Talla Sylla sur son retrait de la coalition de l’opposition

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La décision de l’Alliance Jëf-Jël qu’il préside de mettre sur pied une Coalition dénommée Bennoo Taxawal Senegaal a suscité des critiques au sein de Bennoo Siggil Senegaal, après une vive controverse sur la candidature unique de l’opposition. Mais Talla Sylla, sans remords, n’en démord pas et s’adosse à sa position sur le respect des engagements signés pour adhérer à la Charte de la bonne gouvernance des Assises nationales. Malgré tout, le leader du Jëf-Jël se dit plus que disposé à combattre le régime de Wade sans concession.

«Si vraiment nous étions les empêcheurs de s’entendre en rond à Bennoo,…»

ImageVous avez, suite au 13e Con­seil national du Jëf-Jël, décidé de mettre sur pied Bennoo Ta­xa­wal Senegaal. Que pensez-vous de ceux qui estiment que vous avez finalement trahi l’esprit Ben­noo auquel vous aviez toujours dit être attaché ?
Qu’ils gagneraient à comprendre que «l’esprit Bennoo», c’est  «l’u­nité». Que l’unité pour aller à une élection présidentielle, c’est nécessairement investir un candidat.  A ce niveau, il serait important de faire un rappel des faits. Le 5e Congrès de l’Alliance Jëf-Jël a souligné la nécessité de consolider Bennoo,  de l’élargir aux mouvements citoyens, et confirmé son option pour une candidature de l’unité, du rassemblement afin de porter les conclusions des Assises nationales du Sénégal. Ces rencontres citoyennes constituent un consensus majeur et sans précédent dans ce pays. Jamais, autant de forces vives ne s’étaient réunies pour partager un diagnostic et dégager des solutions pour le Sénégal. La frange politique avait la responsabilité historique de conquérir le pouvoir pour donner corps à ce con­sensus. Dès lors, la question de la stratégie électorale était devenue prin­cipale. Mais des divergences sont vite apparues. C’est le lieu de souligner qu’au-delà des oppositions de vues et d’approches sur les démarches et méthodes, cette coalition est minée par de profondes divergences.
Qu’est-ce qui vous fait dire que cette coalition était minée ?
Il faut rappeler que le 2 janvier 2009, dès la rencontre qui a donné naissance à Bennoo Siggil Sene­gaal, il a été publiée une déclaration qui annonçait que nous irions aux élections locales du 22 mars avec des listes Bennoo?; et pourtant, personne n’avait estimé qu’une telle démarche était prématurée. Au fond,  le refus de certaines formations politiques de s’engager dans une déclaration de principe à aller à l’élection présidentielle de 2012 avec un candidat de l’Unité et de la Tran­sition révèle des manœuvres souterraines de positionnement. Sous le fallacieux prétexte de «méthode», l’on diffère la question de la candidature en prônant l’organisation d’une série de séminaires sur des thématiques déjà prises en charge par la Charte de gouvernance démocratique et en cours de finalisation dans les plateformes des Assises nationales. La majorité des partis membres de cette coalition n’a jamais assisté à une seule réunion de la plateforme Institutions, chargée d’élaborer un projet de Constitution. Pis, elle a décidé d’avoir son propre projet de Constitution, prenant ainsi le risque de casser la dynamique consensuelle qui a caractérisé jusqu’ici les As­sises. A moins que les partisans des Assises encore membres de Ben­noo Siggil Senegaal ne prennent le dessus et fassent entendre raison à ceux qui pensent que la mission de ces Assises est terminée, le clash est inévitable. L’unité et la cohésion des partis ne sont nécessaires que quand elles servent le peuple. Le Jëf-Jël, pour sa part, a résolument choisi le camp des Assises nationales.
Finalement, ceux qui vous critiquaient dans Bennoo n’ont-ils pas eu raison sur vous, car après avoir décidé de la création de Bennoo Taxawal Senegaal, le Conseil national de votre parti a fait une résolution pour vous proposer comme candidat de la transition ?
Lors du 5e Congrès, j’avais refusé de donner suite à une telle proposition pour me donner les moyens de travailler à la consolidation de Bennoo Siggil Senegaal. Cette position est connue de tous. Je me suis heurté à des ambitions personnelles inconciliables. Aujourd’hui, j’accepte cette décision avec la réserve retenue par le Conseil national. Je m’effacerai dès qu’un candidat présentant le profil du rassembleur à même de porter mieux que moi les conclusions des Assises nationales se manifestera à Bennoo Taxawal Senegaal.
