devrait nous amener à comprendre qu’elle est due à une conjonction de deux situations conjoncturelles qui se sont imposées à nous, malgré tous les efforts qui sont actuellement entrepris pour en atténuer les effets.