Tariq Ramadan à l`Ucad: «Les Sénégalais doivent se réformer et travailler»

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Tariq Ramadan n’a pas fait dans la dentelle pour évoquer les problèmes de l’Islam et des Sénégalais en particulier. Il les appelle à changer de comportement et à travailler.
Ambassadeurs, étudiants et personnalités politiques étaient sagement assis, hier, aux premiers rangs pour écouter Tariq Ramadan discourir dans la salle de conférence de l’Ucad 2. Tariq Ramadan appelle à réconcilier le spirituel et le légal dans l’Islam parce qu’il voit que les gens se focalisent sur la punition, la prohibition, la culpabilité et non pas sur la lumière, l’ouverture et les objectifs de l’Islam. Pour lui, ce qui doit changer, c’est la façon de lire les défis contemporains. Pour le conférencier, le problème de l’Islam, c’est la conscience, la psychologie et l’intelligence des musulmans. «Ce n’est pas l’Occident, ni les autres. Nous musulmanes et musulmans, nous avons un vrai problème avec l’éducation. Parce que nos systèmes d’Etat sont tous problématiques. On a un vrai problème de justice sociale dans nos cursus scolaires», affirme-t-il. Parce que les musulmans sont dans une situation psychologique de dominés, Tariq Ramdan trouve qu’ils donnent un enseignement strict sur les règles de l’Islam et non pas sur ses contenus. Il indique qu’on apprend aux jeunes comment on prie, mais pas pourquoi ils doivent prier.

«Dans les familles, on ne fait pas grand-chose pour éduquer les enfants. Si aujourd’hui, au Sénégal, il y a des Sénégalais qui ne connaissent pas assez leur religion, je suis désolé. Vous ne pouvez pas dire en âme et conscience que vous n’avez pas les moyens d’accéder aux meilleures connaissances», dit-il. Avant d’ajouter: «Passer du temps sur facebook ou sur youtube, cela, vous êtes les champions. Mais vous n’accorez pas du temps sur la vraie connaissance (…) Si on veut réformer le Sénégal, c’est aux Sénégalais de se réformer et travailler». Pour lui, il faut réformer le système éducatif, et, dit-il, cela commence par la réforme de l’éducation personnelle.

Discours de Dakar

Pour le conférencier, la première des corruptions, c’est parler dans le dos des gens. Il poursuit que si on veut réformer le Sénégal, ce sont les Sénégalais qui doivent se réformer et travailler. Dès lors, il s’agit de bien pratiquer la religion. Tariq Ramadan trouve que le début de la pratique de l’Islam, ce n’est pas mentir, c’est être serviable, être au service de la société et ne pas parler sur le dos des gens. «Le Coran ne changera jamais. Les textes du prophète de l’Islam ne changeront pas. Ce qui doit changer, c’est notre façon d’appréhender les choses, notre façon de lire et de comprendre les défis qui nous interpellent», confie-t-il. En référence aux groupes terroristes qui avaient imposé la charia au Nord Mali, l’enseignant invite à combattre toute chose qui est en opposition avec les principes et la vision de l’Islam. Pour lui, les premiers responsables de la crise au Mali, ce sont les positions très laxistes de la part d’intellectuels et de gouvernements. En Afrique, les intellectuels, les élites politiques et les citoyens doivent prendre des positions très claires sur ces situations, dit-il.

Tariq Ramadan connait l’endroit où il a tenu son discours. Le lieu est chargé d’histoire car, c’est sur cette même place que l’ancien président français, Nicolas Sarkozy avait tenu un discours qui a bouleversé l’Histoire. Tariq Ramadan n’a pas manqué de le souligner : «Au moment d’arriver ici, on m’a dit que j’avais l’honneur et le privilège d’être dans la même salle que celle dans laquelle Nicolas Sarkozy avait tenu son discours, il y a quelque temps». En réponse à ce discours, Tariq Ramdan considère ce discours comme «tout à fait maladroit, mal placé en considérant très mal toute l’histoire africaine». Professeur d’islam contemporain à l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), Ramadan indique que la vraie seule réponse à ce message de l’ancien président français, c’est celle de montrer que, non seulement les Africains sont dans l’histoire, mais qu’ils sont en train de la faire et qu’ils vont faire l’avenir. Pour l’enseignant, l’Afrique n’a pas forcément besoin de répondre à l’image que l’on se fait d’elle en Occident. Elle doit refléter une image d’elle-même. «C’est ici que les choses se jouent. Au lieu d’être des victimes d’un discours de la France, soyez des sujets de la libération africaine c’est-à-dire de la dignité et de l’avenir. Soyez beaucoup plus critique par rapport à votre histoire et à votre responsabilité», lance-t-il à un auditoire complètement acquis à sa cause.

Walfadjri

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