La principale contradiction entre vous et d’autres leaders de Bennoo Siggil Senegaal était sur l’accord signé autour du principe d’une candidature unique. Etait-ce une option réaliste à par­tir du moment où des partis comme l’Apr avaient clairement indiqué leur option pour une candidature plurielle ?
Entre la candidature unique et la candidature plurielle, nous avons proposé celle de l’unité, une candidature du Bennoo. La Coalition dé­nom­mée Bennoo Siggil Sene­gaal», avec son logo et ses couleurs ne peut légalement investir qu’un candidat. Mille séminaires n’y changeront rien. Nous avons proposé la mise en place d’une commission «Can­didatures et Investitures» chargée de réfléchir sur les modalités de désignation du candidat de l’unité, sur les critères, le profil et le moment de l’investiture. De ce fait, tout candidat recalé pourrait librement se présenter en dehors de Bennoo s’il estime que le candidat retenu n’est pas en mesure de mobiliser son électorat. Notre option est donc lucide et réaliste.
On vous reproche d’ailleurs d’avoir voulu, même si vous avez raison sur certains aspects, im­poser votre point de vue, votre choix ?
Nous n’avions ni le droit ni les moyens d’imposer notre point de vue. Nous gardons cependant une capacité intacte de refuser d’emprunter un chemin qui nous paraît obscur et sans issue. Notre congrès nous a imposé, à nous militants et responsables disciplinés de l’Allian­ce Jëf-Jël, de ne travailler que pour une candidature de l’unité.
Lors de leur dernière réunion, il a été révélé dans la presse que les leaders de Bennoo Siggil Se­ne­gaal se sont entendus sur le principe de la candidature uni­que. Quelle en est votre appréciation ?
Nous n’avons pas une telle information. Quoi qu’il en soit, si vraiment nous étions les empêcheurs de s’entendre en rond, cette coalition ne devrait désormais avoir aucune difficulté à s’entendre, maintenant que nous poursuivons notre combat pour l’unité au service du peuple dans le cadre de Bennoo Taxawal Senegaal.
Quels sont, depuis, les partis et mouvements citoyens qui ont manifesté leur ambition de partager l’espace politique dans Bennoo Taxawal Senegaal ?
Nous avons lancé le Manifeste de Bennoo Taxawal Senegaal qui s’adresse à nos compatriotes épris de paix, de progrès social, et d’équité – mais libres – pour une jonction large, citoyenne et responsable, en vue d’appliquer, dans une parfaite unité d’esprit et des actions, les solutions opérationnelles retenues par les Assises nationales. Nous travaillons au rassemblement des citoyens opposés à Wade, à son régime, au système en vigueur au Sénégal.
C’est d’abord le camp des partisans des Assises nationales, des ini­tiateurs aux participants occasionnels ou assidus en passant par les parties prenantes engagées à ne mé­nager aucun effort pour la mise en œuvre des conclusions de ces rencontres citoyennes. Ce sont en­suite les militants, politiques ou non, de tous bords opposés au règne du P. D. S (Paa bi Doom Ji Soxna si), c’est-à-dire à l’instauration, dans notre pays, d’une monarchie de fait ou de juré. Ce sont les patriotes convaincus que la mise en marche de notre peuple sur les rails du développement est possible. C’est enfin le peuple déçu, fatigué et réduit à l’état de bétail électoral par une classe politique sans foi ni loi.
A partir de ce moment, il nous revient, en tant qu’initiateurs, d’aller à la rencontre des organisations politiques et citoyennes, des militants, des citoyens pour partager la vision. A chaque étape un point sera fait avec la presse pour édifier l’opinion. Vous pouvez vous attendre à des surprises … de taille. Parce qu’il y en aura !
Des gens du Pds n’ont pas at­tendu longtemps, après votre dé­cision. Ils vous ont appelé à re­joindre le camp de la mouvance présidentielle. Comment vous analysez un tel appel ? Et que leur répondez-vous ?
Si c’est juste par crainte de la canicule que je dois me réfugier à l’oasis Pds, pourquoi aurai-je attendu leur crépuscule certain pour accepter ce que, déjà, j’avais refusé à l’aube de leur soleil naissant ? Qu’ils aillent se faire voir !
