XALIMANEWS- Cette mise en examen avait été réclamée au printemps 2018 par le parquet de Paris, mais les juges avaient jusqu’ici suspendu leur décision sur ce cas.
Tariq Ramadan, déjà poursuivi pour viols sur quatre femmes, a été mis en examen, jeudi 22 octobre, pour des viols remontant à 2013-2014 et dénoncés par l’une de ses premières accusatrices, Mounia Rabbouj, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès des avocats de l’islamologue.
Cette mise en examen avait été réclamée au printemps 2018 par le parquet de Paris, mais les juges avaient jusqu’ici suspendu leur décision sur le cas de cette ancienne escort-girl. Son témoignage, à l’époque, avait amené Tariq Ramadan, alors détenu, à admettre pour la première fois des relations extraconjugales, selon lui « consenties ».
« Il n’y a aucun élément nouveau » dans l’enquête depuis deux ans, « c’est une mise en examen de pure forme pour pouvoir organiser prochainement la confrontation », ont commenté les avocats de la défense, Nabila Asmane, Ouadie Elhamamouchi et Philippe Ohayon. « Ce n’est pas la parole de Tariq Ramadan contre celle de cette femme, c’est cette femme contre ses propres mensonges graves et concordants », ont-ils ajouté.
Pour l’avocat de la plaignante, Eric Morain, « c’est évidemment une satisfaction » et un « tournant fort ». « Les investigations ont démontré combien la parole de ma cliente était aussi fiable que constante », a-t-il ajouté. « Le code de procédure pénale ne connaît pas les mises en examen de pure forme, seuls des indices graves et concordants, que les juges ont aujourd’hui pleinement constatés », a-t-il souligné.
Contrôle judiciaire allégé
Le témoignage de Mounia Rabbouj, connue pour avoir été protagoniste du procès pour proxénétisme dit du Carlton, aux côtés de Dominique Strauss-Kahn, a joué un rôle important dans l’affaire. Cette femme de 47 ans avait porté plainte en mars 2018 contre Tariq Ramadan, l’accusant de l’avoir violée neuf fois en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014.
Tariq Ramadan était alors emprisonné depuis sa mise en examen le 2 février 2018 pour les viols dénoncés par deux premières accusatrices.
Contraint par le récit de Mounia Rabbouj, l’islamologue avait admis, le 5 juin 2018, des relations adultères avec cette femme et d’anciennes maîtresses ayant témoigné. Il avait déposé plus de 300 vidéos et plus de 1 000 photos pour convaincre les juges qu’il s’agissait d’une relation consentie, et les magistrats ne l’avaient alors pas mis en examen.
Une troisième et une quatrième mise en examen, pour des soupçons de viols sur deux autres femmes en 2015 et 2016, ont été prononcées en février dernier contre l’islamologue.
Son contrôle judiciaire a été récemment allégé, avec un pointage deux fois par mois au commissariat et l’autorisation de déférer aux convocations de la justice suisse. Une procédure pour viol, parallèle à la procédure française, est ouverte à Genève depuis 2018.
Le Monde