Les mouvements sociaux qui ont éclaté et continuent de se manifester semblent être orphelins de leaders politiques capables de les orienter, de leur donner une cohérence. Pensez-vous que l’opposition a failli sur ce plan ou bien est-il plus indiqué de laisser à ces mouvements leur autonomie d’actions pour plus d’efficacité ?
Notre devoir est d’encadrer, d’orienter et de conduire, avec les populations qui souffrent, les luttes. Nous ne pouvons, nous ne devons être en dehors de ces combats contre les désagréments causés par le régime de «Laye Sondeel (traduisez?: Laye bougie?: Ndlr».
Karim Wade vient de faire une descente dans la banlieue aux allures d’une récupération politique. Pensez-vous que la banlieue soit une citadelle prenable pour celui qui ambitionne de succéder à son père ? Que ferez-vous face à ces opérations de Karim en direction de la banlieue ?
Avec la Génération du salut, je fe­rai face à Karim Wade et sa Gé­né­ra­tion dite du concret. Je suis né dans cette banlieue et je la connais. Mon père, qui n’a pu m’offrir un pouvoir, y est enterré. Ma famille y patauge. Karim Wade a quasiment mon âge à deux ans près, mais quand je discutais avec ses parents, alors opposants, des problèmes du Sénégal, il jouait dans la piscine. Quand je manifestais ou allais en prison pour libérer son père, Karim était absent. Aujourd’­hui que son père l’a forgé à coups de décrets, il peut se sentir pousser des ailes. A son «le pouvoir ne s’hérite pas, il se mérite», je lui ajoute, rime pour rime, que «le mérite, non plus ne s’hérite pas». Cette banlieue sera le cimetière des ambitions de Karim Wade.
Le même Karim est passé devant le Sénat qui l’a blanchi dans l’affaire des commissions de Sudatel, que pensez-vous de cette opération après les révélations de Latif Coulibaly ?
Le Pds est devenu depuis longtemps une blanchisserie. Et qu’un Sénat dont 65% des membres sont nommés par le père, lave plus blanc que blanc le fils Wade, ne signifie rien. Mais quand viendra le temps de la régurgitation, Gokkhi (en wo­lof), lui et les siens vont tous payer.
Que pensez-vous, pour rester sur le même registre, de la volonté de l’Etat d’inculper Latif Coulibaly pour extorsion de dossiers administratifs ?
Que c’est de l’intimidation qui ne passera pas. De plus, cette démarche donne raison à Latif puisque tendant à prouver qu’il s’agit de vrais dossiers administratifs. Cet acharnement aurait plus de sens s’il visait la manifestation de la vérité sur ces scandales d’un régime totalement mafieux.
Avez-vous un plan de lutte précis concernant la banlieue mais aussi les autres contrées du Sénégal?? Pour le moment, seul Macky Sall semble occuper ce terrain avec plus de régularité…
Nous avons lancé l’opération Vacances du Wallu, qui est une campagne de solidarité des Jeunesses Jëf-Jël avec les populations des zones sinistrées. A la place d’une exploitation électoraliste de la misère, nous avons opté pour une solidarité active, discrète et sincère, donc efficace.
Pensez-vous avoir atteint avec Bennoo Siggil Senegaal un point de rupture désormais inconciliable ou envisagez-vous des possibilités de retrouvailles. Si tel est le cas, ce sera à quelles conditions ?
Bennoo Taxawal Senegaal travaillera avec les Sénégalais de toutes conditions et obédiences, d’horizons et d’âges les plus divers, partageant cette commune conscience du péril que coure notre Nation et unis par le souci commun d’y palier d’urgence. Nous avons choisi d’être avec le peuple pour combattre trois options qui nous sont intolérables : le statu quo, la dévolution monarchique et la restauration. Bennoo Taxawal Senegaal est disposé à envisager toutes formes de collaboration avec ceux qui partagent un tel combat.
Qu’est-ce qui fait donc courir Talla Sylla ?
Ni corrompu ni corruptible, au service exclusif du peuple sénégalais depuis l’âge de 14 ans, je demeure, au besoin dans la solitude assumée, un militant de la vérité et de la justice !

Propos recueillis par Soro DIOP – lequotidien.sn

2 Commentaires

  1. chèrs concitoyens ouvraient les yeux, ayer du discernement ya pas mieux que talla car la majorité des leaders font des calculs politicienne au depend de la population. vraiment cette fois ci talla ma séduit dans son dernier émission à sud.que lui donne main forte et réveil ce qui ne sont pas capable encore de cerné la vérité.courage talla tot ou tard les senegalais vont adhérer dans ta démarche.

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